Si l'opposition n'a pas fait trop de mystère sur l'identité de la plupart de ses candidats aux prochaines législatives, et si l'on a pu supputer, analyser et tirer des conclusions sur ces derniers, le gouvernement semble, lui, toujours hésiter à présenter les siens. Il est possible que ce soit parce qu'il ne veut pas exposer ses candidats aux critiques, ou alors parce que les élections ne sont pas pour bientôt.
Cela, même s'ils sont plusieurs à penser que les législatives auront lieu cette année. Dans ce cas, l'opposition aura-t-elle une longueur d'avance sur le gouvernement puisque ses candidats ratissent déjà les circonscriptions ?
Pas vraiment, nous dit l'historien Jocelyn Chan Low. «Ce sera sûrement une campagne courte. Et le gouvernement n'a pas encore sorti l'artillerie lourde contre ses adversaires.» D'ailleurs, ajoute-t-il, une trop longue campagne ne portera pas ses fruits, le public s'en lassera rapidement. Mais encore ? «Le gouvernement attendra la dissolution de l'Assemblée pour présenter ses candidats. Le Premier ministre ne peut pas dire par exemple à tel ministre ou tel secrétaire parlementaire privé(e) (PPS) qu'il ou elle n'aura pas de ticket. Cela pourrait créer des désordres institutionnels. Il le fera quand ces élus n'auront plus aucun pouvoir.Et basta !»
Que tout change pour que rien ne change
Jocelyn Chan Low ne pense pas non plus que le gouvernement aura moins de temps pour faire accepter ses nouveaux candidats. «Les élus, qu'ils soient ministres, PPS ou même simples députés, sont déjà sur le terrain dans le cadre de leur mandat.» Et pour les nouveaux candidats ? Pour notre interlocuteur, il est clair que le MSM fera peau neuve. «Après deux mandats, il faut changer d'alliance et de candidats. Cela donnerait un air de renouveau.» De nous rappeler 2019.
«Ce seront surtout des notables, des candidats de proximité comme des médecins ou des avocats qui connaissent les électeurs. Il ne va pas recruter de parfaits inconnus. Il y aura aussi des travailleurs sociaux !» De plus, souligne l'historien, «si le parti est bien structuré localement, un nouveau candidat pourra être présenté par la structure».Il est vrai aussi que le gouvernement possède les moyens de se faire voir et entendre à travers les réseaux sociaux mais surtout la MBC. Sans parler des inaugurations et des discours faits à l'invitation des organisations socioculturelles.
De notre côté, en posant des questions à gauche et à droite, nous sommes arrivés à dresser une liste de candidats probables du MSM et de ses trois alliés mais aussi du PMSD. Depuis la visite de Xavier-Luc Duval au New Cancer Hospital et surtout ses commentaires élogieux du 13 août, il est presque certain que le PMSD se joindra au MSM pour les prochaines législatives, sauf revirement de situation de dernière minute. Mais comme chacun le sait, c'est Pravind Jugnauth qui dispose seul du pouvoir de choisir les candidats tout comme il est celui qui décide de la date des élections.
Casseroles dans Lakwizinn
Plusieurs ministres et députés du gouvernement n'auront pas de ticket et cela pour plusieurs rai- sons. Il y a d'abord ceux dont le nom est associé à des scandales. Le premier n'est nul autre que Yogida Sawmynaden sur lequel plane toujours l'ombre de Soopramanien Kistnen. Un assassinat politique irrésolu après bientôt 4 ans, alors que le gouver- nement et la police répètent que l'enquête est toujours en cours. Idem pour l'affaire Kistnen Papers et les contrats accordés sous le Covid et mis en lumière pendant l'enquête judiciaire sur la mort de Kistnen. Une éventuelle candidature de Sawmynaden, plus qu'improbable, sera l'occasion pour que Kistnen revienne sur le tapis et de manière ciblée.
L'autre ministre qui n'aura peut-être pas de ticket : Maneesh Gobin. Sa candidature relancera les débats sur le Cerf Gate mais aussi - et l'on a tendance à l'oublier - l'extradition de Franklin. On nous fait comprendre que l'homme n'est d'ailleurs pas très populaire au numéro 7. Toutefois, Maneesh Gobin a recommencé dernièrement à se mettre en avant en animant notamment des conférences de presse où il défend ses collègues de parti. «Mais qui le défendra», se demande un candidat potentiel de la majorité.
Bien sûr, Rajanah Dhaliah forme aussi partie de la cohorte de ceux qui n'obtiendront fort probablement pas de ticket. Il a fait l'objet d'une accusation dans l'affaire de bail à Dayot et Mangin à Grand-Bassin. Cela, alors que son colistier Gobin n'a pas été inquiété par l'ICAC. Le MSM n'a vraiment pas de chance avec le no 7. La troisième élue de la circonscription, Kalpana Koonjoo-Shah serait elle aussi privée de ticket, en raison des scandales qui ont frappé notamment les abris pour enfants. Mais pas que.
Au no 3, le ministre Anwar Husnoo, repêché comme best loser en 2019 sera fort probablement exclu de la liste des candidats du MSM. Sa gestion des catastrophes et notamment celle causée par le cyclone Belal y serait pour quelque chose. Même si l'on a tenté de mettre tout sur le dos de l'ex-chef de la météo Ram Dhurmea, les inondations post-Belal ont fini par embarrasser tout le gouvernement. Et l'affidavit juré par Dhurmea le 14 août n'est pas pour arranger les affaires de Husnoo, qui semble se résigner à s'occuper de sa nouvelle clinique.
Autres exclus
Au no 4, Subhasnee Luchmun Roy ne sera probablement pas non plus candidate pour les prochaines législatives. Ses cris et fureurs à l'Assemblée nationale n'auront servi à rien. Teenah Jutton sera elle-aussi privée de ticket au no 11. Cela, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec sa prestation comme PPS, font valoir des sources bien informées... Les sympathisants du MSM à Savane-Rivière Noire devront possiblement se passer de Prakash Ramchurrun. On ne sait pourquoi. Le discret Sharvanand Ramkaun du no 5 est en ballotage. Bien qu'il soit très présent sur le terrain.
Dans la circonscription no 6, il semble que le MSM n'alignera pas Anjiv Ramdhany comme candidat. De toute façon, il devait céder sa place à Adrien Duval du PMSD. Les accusations d'agressions physiques portées contre lui expliqueraient son exclusion. Idem pour Kenny Dhunoo. On se rappelle d'une vidéo où on l'a vu bousculer un infirmier indien à la clinique Wellkin. Tout comme Anjiv Ramdhany, Kenny Dhunoo a une remplaçante toute trouvée en la personne de Malini Sewocksingh, du PMSD. Vikash Nuckcheddy ne devrait pas non plus obtenir de ticket, selon nos sources. Pour quelle raison ? Elle n'en savent pas davantage.
La promue
Quant à Leela Devi Dookhun, elle ne briguerait pas les suffrages, selon nos informations, mais lorgnerait le poste de présidente de la République.