La France a célébré hier 15 août en Provence, sa région sud-est, le débarquement de 1944. Cette offensive avait grandement contribué à libérer le pays du joug de l'armée allemande et permis aux Alliés de gagner la guerre.
Hélas, cette journée commémorative a été quelque peu perturbée par les conditions météo, qui ont contraint les organisateurs à annuler les festivités prévues sur les plages du Mourillon.
Pourtant, ce débarquement est l'un des événements les plus importants de l'histoire de la France et de la Seconde Guerre mondiale. En effet, Il y a 80 ans, sous les noms de code "Anvil" puis "Dragoon", cette opération militaire d'envergure lancée par les troupes alliées, notamment françaises et britanniques le 15 août 1944, dans la région toulousaine avait mobilisé pas moins de 350 mille hommes. Parmi eux, environ 50% d'origine africaine, soit 35% de tirailleurs sénégalais et 15% venus du Maghreb.
On comprend alors qu'à l'occasion de cette commémoration historique, Emmanuel Macron, accompagné d'une délégation africaine, a assisté à "l'évocation historique" organisée par des associations sur la plage du Lido au Mourillon. L'Algérie, la Tunisie, le Maroc et la Mauritanie étaient parmi les pays invités, dont le président Paul Biya. Le clou de cette commémoration aura été le discours du président Macron, suivi de la remise de la médaille de la Légion d'honneur à six anciens combattants et des honneurs militaires sur une frégate de la marine française.
Mais au vu des conditions météorologiques défavorables liées à des risques importants d'orage sur la région toulonnaise, le cérémonial sur la plage du Lido au Mourillon a été annulé. Pourtant, un porte-hélicoptères amphibie avait été affrété pour donner davantage de relief à cette commémoration.
A la suite de la commémoration du "D day" ou débarquement de Normandie le 6 juin dernier, la France avait grand besoin de cet autre rappel historique pour dire à ses citoyens qu'il lui a fallu une armada de secouristes venus de l'étranger, en particulier de l'Afrique noire et de celle maghrébine, pour la libérer du joug nazi.
De fait, au sortir de 2 élections législatives, les européennes et les nationales anticipées, qui ont vu l'Extrême droite, par le biais du "Rassemblement national", s'affirmer comme le 1er parti politique de l'Hexagone, célébrer la mémoire des tirailleurs sénégalais et le sacrifice de leurs compagnons d'armes maghrébins, c'est rappeler que la France devrait être fière de sa diversité. Car le Coq gaulois, depuis fort longtemps, a le plumage blanc, black et beur, et honni qui mal y pense !
Il faudrait avoir la mémoire particulièrement courte ou être dans la négation de l'histoire de la France et de l'humanité pour mordre à l'hameçon des prestidigitateurs politiques qui, dans l'Hexagone et partout ailleurs, pêchent dans les eaux nauséabondes du racisme, notamment anti-africain.
Par contre, on peut comprendre les réprobations de beaucoup d'Africains qui condamnent la politique africaine de la France. Sur bien des points, cette dernière est ingrate, inéquitable, voire inique, vis-à-vis de nos pays et de nos émigrés. La nouvelle jeunesse du panafricanisme et la forte revendication d'une émancipation véritable de l'Afrique se nourrit et grandira contre ce refus ou cette incapacité des pays du Nord à réinventer des relations de coopération internationale plus justes avec ceux du Sud.
Pourvu que cette commémoration du débarquement de Provence aide la France et ses alliés d'hier à joindre les actes aux symboles pour un monde plus juste !