Six magistrats burkinabè sont actuellement retenus selon leurs proches par les autorités militaires. Il y a quelques jours, ils avaient reçu un ordre de réquisition pour servir au front dans la lutte contre les groupes armés, pour une période renouvelable de trois mois. Ils avaient pour obligation de se présenter cette semaine au bureau de garnison de la gendarmerie de Ouagadougou. Ils sont retenus en dehors de tout cadre juridique.
Une ordonnance du tribunal administratif de Bobo-Dioulasso mentionne noir sur blanc que ces ordres de réquisition sont illégaux et portent atteinte aux libertés fondamentales des personnes concernées.
Le tribunal exige donc la levée de ces ordres, perçus par beaucoup comme une punition déguisée. On leur reproche d'avoir pris des décisions contre des proches du pouvoir au Burkina Faso, ce qui aurait déplu aux autorités.
Après s'être attaqué aux journalistes, aux politiques et aux acteurs de la société civile, c'est donc désormais au tour du corps judiciaire de faire les frais de ses décisions.
En effet, depuis l'arrivée au pouvoir d'Ibrahim Traoré, les magistrats se sont opposés à plusieurs reprises aux dérives autoritaires du régime.
Et puis, le mois dernier, le chef du régime militaire a été clair lors de son discours de politique générale. Il a affirmé son intention de mettre au pas la justice, sous prétexte de lutte contre la corruption.
Résultat : les six magistrats sont retenus de force par les autorités militaires au bureau de garnison de la gendarmerie de Ouagadougou, en dehors de tout cadre juridique.