Afrique: Guerre au pays - L'armée régulière boude la médiation à Genève et cherche des soutiens africains

Mercredi, une délégation de paramilitaires des Forces de soutien rapide, dirigées par Mohamed Hamdan Daglo est arrivée à Genève pour des discussions sur un cessez-le-feu au Soudan. L'armée régulière soudanaise continue de son côté à bouder ces nouvelles négociations, même si les États-Unis semblent déterminés à aller de l'avant.

Mardi 13 août 2024, à la veille du lancement de ces discussions de Genève, le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l'armée régulière, a coupé court à tout espoir de participation d'une délégation du gouvernement soudanais à ces discussions.

Intervenant à l'occasion de la 70e anniversaire des forces armées, il a réaffirmé qu'il n'y aura pas de paix au Soudan en présence, de ce qu'il qualifie de « milice rebelle » dans les villes et villages. « La voie de la paix au Soudan, a-t-il insisté, commence par l'application des résolutions de l'accord de Djeddah ».

Déplacements à Kigali et en Angola

Anticipant les discussions de Genève, il s'était déplacé dans deux pays africains à la recherche de soutien à ses positions. Il souhaite ainsi contrer l'initiative américaine, même symboliquement. Sa diplomatie compte dans les prochains jours et semaines s'activer en direction des pays africains afin de défendre la position de l'armée.

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Le général Abdel Fattah al-Burhan s'est rendu d'abord dimanche à Kigali. Il a assisté à la cérémonie d'investiture du président Paul Kagame. Profitant de l'occasion, où plusieurs dizaines de chefs d'États et de dignitaires africains étaient rassemblés, il a défendu ses positions auprès des acteurs africains.

Il a ainsi rencontré le président Kagame et le ministre égyptien des Affaires étrangères, entre autres responsables. Le président rwandais qui s'est engagé depuis le début de la crise aux côtés d'une solution africaine, a défendu un Soudan « stable et en sécurité ».

Lundi, le général al-Burhan s'est également déplacé en Angola. Il a été reçu par le président João Lourenço, qui avait encouragé au tout début de la guerre l'initiative du Soudan du Sud. Le général Yasser Atta, le numéro 2 de l'armée, a évoqué une « guerre diplomatique » contre le Soudan, et l'armée compte désormais s'appuyer davantage sur des pays africains.

L'Union africaine pourrait être un soutien à l'unité et à la stabilité du Soudan face à ces attaques. Pour l'armée, le médiateur américain, n'est plus impartial. Elle cherche une médiation loin des influences des pays de la région comme les Émirats arabes unis.

L'armée craint d'être « piégée diplomatiquement »

Le gouvernement soudanais a rejeté la présence d'Abou Dhabi à Genève notamment, après que Washington a insisté sur sa participation, alors même que l'armée accuse régulièrement Abou Dhabi de soutenir les FSR.

Ce mercredi 14 août, les États-Unis ont appelé à nouveau l'armée soudanaise à rejoindre les discussions qui ont débuté le jour-même en Suisse sous leur égide. « Nous avons souligné qu'il était de la responsabilité (de l'armée) d'être présente et nous continuerons à le faire », a indiqué un porte-parole du département d'État, Vedant Patel, à des journalistes.

Selon plusieurs observateurs, l'armée ne s'est pas rendu à Genève pour éviter d'être « piégée diplomatiquement ». Elle s'est rendu compte que ces discussions ne visaient pas à imposer un cessez-le-feu, mais à imposer une solution dictée par les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite. Le but est de s'assurer que l'armée ne prendra pas une direction différente de celle qui lui a été dessinée après la chute du président Omar el-Béchir.

Les proches de l'armée considèrent qu'en l'absence d'une délégation représentant le gouvernement à Genève. Il ne s'agit que d'un « monologue ».

Pour mettre fin à cette guerre, ils doivent s'asseoir à la même table. Que les Forces armées soudanaises (FAS) mettent des conditions, ce n'est pas possible à l'heure actuelle. Les belligérants doivent d'abord s'accorder sur un cessez-le-feu, prendre la bonne décision pour le peuple soudanais. Le général al-Burhan doit comprendre que c'est la solution, qu'il doit participer aux pourparlers à Genève pour sauver notre pays. Nous avons perdu nos amants, nous avons perdu nos amis, c'est déjà trop pour nous, les Soudanais.

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