La liberté de presse au Cameroun est mise à rude épreuve suite à une série de décisions controversées du Conseil National de la Communication (CNC) à l'encontre d'Equinoxe TV. Cette situation met en lumière les dérives d'une institution censée réguler les médias, mais qui semble plutôt les museler.
Le 8 août 2024, lors de sa 43ème session ordinaire, le CNC a statué sur une affaire opposant Equinoxe TV, son directeur de publication Duval Fangwa, et le ministre de l'Administration territoriale Paul Atanga Nji. Les sanctions prononcées incluent un avertissement au directeur de publication, une suspension d'un mois de l'émission "Droit de Réponse", et une suspension d'un mois du journaliste Duval Fangwa pour "fautes professionnelles répétitives".
Cependant, la procédure soulève de nombreuses questions. Une semaine après la décision, Equinoxe TV n'a toujours pas reçu de notification officielle, empêchant ainsi l'entrée en vigueur de la décision et privant la chaîne de son droit de recours. Cette absence de notification suggère un acharnement et une volonté délibérée d'entraver les activités de la chaîne.
Face à cette situation, Equinoxe TV a lancé une nouvelle émission, "237 Débat", pour contourner la suspension de "Droit de Réponse". La réaction du CNC a été immédiate et disproportionnée. Par un simple communiqué, l'institution a ordonné l'arrêt de cette nouvelle émission, outrepassant ses prérogatives et bafouant les procédures légales.
Cette dérive autoritaire du CNC, sous la direction de Joseph CHEBONKENG KALABUBSU, inquiète profondément les professionnels des médias. Certains vont jusqu'à regretter l'époque de son prédécesseur, Peter Essoka, pourtant déjà critiqué pour sa sévérité.
L'affaire Equinoxe TV illustre une instrumentalisation flagrante des institutions par un groupe restreint au sommet de l'État, poursuivant un agenda obscur. Le CNC, censé être un régulateur impartial, se transforme en bourreau des médias, menaçant directement la liberté d'expression et le pluralisme médiatique.
Cette situation pose des questions fondamentales sur l'état de la démocratie au Cameroun. Comment une émission peut-elle être interdite sur la base d'un simple communiqué, sans décision collégiale du Conseil ? Cette pratique ouvre la porte à des abus de pouvoir où le président du CNC ou son secrétaire général pourraient, de manière unilatérale, suspendre des émissions ou menacer des journalistes.
Il est crucial que la communauté internationale et les défenseurs de la liberté de presse se mobilisent pour dénoncer ces pratiques. Le gouvernement camerounais doit être rappelé à l'ordre concernant ses engagements en matière de liberté d'expression et de respect de l'État de droit.
La pression sur Equinoxe TV n'est pas un cas isolé, mais le symptôme d'une tendance inquiétante visant à museler les voix critiques dans le pays. Il est temps pour les autorités camerounaises de revoir leur approche de la régulation des médias et de garantir un environnement où le journalisme peut s'exercer librement, sans crainte de représailles arbitraires.