Demain, quatre Mauriciens de foi catholique, très engagés dans leurs paroisses, seront ordonnés diacres permanents par Mgr Jean-Michaël Durhône, évêque de Port-Louis. Être diacre permanent, c'est gérer un ministère différent de celui exercé par un prêtre, même si certaines fonctions leur sont communes. Une des différences majeures entre eux est que le diacre permanent peut être marié alors que le prêtre non. Deux des hommes mariés, qui seront ordonnés demain, à savoir Alain Rougeot et Désiré Adjoodah, ont bien voulu parler de leur engagement.
Hormis le fait d'avoir été identifié et désigné par le curé de leurs paroisses respectives pour être diacre permanent, ce qu'Alain Rougeot, 52 ans et éducateur à l'Association des parents d'enfants inadaptés de l'île Maurice (APEIM), et Désiré Adjoodah, 54 ans et fraîchement retraité de la Mauritius Commercial Bank où il occupait jusque-là le poste de coordonnateur de la Trade Finance Operations Business Unit, ont d'abord en commun est qu'ils sont nés et ont grandi dans une famille catholique pratiquante - ce qui a jeté les bases de leur foi. Ensuite, ils se sont continuellement engagés dans les activités paroissiales jusqu'à y occuper d'importantes responsabilités, le premier nommé faisant, avec son épouse Pamela, de l'accompagnement des parents dont les enfants doivent être baptisés, au sein de la paroisse St-Michel à Grand-Gaube, et le second assurant la formation, avec son épouse Marie-Christine, des futurs animateurs du programme Youth Encounter Spirit (YES). Mais ne brûlons pas les étapes.
Commençons par Alain Rougeot, qui est originaire de Résidence Borstal, à Grande-Rivière. Sa mère était couturière et son père soudeur. Il a un frère de quatre ans son cadet. La famille Rougeot va à la messe chaque semaine et la prière fait partie de son quotidien. Très tôt, Alain Rougeot se sent porté vers les autres. Grandir dans un milieu ouvrier a été pour lui «une expérience de vie dans la modestie et dans la simplicité. En même temps, nous étions solidaires avec les plus pauvres de notre entourage».
Il fréquente le collège Trinity et est très doué pour l'athlétisme, en particulier pour le 110 m haies et le 400 m haies dont il est, à l'époque, le champion de Maurice cadet et junior. En parallèle, il s'engage auprès d'un groupe de jeunes à Terre de paix. Lorsqu'il termine sa scolarité secondaire, il prend de l'emploi comme dessinateur d'emballages chez Pack Plastic, puis comme graphiste chez Fusion.
Il ne rate pas sa messe du dimanche où il agit comme enfant de choeur. Il s'engage aussi comme bénévole auprès de l'Abri de nuit et auprès des Mam san baz, soit pour les sans domicile fixe, que le père Henri Souchon accueille chaque dimanche après la messe au centre social Marie-Reine-de-la-Paix. Il est aussi dans une équipe de jeunes nommée Alive au sein de la paroisse de La Tour-Koenig. Il fait également de l'alphabétisation avec des jeunes. C'est dans l'environnement de l'Abri de nuit qu'il ressent ce que les chrétiens nomment l'appel et que, dans une chaîne de relecture et avec un accompagnement spirituel, il définit comme «être tellement comblé par l'amour de Dieu que je ne voulais pas vivre ce bonheur avec une seule personne dans le mariage mais le partager avec le plus grand nombre, et en particulier avec les plus démunis. Et j'avais le sentiment que Dieu m'invitait à vivre la vocation de prêtre pour le faire».
Il décide alors d'entrer au séminaire et de suivre la formation pour devenir prêtre diocésain. Alain Rougeot passe un an à La Réunion, deux ans à Maurice au Thabor et un an à Nantes. «J'étais heureux et serein.» Sauf qu'au bout de ces quatre ans d'études, le responsable de la congrégation lui assène une vérité qui l'oblige à revoir ses objectifs. «Il m'a dit qu'avec mon profil, je n'étais pas fait pour être prêtre diocésain et qu'il valait mieux que je m'oriente vers une congrégation s'occupant des plus pauvres comme les Petits frères de Jésus, les Franciscains ou les Spiritains.»
