Avec le blocage de la société espagnole qui réclame ses dus et les contraintes logistiques, il est difficile de voir la VAR sur notre championnat. Peut-être dans quelques matches à enjeu.
Le comité de normalisation désigné par la Fifa n'a pas de temps à perdre et doit immédiatement passer à l'action. Les dossiers épineux et brûlants qui lui ont été légués par le Bureau fédéral sortant sont nombreux et cruciaux. Ils seront étudiés un à un, selon l'urgence et les priorités et des décisions rapides s'imposent. L'un des dossiers les plus importants est l'arbitrage avec l'approche du coup d'envoi du championnat de la Ligue 1 prévu pour le 27 août.
Une réunion est donc prévue avec le superviseur général, Néji Jouini, pour une décisive mise au point. À force de trop grincer les dents ces derniers temps, l'homme au « projet ambitieux», carte qu'il brandit à chaque sortie médiatique, est devenu embarrassant pour ne pas dire gênant. Il y a plus d'une semaine, il s'est trompé d'adresse en allant taper aux portes du ministère de la Jeunesse et des Sports pour se plaindre du peu des moyens mis à sa disposition, du manquement de l'ancien Bureau fédéral à ses engagements et demander un soutien financier important. Il a été ramené courtoisement à la raison et on lui a expliqué que son « projet ambitieux» doit se faire avec les moyens du bord en collaboration étroite avec la Fédération, seule responsable de l'arbitrage.
La Var, coeur du problème
Néji Jouini a été notamment furieux devant l'obligation d'annuler le stage programmé pour la formation des arbitres de la Var. La société espagnole « Média Pro », spécialisée dans la technique de l'assistance vidéo à l'arbitrage, menace de résilier unilatéralement son contrat avec la FTF pour non-paiement d'arriérés de la saison passée s'élevant à 700 mille dinars. Le secrétaire général de la FTF, Wajdi Aouadi, seul au pouvoir pour le moment au siège de la Fédération, a refusé comme solution d'assumer la responsabilité de signer une simple reconnaissance de cette dette pour mettre fin au conflit. Tout laisse donc penser que le championnat 2024 / 2025 démarrera sans recours à cette technique. Outre les milliards qu'il faut trouver pour continuer l'expérience, il y a un problème d'infrastructure avec des stades où il est pour le moment impossible de l'appliquer.
Ne pas se servir de cette technique pour tous les matches, ce serait ne pas mettre toutes les équipes sur un pied d'égalité et toucher à la crédibilité de la compétition. Le plus facile dans de telles conditions inadéquates serait donc de retourner à l'arbitrage classique et de confier la responsabilité du bon déroulement des matches aux arbitres centraux et arbitres assistants et de mettre une croix sur la chambre de la VAR. Surtout que, ne l'oublions pas, certains arbitres tunisiens pas encore bien formés pour la bonne utilisation de cette technique n'ont pas été à la hauteur de leur tâche et ont manqué d'audace dans plus d'une séquence litigieuse pour attirer l'attention de l'arbitrage central et l'appeler à venir faire lui-même le visionnage des actions douteuses et prendre la bonne décision. Néji Jouini a dû se rétracter et ne pas rester fidèle à l'un des axes forts de son « projet ambitieux» qu'est la confiance totale à l'arbitrage tunisien.
Il a été obligé d'appeler des arbitres étrangers à la rescousse pour la chambre de la VAR afin de faire baisser la tension et faire taire les critiques de ses détracteurs qui l'attendaient au tournant. Ce revirement a montré qu'on a encore besoin de plus de temps et de moyens, de stages de formation et de perfectionnement, de stades rénovés et aménagés pour cette technique révolutionnaire qui réduit la marge d'erreur des arbitres et le nombre de résultats de matches faussés par un but validé ou annulé à tort, un penalty accordé ou refusé injustement ou un ballon jugé ayant franchi la ligne du but ou pas alors que ce n'est pas le cas.
Limiter la VAR aux grands chocs, derbys et classicos
Mais il faut reconnaître que la VAR, malgré ses lacunes et imperfections, a son côté charmant dans un match où les deux protagonistes sont à armes égales et où l'enjeu est déterminant. Ce qui ne peut pas le plus doit commencer par le moins. La saison passée, la VAR a été limitée à la phase du Play-Off où les quatre premières places décisives pour le classement final et la qualification aux compétitions africaines entre grands prétendants nécessitaient la présence de cette technique.
On a vu que la VAR a atténué la vague de protestations habituelles et on a connu une fin de saison sans gros remous.
On pourrait étudier cette saison l'éventualité de recourir à la VAR dans les classicos, les derbys, les matches à enjeu crucial du moins lors de la phase retour, surtout que le championnat promet d'être cette fois très disputé et indécis, qu'il n'y aura pas de cavalier seul avec quatre ou cinq équipes qui ont fait de très bons recrutements. C'est une option qui a ses défenseurs et que le comité de normalisation provisoire devra étudier et en fixer les règles avant le coup d'envoi pour que toutes les équipes soient averties d'avance. Ce serait aussi plus sage de trouver un compromis avec la société plaignante qui pourrait aller jusqu'à réclamer, gros dommages et intérêts pour non-respect des clauses de son contrat par la fédération.