Depuis plus d'un mois, le parti présidentiel est secoué par une crise de leadership. Dimanche dernier, lors de sa session extraordinaire, la Convention démocratique du parti (CDP) a pris la lourde responsabilité de démettre Augustin Kabuya de son poste de secrétaire général et président intérimaire de l'UDPS. Elle a, à l'issue de ces assises de Sainte Anne, désigné l'adjoint de Kabuya, en la personne Déo Bizibu Balola, pour lui succéder.
C'était sans compter avec la réplique de Kabuya. Secrétaire général et président a.i lui reconnus par le Congrès, aucun acte officiel vient, jusqu'à preuve du contraire, remettre en cause ses qualités. Fort de ces atouts légaux, il a mis en place, à son tour, une Commission d'identification chargée d'établir la liste de tous les délégués du parti dans les institutions de la République.
C'est l'occasion de parler de "foire de Sainte Anne" pour qualifier la rencontre organisée par les frondeurs qui, selon lui, n'avait même pas atteint le quorum. Curieusement, la prestigieuse CDP, censée réunir l'éminence grise de l'UDPS, semble réduite à sa plus simple expression avec cette crise entre les deux factions.
L'UDPS, après plus de 35 ans de lutte, ne tarit pas de qualificatifs pour tourner en dérision un adversaire. Les gros sont sortis de tous les deux camps. Augustin Kabuya qui ne s'avoue pas pour autant vaincu, estime que cette déchéance n'est ni statutaire, moins encore légale.
Cette vitalité du parti présidentiel déstabilise. Les différentes structures de la base naviguent désormais à vue, ignorant la direction à prendre. Chacun se trouve tiraillé par les deux tendances opposées. Ceux qui se considéraient comme alliés, sous peu, dans la conquête du pouvoir, ne s'entendent plus, au contraire, ils se haïssent. Malheureusement, l'UDPS comme parti au pouvoir risque de ne pas survivre à ces soubresauts pour ne rester qu'un parti des institutions déconnecté de la base.
Le triste sort du MPR de Feu Maréchal auquel a succédé le PPRD, n'est pas loin d'emballer l'UDPS qui s'était déjà engagée dans la spirale de l'atomisation bien avant la crise actuelle. Le MPR-parti Etat, n'a pas survécu après la mort de son géniteur. Pendant le règne de Mobutu, on a cru que son parti résisterait aux intempéries politiques. Il a suffi que le Maréchal perde le pouvoir pour vivre la déliquescence de ce parti-Etat. Puis survirent, l'AFDL et le PPRD qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.
Après de 35 ans de lutte, il est difficile d'admettre que ce parti qui a cristallisé toutes les passions et tous les espoirs puissent subir cette descente aux enfers à l'instar des autres partis l'ayant précédé à la magistrature suprême.