Ile Maurice: ReA réclame une commission d'enquête

Ram Dhurmea fera face à un comité disciplinaire. C'est ce qu'a décidé le service météo. Mais le directeur suspendu a riposté en jurant un affidavit avec l'aide de son avocat le «Senior Counsel» Gavin Glover. Ashok Subron y revient et nous renseigne sur la responsabilité du gouvernement dans les drames du 15 janvier.

Les révélations contenues dans l'affidavit de l'ex-chef suspendu de Mauritius Meteorological Services (MMS), Ram Dhurmea, ont été au centre de la conférence de presse de Rezistans ek Alternativ (ReA) samedi. Ashok Subron a notamment relevé qu'au paragraphe 19 dudit affidavit, Ram Dhurmea explique que le National Crisis Committee (NCC) avait bien été informé des risques imminents de pluies torrentielles pour le 15 janvier 2024, mais que ce comité n'avait pris aucune décision quant à savoir si les Mauriciens devraient se rendre au travail ou non ce jour-là. Pourquoi ce blocage ? Toujours selon l'affidavit, «un membre de ce comité avait prévenu que si les crèches seraient fermées le lendemain, lundi, cela résulterait en un taux élevé d'absentéisme parmi les travailleurs».

Mais qui avait lancé cette mise en garde qui a, de toute évidence, bloqué la décision de fermer les crèches ? «Nimport ki mosisien», a dit Ashok Subron. «Pa pou bizin mont lor pie pou kone ki sann-la inn emet enn tel opinion dan NCC.» Une commission d'enquête que ReA réclame devra, a ajouté Subron, identifier ce personnage qui a été la cause du décès de deux personnes, Anwar Noormohamed et Alberto Lajeune, et des dommages subis par d'autres. Il rappelle que beaucoup d'autres personnes ont failli perdre la vie ce jour-là.

C'était aussi l'occasion pour Ashok Subron de nous renseigner un peu plus sur la National Disaster Risk Reduction and Management Act (NDRRM), votée en 2016, et sur les responsabilités du ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo, et du Premier ministre dans cette affaire. Selon lui, il est à craindre que ces derniers se soient «courbés» face aux réserves émis par ce membre du NCC. Comment ? Ainsi, a expliqué Ashok Subron, la NDRRM Act a été faite d'une telle manière que, contrairement aux alertes cycloniques 3 et 4 qui autorisent automatiquement les travailleurs à rester chez eux, elle prévoit que c'est le NCC qui doit émettre cet ordre de fermeture des crèches et des lieux de travail après consultation avec le Premier ministre. Et l'on sait que cet ordre n'a jamais été émis car, apprend-t-on maintenant, un membre décidément influent du NCC avait émis des réserves. «Et au lieu d'assumer sa responsabilité, et de s'excuser auprès de la population et des proches des victimes des inondations du 15 janvier, le gouvernement a fait de Ram Dhurmea le bouc-émissaire et l'a suspendu.»

Ashok Subron a souligné qu'il y a un représentant de Business Mauritius (BM) qui siège au NCC alors qu'il n'y a point de représentant syndical. «BM ne va tenir en compte que les profits des entreprises et non la vie des gens.» Il a dans la foulée réclamé qu'il n'y ait plus de distinction entre les employés du privé et ceux du public, et que les employés qui doivent quand même se rendre au travail lors des alertes cycloniques 3 ou 4 et les pluies torrentielles bénéficient d'une couverture d'assurance. Une éventuelle commission d'enquête, a continué Ashok Subron, devrait exiger et analyser tous les messages échangés entre le service météorologique d'une part et, d'autre part, Pravind Jugnauth et Anwar Husnoo. ReA a demandé que l'on gèle en attendant le comité disciplinaire mis sur pied par MMS et auquel doit faire face Ram Dhurmea. Ashok Subron a rappelé que ce dernier a attendu sept mois, depuis sa suspension en janvier, pour que l'enquête aboutisse.

Qui décideront comment nous protéger contre le changement climatique ?

On apprend que le Conseil des ministres a décidé vendredi que le Climate and Sustainability Fund et le National Environment Fund seront considérés comme des special funds. À ce propos, Ashok Subron a dit craindre que ces fonds, dont 65 % proviennent de l'étranger et 35 % du privé, et qui sont destinés à faire face au changement climatique, ne soient gérés par le privé. «Si c'est vrai, c'est le même privé, qui est à l'origine de la mort de ces deux travailleurs, des érosions de nos côtes et des inondations en raison du développement à outrance de l'immobilier, qui sera appelé à gérer ces fonds. C'est inacceptable.» Pour rappel, le Climate and Sustainability Fund est destiné à «restore the country's natural ecosystem», c'est-à-dire à restaurer les zones humides, entre autres, et qui servira justement à protéger contre les inondations. Et donc, pas seulement à construire des drains. Les donateurs étrangers auront sûrement leur mot à dire quant à la façon dont leur argent est utilisé.

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