Ile Maurice: La quête de justice d'une mère contre le père de ses enfants

Cette mère mauricienne résidant au Canada se bat depuis des années pour obtenir justice pour ses quatre enfants, qu'elle allègue avoir été victimes d'abus sexuels de la part de leur père. Malgré les obstacles juridiques et les tentatives de son mari pour l'empêcher de revenir à Maurice, Reshma Gajadharsingh a récemment obtenu un ordre de la cour de British Columbia. Cet ordre lui permet de voyager à Maurice avec ses enfants mineurs sans l'autorisation de son mari, ce qui est crucial pour rouvrir le dossier de 2009 et poursuivre les démarches légales nécessaires pour obtenir justice pour ses enfants.

Reshma Gajadharsingh se bat avec acharnement pour obtenir justice pour ses enfants, qu'elle affirme avoir été victimes d'abus sexuels dès leur plus jeune âge. Ce combat, profondément personnel et bouleversant, remonte à 2009, lorsque sa fille aînée, alors âgée de quatre ans, aurait été victime de ces actes. En 2017, ses jumeaux traversent une épreuve similaire. La mère est convaincue que le père des enfants est responsable de leur traumatisme. Avant leur séparation, elle était le seul soutien de la famille, travaillant à plein temps pour subvenir à leurs besoins, tandis que son mari était au chômage. «Il ne travaillait pas et c'est à ce moment-là qu'il a dû abuser de mes enfants», affirme notre interlocutrice.

En 2009, alors que Reshma vit encore à Maurice, sa fille aînée se plaint de douleurs persistantes. Les examens médicaux révèlent une réalité dévastatrice : l'enfant a été victime d'abus sexuels. Un médecin légiste confirme les sévices, mais à ce moment-là, la mère ne soupçonne pas que le coupable pourrait être son propre mari. Ses soupçons se portent alors sur le mari de la nounou de l'enfant. Cependant, cet homme sera finalement relâché, faute de preuves.

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En 2013, pour laisser derrière elle cette tragédie, Reshma déménage avec sa famille au Canada et commence une nouvelle vie en tant qu'enseignante de français. En 2014, elle donne naissance à des jumeaux. Cependant, en 2017, alors qu'elle est enceinte de son quatrième enfant, ses parents viennent la rejoindre au Canada pour l'aider pendant son accouchement. C'est à ce moment-là que les jumeaux commencent à montrer des signes inquiétants. Leur comportement et leurs plaintes attirent l'attention de leur mère, qui découvre une vérité accablante : les enfants révèlent que leur père est le responsable des abus qu'ils ont subis. «Le choc et la douleur de découvrir que mon mari est l'auteur de ces atrocités sont inimaginables. Cette révélation et l'incident précédent de 2009 avec ma fille aînée m'ont poussé à agir», dit-elle.

Reshma Gajadharsingh, bouleversée, décide de ne plus vivre avec son mari, craignant pour la sécurité de ses enfants. Elle donne naissance à son quatrième enfant le 21 septembre 2016, par césarienne. Après un mois de repos, elle entreprend les démarches nécessaires en contactant le ministère de l'Enfance et la Royal Canadian Mounted Police à la fin du mois d'octobre 2017. «Ce fut une période extrêmement stressante, marquée par des procédures longues et éprouvantes. Et la partie la plus tragique est le traumatisme infligé à mes enfants. Je crois fermement en la véracité des accusations, étant donné la similitude avec les abus subis par ma fille aînée à Maurice en 2009. Il y a même un rapport qui confirme ces abus. Pendant tout ce temps, j'ai vécu dans l'obscurité», confie-t-elle.

En 2019, la situation se détériore davantage lorsque son mari l'agresse avec un couteau. L'agression, dont ont été témoins ses enfants et sa mère, conduit à l'arrestation de l'époux, bien qu'il soit libéré sous caution après avoir signé une ordonnance de non-communication. «Il a abusé des enfants en les menaçant de violence s'ils révélaient les abus. Les enfants, encore marqués par ces événements, refusent de lui parler.»

Malgré les démarches engagées, les obstacles restent nombreux. La Royal Canadian Mounted Police mentionne le manque de preuves suffisantes pour accuser le mari de Reshma d'abus. Les jumeaux ont révélé les abus à leur grande soeur, ainsi qu'à leur grand-mère, et lors de séances de counselling, mais ils n'ont pas encore témoigné devant la police. Leur thérapeute explique que les enfants peuvent être effrayés et avoir besoin de temps avant d'être prêts à parler. Cependant, leur témoignage pourra être pris en compte plus tard.

Actuellement, les enfants bénéficient d'un soutien psychologique à l'école et d'un accompagnement spécialisé pour les cas d'abus. La mère est également en cours de counselling. «La counsellor de l'école, qui est une professionnelle dans le domaine, atteste aussi que ma fille aînée a révélé les abus. Ce témoignage est un élément crucial pour le dossier car elle est en mesure de dire ce qui s'est passé», souligne la maman.

Depuis sa séparation d'avec son mari et l'agression en 2019, ce dernier a quitté British Columbia pour Montréal, où il a été introuvable pendant un certain temps. Les avocats ont eu du mal à le localiser. En raison des restrictions de voyage pour les trois enfants mineurs, Reshma n'a pas pu venir à Maurice pour rouvrir le dossier de 2009. Bien qu'elle ait acheté un billet, des complications administratives ont empêché son voyage. Récemment, dit-elle, «j'ai appris qu'il est de retour à Maurice et qu'il travaille comme entraîneur de natation auprès des jeunes». Ce qui l'inquiète profondément, car «cela pourrait exposer d'autres enfants à des risques».

Après des années de lutte, Reshma vient d'obtenir un ordre de la cour de British Columbia lui permettant de voyager sans avoir besoin de l'autorisation de son mari. Cet ordre de la cour est une victoire cruciale qui lui permet désormais de reprendre contact avec les avocats qu'elle a engagés pour entamer les démarches légales nécessaires.

La mère courage prévoit de revenir à Maurice pour affronter son mari devant les tribunaux et demander des comptes pour les préjudices subis par ses enfants. «Ma bataille continue, avec l'espoir de mettre fin à cette tragédie et de garantir que d'autres enfants ne soient pas victimes d'abus similaires», lâche-t-elle.

Nous avons essayé de contacter le père incriminé, sans succès.

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