Madagascar: Candidature de Ravalomanana aux communales - Un combat d'arrière-garde ?

Le leader du TIM, Marc Ravalomanana, a annoncé hier sa candidature aux élections communales à Antananarivo. Quelles sont ses véritables ambitions ?

Un combat d'arrière-garde ? Ce qui n'était qu'une rumeur ces derniers jours est devenu réalité. L'ancien Président et ancien maire d'Antananarivo, Marc Ravalomanana, a annoncé hier sa candidature aux élections communales du 11 décembre à Antananarivo via une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, où il apparaît avec son épouse. Il déclare vouloir « consacrer le restant de son existence à sauver le pays ».

Ainsi, après deux échecs aux élections présidentielles de 2018 et 2023, il se lance à nouveau à la conquête de la capitale. Cette décision semble motivée par les résultats de son parti TIM aux dernières législatives. Ravalomanana a donc choisi de participer à des élections organisées par des entités qu'il avait critiquées lors de la présidentielle, ce qui pourrait rendre sa candidature incohérente. Si, pour la présidentielle, il s'était désisté par crainte de fraudes électorales, finalement fictives, pourquoi cherche-t-il à reconquérir une fonction moins importante, et à un moment où son parti a perdu de son influence au fil des ans ? La plupart de ses partisans de la première heure l'ont quitté, ne laissant qu'un petit noyau de durs.

Marc Ravalomanana envisage-t-il de reconquérir Antananarivo pour ensuite viser la présidence en 2028 et prendre sa revanche sur Andry Rajoelina, son rival de 2009 ? Cette stratégie semble être une répétition de 2002, où, après avoir été maire de la capitale, Ravalomanana s'était présenté à la présidentielle et avait remporté une victoire controversée après huit mois de crise intense.

Autres objectifs

Revenir à la mairie d'Antananarivo lui faciliterait l'organisation de meetings et l'accès à la place du 13 mai pour d'éventuelles manifestations populaires. Cependant, les choses se sont compliquées depuis. La fin de son deuxième mandat présidentiel a été marquée par des scandales et des abus qui ont conduit à son éviction du pouvoir durant la crise de 2009. De retour au pays en 2014 après quatre ans d'exil en Afrique du Sud, Ravalomanana a soutenu son épouse Lalao dans la course à la mairie d'Antananarivo, qu'elle a remportée haut la main en 2015. L'ancien Président s'est alors attribué le titre de conseiller de son épouse.

Les Tananariviens espéraient un développement de la capitale, mais ont été profondément déçus. Le mandat de Lalao Ravalomanana a été marqué par divers scandales, notamment la vente du patrimoine de la CUA, la vente des trottoirs de la capitale, ainsi que par le règne de l'anarchie et du désordre général dans la ville.

Le développement de la capitale ne semble plus être l'objectif du couple Ravalomanana. Ils ne disposent plus des moyens financiers pour entreprendre des constructions d'infrastructures, entretenir les routes, ramasser les ordures, ou nettoyer les rues... qu'il se faisait rembourser à travers le fameux 3P entre 2002 et 2008. Ces initiatives avaient autrefois fait la popularité de Ravalomanana, mais cette époque est définitivement révolue.

Sa candidature aux élections communales semble motivée par d'autres objectifs que celui de redorer le blason de la capitale. Il est d'autant plus difficile d'envisager un succès, sachant qu'il envisage de se poser en chef de l'opposition hors du Parlement. La collaboration avec l'État central pourrait ainsi s'avérer difficile, voire impossible. Ravalomanana mettra toujours en avant ses différends avec Rajoelina, dans l'espoir de gagner la partie cette fois-ci. Son élection pourrait donc être synonyme d'instabilité, voire de déstabilisation. Un sujet à méditer avant d'aller aux urnes.

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