Les incendies de patrimoines historiques sont devenus presque monnaie courante ces dix dernières années. Il y a quelques jours, la colline sacrée d'Ambohimasina a été la proie des flammes.
Il est de plus en plus difficile de ne pas penser à un « projet » de détruire les patrimoines identitaires malgaches. En fin de semaine, la colline sacrée d'Ambohimasina a subi un incendie. Ce n'est pas une première dans l'histoire d'Analamanga et dans les autres régions d'ailleurs. Des alertes sont aussi lancées concernant celle d'Ambohimalaza Be, les feux de brousses se rapprocheraient de plus en plus des sites sacrés. Ce phénomène tend à s'amplifier depuis les dix dernières années.
Les riverains de la colline sacrée d'Ambohimanga, patrimoine mondial et haut lieu identitaire, remarquent chaque année des débuts de flammes au cours de la nuit, des feux provoqués après des constatations sur place. Tout le monde se souvient de la réduction en cendres de la case royale d'Antsahadinta en novembre 2023. Les théories divergent, entre des attaques de sectes extrémistes pour se faire une image auprès de ses fidèles. Ou encore, des dissensions internes chez les familles de la noblesse tananarivienne jusqu'à pousser à réaliser l'irréparable.
De plus en plus d'observateurs pensent cependant à une continuité des visées coloniales d'annihiler l'identité malgache en détruisant ses repères et ses symboles et la remplacer par une occidentalisation à outrance où la « civilisation de lumière » est un « dieu » consumériste sur ses terres conquises. Sans oublier que l'aménagement territorial a été la force tranquille de la colonisation. Le mot « formatage » a déjà été entendu dans la bouche des politiques malgaches il y a une vingtaine d'années.
La pratique doit alors passer par la destruction des patrimoines ou du moins la dénaturation historiquement. Comme quand la colonisation a interdit le « Fandroana », ou quand le raciste Gallieni a déplacé les dépouilles royales d'Ambohimanga à Anatirova en 1897. La liste des patrimoines historiques détruits par le feu interpelle, le Palais de la Reine, le rovan'Ambohidratrimo, Antsahadita... Et dans la majorité, les sinistres sont provoqués soit criminels.