Désarroi total
Alain Rougeot fait alors des propositions auprès de ce type de congrégation et est accepté par les frères de St-Gabriel au Foyer père Laval où il passe trois ans à encadrer les orphelins. Le décès de sa mère le plonge dans un désarroi total. Et au fil des mois, il finit par se rendre compte que sa démarche de recherche en vue d'être prêtre s'est dissipée, à son grand regret. «J'étais attristé de le constater.» Mais il continue à nourrir sa vie spirituelle par des messes et à s'engager dans les activités de sa paroisse à Pointe-aux-Sables.
Professionnellement, il intègre l'APEIM comme éducateur. Et pour étoffer ses connaissances dans ce domaine, il entame, en parallèle, des études à l'université de Maurice pour obtenir un certificat et une licence en travail social. C'est au Mauritius Institute of Education que sa route croise celle de Pamela, qui étudie en vue de devenir institutrice. Ils se trouvent quantité d'atomes crochus. Par exemple, Pamela est, comme lui, issue d'une famille très pieuse. Elle est aussi très active dans la paroisse de St-Michel, fait partie de la chorale et anime des cours d'alphabétisation. Ils sortent ensemble et comme leur sentiment s'approfondit, ils décident de se marier après avoir obtenu leurs diplômes. C'est le cas le 27 août 2010. Ils vont habiter Grand-Gaube chez les parents de Pamela. Au bout de trois ans, grâce à leurs économies, ils sont à même de faire construire leur maison à l'étage de cette maison parentale.
Appelé à dire s'il regrette de n'avoir pas été au bout de la vocation de prêtre, Alain Rougeot déclare qu'il n'a pas de regret. «Être entouré de personnes en situation de handicap au travail et de jeunes dans la paroisse fait que je me sens comblé. Je suis toujours fidèle à la messe et au service des activités paroissiales en compagnie de Pamela. De ce fait, je ne ressens aucun vide. Nous vivons pleinement notre vocation de baptisés.» Pamela ajoute que partager la vie d'Alain lui a permis de s'engager doublement dans l'église.
C'est en 2018-2019 que le père Jacques Harel convoque le couple à la cure en leur disant qu'il a besoin de leur parler. Alain et Pamela Rougeot sont quelque peu appréhensifs mais sont soulagés lorsque le prêtre leur parle d'une bonne nouvelle. Et leur apprend que l'évêque a demandé aux curés d'identifier des candidats à l'ordination diaconale. Le père Harel veut savoir si Alain Rougeot serait partant pour assumer le rôle de diacre permanent. Un temps de réflexion de deux à trois mois lui est accordé.
Agréablement surpris par cette proposition, Alain Rougeot voit dans cette demande l'occasion d'être un témoin du Christ là où il se trouve, que ce soit en famille, sur son lieu de travail ou auprès de toutes les personnes avec qui il interface. Pamela est, elle, taraudée par une question : pourquoi le choix du père Harel s'est-il porté sur son mari ? «Je ne m'attendais pas à cette demande», déclare cette jeune femme franche et directe. «C'est sûr que je crois Alain complètement capable d'assumer les tâches d'un diacre permanent. Mais je crois que j'avais peur, peur qu'après qu'il ait raté la première étape de la prêtrise qu'il ne rate cette étape-là aussi.»
Après discussion, le couple accepte la proposition et depuis 2020, Alain et Pamela Rougeot suivent un encadrement de discernement, chaque mercredi entre 18 et 21 heures, animé par les membres de la commission déléguée par l'évêque à cet effet, et qui comprend un prêtre, un couple composé d'un diacre permanent et un couple de laïcs. Lors de ces sessions, ils sont familiarisés à la théologie et à la liturgie mais aussi à des questions pratiques de la vie. «Ces sessions nous donnent des outils qui nous permettent d'avoir un meilleur discernement. Je me suis enrichie intellectuellement et personnellement», confie Pamela. Pour Alain, cet accompagnement a renforcé sa vocation de diacre et du fait que ce cheminement se fasse en couple, cela a resserré davantage les liens qui l'unissent à Pamela. «Notre complicité est encore plus grande. La vocation du mariage est assurément renforcée.»
À part la consécration, la confession et la confirmation, le diacre permanent peut accomplir toutes les fonctions du prêtre. «Nous ne sommes pas le bras droit du prêtre. Il faut nous voir comme une aide pour que le prêtre puisse se décharger de certaines de ses responsabilités sur nous», affirme le futur diacre permanent, qui considère son rôle comme un don de Dieu. «Être serviteur à l'image du Christ, c'est me dépouiller de mon ego pour que mes vis-à-vis voient en moi la face du Christ à leur service.» Pamela, elle, entrevoit le rôle de son mari comme une bénédiction et une action pour la bonne cause.
