Madagascar: Désinvolt

Parler pour ne rien dire. À force de ressasser ce qu'on gave aux usagers à longueur d'année, Ron Weiss, le directeur général de la Jirama, s'est emmêlé les pinceaux au point d'avancer des désinformations. Dire que l'insuffisance du débit aux barrages d'Andekaleka et de Farahantsana constitue la cause de délestage tournant dans tout Madagascar est juste une affabulation.

Pour la simple et bonne raison que ces deux barrages ne desservent que le Réseau interconnecté d'Antananarivo. Comment expliquer donc le black-out à Mahajanga, Antsiranana, Toliara...?

On attendait des propositions de solution, on a eu droit à des plaidoiries peu convaincantes. Si Andekaleka et Farahantsana tournent à 20% de leur capacité, il y a bien les centrales thermiques liées par un contrat immuable avec la Jirama pour dépanner en cas de défaillance. En février 2019, le gouvernement voulait revoir le contrat des fournisseurs de la Jirama en l'occurrence Jovena, Aksaf Power, Symbion Power, Enelec. Le Premier ministre Christian Ntsay s'est déplacé à Ambohimanambola pour faire l'état des lieux.

Il s'était insurgé sur les clauses léonines en défaveur de la Jirama dans les contrats. La Jirama devait payer 45 milliards d'ariary par mois à ses fournisseurs sans contrepartie de production. Il fallait payer la puissance déclarée et non la puissance fournie très en deçà de la demande d'où le délestage.

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Les choses ont-elles changé depuis ? On ne le sait.

L'État semble avoir abandonné le bras de fer avec les fournisseurs après plusieurs négociations.

Résultats des courses, les arriérés de paiement de la Jirama se sont accumulés au fil des années. Le passif à l'année atteint la somme astronomique de 1 000 milliards ariary. Autrement dit, la dernière subvention de 1 032 milliards octroyée par l'État aurait été entièrement absorbée par le règlement des dettes. La spirale des problèmes financiers reprend donc de plus belle.

Le fond du problème est donc fondamentalement financier. Les pannes et les réparations à n'en plus finir, le retard de livraison de fuel lourd, les histoires fallacieuses d'étiage ne sont que des diversions pour chloroformer l'opinion. Il ne faut pas tirer sur la corde de manière abusive. « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ». Il faut bien méditer sur cette citation d'Abraham Lincoln dans la situation actuelle.

À quoi bon annoncer en grande pompe une intervention télévisée si c'était pour balancer un pétard mouillé ? Le mieux, c'est de jouer à fond la transparence et non pas promettre de manière désin... volte qu'il suffira d'une pluie artificielle pour résoudre les problèmes alors qu'une saison de pluie abondante et longue que d'habitude a causé un... geneaucide.

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