La levée des boucliers des journalistes et les patrons des entreprises de presse contre les mesures prises par les nouvelles autorités, principalement la Journée sans presse observée hier, mardi 13 août 2024, suscite des réactions.
Des universitaires, religieux et hommes politiques sont nuancés. Toutefois, ils appellent les protagonistes à s'asseoir autour d'une même table, afin de trouver un consensus.
Le Pr Séni Tamba, enseignant titulaire de l'École Supérieure Polytechnique (ESP), École Nationale Supérieure d'Agriculture de Thiès (ENSA), par ailleurs membre du Syndicat Autonome des Enseignants du Supérieur (SAES) soutient que le problème, c'est que le peuple sénégalais ne perçoit pas l'enjeu et le rôle de la presse. «En fait, la liberté de la presse est un pilier essentiel pour la santé d'une société démocratique et pour la garantie des droits et les libertés des individus. Ce qui est dommage au Sénégal, c'est que le peuple ne perçoit pas les enjeux et surtout le rôle de la presse dans les alternances au Sénégal. Dommage !», déclare le Professeur Tamba.
Par contre, le Secrétaire exécutif du Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CNSA) et président national du parti Mouvement pour le Parti de la Construction (MPC), Ali Mohamed Camara, fait savoir qu'à travers cette Journée sans presse, les professionnels et patrons des médias ont porté atteinte à la liberté d'information du citoyen. «Sache que je ne crois pas à une atteinte de la liberté d'expression ou de presse parce que l'État a exercé son droit à la perception de l'impôt sur le revenu.
Au contraire, ce sont les propriétaires d'organes de presse, et les travailleurs en complicité flagrante, qui ont porté un coup dangereux à la liberté, à l'information et à l'expression, aux citoyens, en se comportant comme des hors-la-loi, en prônant l'incivisme, par le refus de payer l'impôt qu'ils doivent à l'État. «Dura lex sed lex» (cela veut dire "dure est la loi, mais c'est la loi"). Une journée sans presse est un moyen de pression inutile, inefficace et même dangereux pour la presse. Elle se solde par une perte de ressources, de temps et d'énergie».
Pis, déclare-t-il, «se cacher derrière l'argument de la faillite lorsqu'on paye ses impôts est un aveu d'incivisme et de crime financier puni par la loi». Selon lui, «mieux vaut négocier une remise et un rééchelonnement de l'impôt que de se donner en spectacle inutilement, parce que cette méthode n'affectera nullement l'État, encore moins le citoyen».
Pour sa part, l'Administrateur de la Paroisse Jésus Enfant de Prague de Tivaouane Peulh, Abbé Omer Seck, exhorte les parties à prendre langue. «Je sais que la presse joue un rôle important. Dans un pays, confrontées à un problème, les parties doivent s'asseoir et trouver une solution où personne ne perd». S'agissant de la grève, «c'est peut-être un mal nécessaire», a conclu l'Administrateur, Abbé Omer Seck.