Alain Rougeot confie qu'à l'APEIM, ses collègues avaient peur de le perdre en raison de ses nouvelles responsabilités. «Ce ne sera pas le cas. Je vais exercer mon ministère dans ma paroisse, à l'intérieur de mon couple et dans mon métier.» Il a beau parler de sa paroisse mais ce n'est qu'après leur ordination que les quatre diacres permanents sauront à quelle(s) paroisse(s) ils seront affectés. Ce qui est certain, c'est qu'au fil des mois, ils seront très sollicités. Est-ce qu'au final ces responsabilités ne seront pas au détriment de sa vie de couple ? «Cela nous a clairement été dit que la vocation de mariage passe avant celle de diacre. Nous allons planifier les choses pour éviter qu'il n'y ait de glissement...»
Être le serviteur du Christ
Désiré Adjoodah, 54 ans, est issu d'un couple mixte. Sa maman, qui est encore en vie, est originaire de Bois-des- Amourettes, et son papa, qui est issu d'une famille traditionnelle hindoue, vient de Mahébourg. Lorsque ses parents ont décidé de vivre ensemble, ils se sont installés à Rose-Belle avant de migrer vers Curepipe. Désiré Adjoodah n'a pas connu ses grands-parents paternels. «C'est pour cela que je disais toujours que je n'avais pas de racines. Mais j'ai réalisé que mes racines, c'est Dieu.» Il doit sa base chrétienne à sa maman qui l'emmenait régulièrement à la messe à l'église de Ste-Thérèse à Curepipe. Il dit avoir ensuite eu une très bonne catéchète qui était aussi son institutrice, ainsi que le père Noël Koenig en standardVI à l'école Ste-Thérèse RCA où il a complété sa scolarité primaire. C'est au collège du St-Joseph qu'il a bouclé son cycle secondaire et a côtoyé de très bonnes catéchètes.
Si enfant, il rêvait de devenir pilote, vers l'âge de 11 ans, il ressent un appel. Ce sentiment va presque virer à l'obsession. Rétrospectivement, lorsqu'il pense à cette période, il déclare que «c'est lorsqu'on est enfant que l'on a une ouverture de coeur et que le Seigneur vient travailler en nous. Quand on devient adulte, on se ferme au Seigneur en voulant tout contrôler. À l'époque, être prêtre était comme une évidence pour moi». Désiré Adjoodah commence par s'engager au sein de la commission des jeunes dans la paroisse de Ste-Thérèse où le curé est à l'époque le père Henri Tostée et le vicaire, le père Patrick Fabien. «Après l'école, on était à la cure deux soirées par semaine. Le père Tostée nous confiait l'organisation de toutes les activités paroissiales, que ce soit la marche de charité et la fête de Noël, pour ne citer que celles-là. À tel point qu'on nous appelait les enfants d'Henri Tostée.»
L'idée de la prêtrise est si ancrée en lui qu'il ne concourt pas pour être lauréat en FormVI alors qu'il a les capacités de le faire. Lorsqu'il obtient son Higher School Certificate en 1988, il est recruté par la Mauritius Commercial Bank et, en parallèle, il étudie à l'université de Maurice en vue d'obtenir un Certificate in Banking Studies, avant de compléter sa licence en finances par correspondance auprès du Chartered Institute of Bankers. En décembre 1987, sur les conseils de sa catéchète, il va voir le père Alain Harel, alors responsable du service des vocations, pour lui parler de son désir d'être prêtre. Celui-ci lui fait d'abord faire deux retraites en 1988 dont le camp des vocations, aujourd'hui connu comme camp Jonas, et il intègre le Groupe 40 la même année. Comme il est musicien et chante, il fait partie de la chorale.
En 1991, étant toujours taraudé par l'idée de la prêtrise, il revoit le père Harel qui l'intègre dans le groupe de recherche au Foyer La Source. Il y passe un week-end chaque mois, étant encadré pendant six mois par le père Harel qui part pour Rodrigues, et pendant le reste de l'année, il l'est par le père Jean Maurice Labour, qui revenait de sa mission à Rodrigues. À la fin de l'année, celui-ci lui conseille de prendre une année de recul. En 1993, Désiré Adjoodah se prête à ce qu'on appelle l'étape foyer, c'est-à-dire qu'après le travail en semaine, il vit au Foyer La Source et ne rentre chez lui qu'en week-end.
