Le Sénégal a installé, vendredi 16 août, le comité chargé de mener la réflexion sur les commémorations des 80 ans du massacre de Thiaroye qui auront lieu le 1er décembre prochain. Ce jour-là, en 1944, entre 35 et 350 tirailleurs, selon les sources, sont exécutés sur ordre des autorités françaises.
C'est une démarche qui était souhaitée de longue date par les nouvelles autorités du Sénégal pour tenter de lever les nombreuses parts d'ombre qui subsistent, dans un contexte de tension mémorielle sur le sujet, après que la France a reconnu, fin juillet, six tirailleurs comme « Morts pour la France ».
Historiens, chercheurs et représentants des ministères travailleront ensemble sur ce qui s'est passé le 1eᣴ décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a insisté sur l'importance de la démarche en installant officiellement le comité : « Notre pays a déjà accompli des avancées significatives dans la reconnaissance de cette tragédie. Il appartiendra donc d'aller plus loin dans la manifestation de la vérité, pour que justice soit rendue et que les leçons de cette tragédie soient pleinement intégrées dans notre conscience collective. »
Deux commissions ont été créées, la première sur la façon de rendre hommage aux tirailleurs d'ici, au 1eᣴ décembre, et la seconde sur la recherche des faits. Le professeur d'histoire à l'université américaine Columbia, Mamadou Diouf en sera leur président : « C'est effectivement la commémoration comme acte politique, mais la commission recherche des tâches à plus long terme, autour des archives, de la littérature jusqu'à justement l'ouverture de nouvelles pistes de recherche. »
Pour Mamadou Diouf, c'est un beau défi à relever : « L'aventure dans laquelle nous nous engageons est une aventure politique, une aventure scientifique, mais c'est aussi une aventure en termes de production de ce que j'appelle des humanités africaines. »
Des humanités africaines destinées à être transmises aux futures générations et sur tout le continent.