Ile Maurice: Mathieu Coulange - «La plongée est bonne pour la santé»

La plongée sous-marine est agréable à ceux qui veulent découvrir et admirer les fonds marins. Certes, pour que la sécurité des plongeurs soit assurée, certaines conditions doivent être suivies. Toutefois, une fois que ces dernières sont respectées, la plongée sous-marine peut aussi se révéler bénéfique pour la santé de ceux qui la pratiquent. C'est ce qu'a expliqué le Français Mathieu Coulange, médecin hyperbare, lors d'une conférence médicale donnée le 9 août à l'Amphithéâtre de Vivéa Business Park, Moka.

C'est la Mauritian Scuba Diving Association (MSDA) qui a donné l'opportunité à plusieurs responsables et moniteurs de centres de plongée à Maurice ainsi qu'à des médecins hyperbare d'assister à la conférence-débat animée par Mathieu Coulange. Ce dernier a abordé deux thématiques : tout d'abord la nécessité de respecter certaines conditions lorsque l'on fait de la plongée sous-marine, puis les bienfaits pour la santé de cette activité.

Mathieu Coulange est chef de service en médecine hyperbare subaquatique et maritime du Centre hospitalier Universitaire (CHU) Ste-Marguerite à Marseille, France. Cela fait 25 ans qu'il est dans le domaine de l'hyperbarie (la médecine hyperbare a recours à l'utilisation médicale de l'oxygène à une pression supérieure à la pression atmosphérique. L'équipement nécessaire consiste en une chambre de pression, avec des parois rigides ou flexibles et un moyen de distribution d'oxygène à 100%). «Il faut savoir que la médecine hyperbare traite les accidents de plongée. L'oxygène sous pression traite des infections graves, le diabète ou des lésions liées à la radiothérapie. Cela traite des problèmes de cicatrisation. C'est un métier très complet que je fais depuis une vingtaine d'années», dit-il.

Dans le premier volet de la conférence, Mathieu Coulange a préféré partager son expérience comme médecin hyperbare avec l'assistance. «Je traite des accidents de plongée (comme des oedèmes pulmonaires, des difficultés à marcher ou uriner après avoir fait de la plongée sous-marine). A Marseille, on a 100 à 120 accidents chaque année. Depuis quelques années, je me suis intéressé à cette problématique-là et j'ai trouvé intéressant de passer d'île en île pour essayer de comprendre pourquoi dans certains endroits comme Maurice il y avait très peu d'accidents et pourquoi chez nous il y en a plus. Ce soir, c'est plutôt un partage d'expérience avec les gens que de venir leur dire ce qu'il faut faire, car finalement, à Maurice, on se rend compte que les choses sont bien faites et qu'il y a très peu d'accidents tous les jours. C'est bien de voir qu'il y a beau¬coup de médecins formés sur votre île. C'est la première des sécurités. La seconde sécurité vient des clubs. J'ai vu que les conditions sont bien respectées dans les clubs. L'encadrement et le matériel qu'ils possèdent sont de très haut niveau. C'est probablement ce qui explique qu'il y ait peu d'accidents de plongée à Mauricie.» Le médecin a aussi abordé la thématique liée aux bienfaits de la plongée pour la santé.

Après plusieurs conférences sur les accidents subaquatiques, Mathieu Coulange a reçu des critiques de moniteurs de plongée. Ils lui reprochaient de trop mettre l'accent sur les accidents et de ne pas suffisamment parler des bienfaits de cette activité. C'est la raison pour laquelle il le fait depuis un moment, comme à l'amphithéâtre de Vivéa Business Park à Moka. «Je parlerai plutôt des effets sur la santé mentale. J'ai commencé à m'intéresser à différentes pathologies et au stress post-traumatique. En France on a eu des attentats très importants. Il y a eu beaucoup de gens qui ont subi des stress post-traumatiques à qui on a proposé plusieurs activités. Aux Antilles on a pris 40 personnes qui souffraient de stress post-traumatiques. Il y avait la plongée sub-aquatique pour 20 personnes et il y avait 20 personnes qui faisaient de la découverte, de la rando, du kayak, de l'escalade. Les résultats ont été spectaculaires après plusieurs mois. On a mesuré cela avec des questionnaires. On a aussi des indicateurs pour la fréquence cardiaque, la qualité du sommeil. On a même publié une étude, dans une revue scientifique médicale, pour montrer que la plongée avait un effet sur le stress post-traumatique», précise Mathieu Coulange.

Ont eu également droit à ce traitement les blessés psychiques de l'armée de terre, puis à ceux passés à la résilience post-cancer. «Intérieurement, ils sont détruits, malgré les apparences. Ces gens-là, on les réhabilite avec la plongée sous-marine. Enfin, on fait aussi des études sur l'épuisement professionnel. A ceux qui en souffrent, on leur propose aussi de faire de la plongée», ajoute-t-il. Selon le Français, cette approche se fait avec un suivi physiologique et n'est nullement « une simple impression ». L'usage de marqueurs de sommeil, de marqueurs cardiaques et psychologiques est fait avant d'en montrer les bienfaits, maintient le médecin hyperbare.

Mathieu Coulange expliquant les étapes à suivre pour soigner les victimes d'accidents de plongée.

Très peu d'accidents à Maurice

Selon Pascal Ava, président de la MSDA, les centres de plongée à Maurice ne sont pas confrontés à ce genre d'accidents. « Il n'y a pas de risques zéro. Cela peut arriver, mais c'est très rare. Nous n'avons pas de cas de gens subissant d'œdèmes pulmonaires mais plutôt des petits accidents de décompression, de saturation. On peut se sentir fatigué après la plongée, ou avoir du mal à marcher ou uriner. Mais même dans ce cas-là, cela arrive deux ou trois cas par année », dit-il. Tous ceux qui sont affiliés à la MSDA ont tous cette formation.

Les gens sont bien encadrés. «Pour notre protocole à nous, nous avons un règlement intérieur qui doit être respecté. La MSDA s'assure que les moniteurs aient une formation quant à la manière de secourir ceux tou- chés par les accidents de plongée. Nous avons aussi les équipements : le BAVU (Ballon autoremplisseur à valves unidirectionnelles ou insufflateur manuel et l'oxygène pour respirer. Tous les centres de plongée sont équipés pour cela. Avant de plonger, il y a une fiche de décharge que les intéressés doivent remplir. En effet, il faut que ceux présentant des soucis de santé aient la permission d'un médecin hyperbare pour plonger. Il y a une dizaine de médecins hyperbares à Maurice. A l'hôpital et dans le privé», affirme-t-il.

Photo de famille réunissant les membres du comité directeur de la MSDA et Mathieu Coulange (c.).

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