La même année, il se lie d'amitié avec plusieurs filles et réalise qu'en fait une vie de mariage lui conviendrait mieux. «À partir de là, tout s'est éclairci. À la fin de l'année, cette obsession de prêtrise, qui avait été présente en moi pendant une dizaine d'années, s'était dissipée.» S'il renonce à la prêtrise, il ne jette pas pour autant aux orties sa vie spirituelle et ses engagements paroissiaux.
Sa rencontre avec Marie-Christine est déterminante dans son avenir. Ils sont d'abord de très bons amis avant de s'engager. Ils se marient civilement en 1995 et chacun vit chez soi avant leur mariage religieux en 1996. Ils viennent aussitôt s'installer à Baie-du-Tombeau. Étant musicien - il joue de la guitare et du clavier -, il accompagne les chorales des différents quartiers du village à la chapelle du Bon-Pasteur, ainsi qu'à l'église de St-Malo. Il participe à l'organisation des Christmas Carols et à d'autres événements paroissiaux entre 1996 et 2012. En 2013, il suit le parcours ZeziVre Zom et intègre la chorale en tant que musicien, puis maestro.
Désiré rejoint Marie-Christine dans le mouvement YES en 1995. Ce mouvement comprend des sessions pour différents publics : enfants (huit à 12 ans), adolescents (14 à 18 ans), adultes open (20 ans à monter) et deeper (session pour ceux qui ont déjà aidé sur les sessions et qui veulent s'y engager). Avec d'autres, ils animent ces sessions et deviennent des formateurs connus aujourd'hui comme la YES Trainers Family. Marie Christine siége sur le board du YES, l'instance dirigeante du mouvement, de 1995 à l'an 2000, alors que pour Désiré, c'est de 2007, année de la visite des fondateurs américains du mouvement à Maurice, à 2012, l'année où il a concrétisé la réalisation de deux sessions à Rodrigues. En 2016, le YES s'est retrouvé sans aumônier et spiritual coordinator, rôles tenus jusque-là par le père Tiziano Marian et soeur Maud Adam. Avec l'accord de l'évêque Mgr Piat, cette dernière a demandé à Désiré Adjoodah d'être un des trois directeurs spirituels sur les sessions et il a accepté. Quelle différence entre être animateur et directeur spirituel du programme YES ? «Vous vivez les sessions différemment. Quand on est directeur spirituel, on s'occupe moins de l'animation. On est davantage dans l'écoute et le souci du côté spirituel du programme.»
Tout se met en place
Même s'il est très heureux en ménage, et comblé par ses activités paroissiales et spirituelles, de temps à autre, il se demande pourquoi il avait éprouvé un si fort désir d'être prêtre pendant autant d'années. Et il y a quatre ans, en février 2020, quelques jours après ses 50 ans, lorsque le père Antoine Law, curé de la paroisse de St-Malo et de la chapelle du Bon-Pasteur à Baie-du-Tombeau, lui propose d'agir comme diacre permanent, Désiré Adjoodah a le sentiment que «tout fait alors sens. Cette obsession ressentie depuis l'âge de 11 ans signifiait que le Seigneur m'appelait non pas pour être prêtre mais pour servir autrement». D'ailleurs, précise-t-il, le mot «diacre» vient du latin diaconus qui signifie «serviteur». «En tant que serviteur du Christ, le diacre est appelé à être non seulement à l'autel mais à être avec ceux qui sont dans une situation de souffrance et dans des périphéries, comme le dit le pape François.»
Ayant accepté de s'engager dans un cheminement en vue du diaconat permanent, en 2020, Désiré et Marie-Christine Adjoodah entament l'étape du discernement pendant un an et après cette année, ils commencent, en septembre 2021, les sessions susmentionnées du mercredi où ils côtoient aussi Alain et Pamela Rougeot. Le 18 aout 2023, il est institué acolyte au service de l'autel, de la parole et de la prière communautaire. Désiré Adjoodah confie qu'il apprend énormément de cette année en tant qu'acolyte. Et dans sa paroisse, il apprend aussi des enfants de choeur. «N'ayant jamais été enfant de choeur, il y a des choses que je ne savais pas faire. Les petits servants qui sont très jeunes sont obligés de me dire : Pa koumsa ki fer sa! Et ils m'expliquent quoi faire.»
Notre interlocuteur a passé 36 ans à la Mauritius Commercial Bank, un univers où l'argent et le profit sont en ligne de mire. Autant dire un monde aux antipodes de celui du détachement matériel préconisé par le Christ. N'a-t-il pas éprouvé des tiraillements entre ces deux univers ? «Non, ma foi m'a aidé à pratiquer l'entraide, la solidarité, à avoir de la considération pour les autres, et à appliquer mes valeurs d'honnêteté et d'intégrité sur mon lieu de travail. Un frère de la congrégation de Petits frères de Jésus m'a un jour dit : 'Désiré, tu es la présence de l'Église à la banque.'» Pourquoi cette retraite anticipée alors ? «Pour des raisons d'ordre pratique, ainsi que pour ma santé. Et puis, il faut dire que la conjoncture financière internationale devient de plus en plus demanding. Et qu'après 36 ans en banque, j'ai préféré faire un choix qui est venu suite à un discernement, aidé de mon équipe d'accompagnement et de mon accompagnatrice spirituelle. Une fois la décision prise à la fin de janvier, le Seigneur a ouvert toutes les portes à une vitesse inattendue. Au bureau, mon manager m'a détaché des opérations et m'a fait me consacrer aux projets du département depuis mars pour me permettre de transmettre mes connaissances et mon expérience, tout en terminant ma carrière en douceur.»
Il a quitté la banque sans regret et sans se retourner car «je sais que je suis là où Dieu veut que je sois». Son épouse, précise-t-il, est à 100 % derrière lui par rapport à ses choix de vie. «Elle m'a toujours soutenue et est fière que je sois ordonné diacre permanent.» S'il ne pense pas qu'il sera énormément sollicité dans ses fonctions de diacre, du moins, dans un premier temps, il sait que par la suite, la situation risque de changer. Sa vie de couple ne risque-t-elle pas d'en pâtir ? «Marie-Christine avait cette appréhension au départ. Mais on nous a bien expliqué que pour les diacres permanents, le sacrement du mariage passe avant les responsabilités diaconales.»
Pense-t-il qu'il aurait pu s'engager ainsi dans l'Église s'il avait des enfants en bas âge ? «Marie-Christine et moi n'avons pas d'enfants, mais nous nous occupons des animaux, des chiens et chats qui ne sont pas tous à nous. Mais le plus important est que nous avons beaucoup d'enfants non biologiques dans la famille YES, pour ne dire que cela. Je ne pense pas que mes responsabilités diaconales gêneront ma vie de couple. Marie-Christine et moi planifierons nos moments ensemble. Le temps restant sera consacré au diaconat. Il faut savoir couper la poire en deux.»
Comprendre le diaconat
Selon le dossier de presse circulé par le diocèse de Port- Louis, le diacre peut être un homme marié ou célibataire, qui a répondu à un appel de l'Église catholique pour servir. Après un temps de discernement et de formation, il est ordonné par l'évêque de son diocèse qui lui confie une mission. Ses trois grandes missions sont l'annonce de la Parole, le service de la liturgie et le service de la charité. Comme le prêtre, le diacre est rattaché à un diocèse. Il reçoit sa mission directement de son évêque à qui il promet obéissance lors de son ordination. Le diacre peut baptiser, bénir des époux lors d'un mariage et dire l'homélie à la messe (commentaire de l'Évangile), mais il ne peut pas célébrer l'Eucharistie (la consécration du pain et du vin en corps et sang du Christ) ni confesser.
Certains diacres permanents sont mariés et continuent à exercer leur activité professionnelle. Pour les hommes mariés, l'accord de l'épouse est requis et est réaffirmé au début de la célébration d'ordination. Le diacre doit avoir un minimum de dix ans de mariage avant l'ordination et le sacrement de mariage demeure le premier. Si le diacre devient veuf, il ne peut pas se remarier, sauf exception, par exemple s'il a des enfants en bas âge et une dispense du Vatican est alors nécessaire. Un célibataire peut être ordonné diacre permanent mais il doit faire voeu de célibat. Être diacre est une responsabilité non rémunérée et le diacre a le droit de continuer à travailler. Si l'Église catholique n'ordonne que des hommes comme diacres, le pape François a institué une commission chargée d'examiner le rôle des femmes diacres car il y avait des diaconesses au début du christianisme.