Centrafrique: La paix, une nécessité

analyse

L'appel à mettre fin aux guerres fratricides lancé par le Président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, le 13 août dernier à l'occasion du 64e anniversaire de l'indépendance de son pays, va-t-il faire de l'effet ?

Si ce message n'a manifestement pas eu un écho favorable auprès des groupes armés en lutte contre le pouvoir en place, il suscite de l'espoir dans un pays abonné aux guerres civiles. Un leader rebelle et pas des moindres, le patron de l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC), Ali Darassa, présumé auteur de nombreux crimes et exactions contre les civils et de trafic d'armes, semble partager la vision du chef de l'Etat centrafricain.

Après avoir affiché son intention de cesser les hostilités sur l'ensemble du territoire centrafricain, le maitre à penser de l'UPC a dépêché un émissaire auprès du ministre chargé du Désarmement, de la Démobilisation, Réintégration et Rapatriement (DDRR), Jean Willybiro Sako. Le porte-voix de l'UPC a été on ne peut plus clair sur les intentions de son chef : « Ali Darassa a compris l'ampleur de la situation. Il s'engage à mettre ses soldats à la disposition du gouvernement. Ils seront désarmés et réinsérés dans la vie active.

Nous avons longtemps fait la guerre, il est donc temps de faire la paix, de penser à la reconstruction et au développement de notre pays ». La démarche d'Ali Darassa est salutaire à bien des égards, mais encore faut-il attendre de voir l'aboutissement des pourparlers, pour juger sur pièce. D'ores et déjà, ce seigneur de guerre semble faire chemin seul, puisqu'il a été désavoué et exclu de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dirigé par l'ancien Président centrafricain, François Bozizé.

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En mettant à l'écart ce responsable d'un des six groupes armés de la CPC, Bozizé réaffirme son hostilité à l'égard du régime Touadera, lui qui fait des mains et des pieds pour revenir aux affaires, après son renversement en 2013. Même s'il faut sacrifier la paix pour satisfaire ce désir, l'ex-chef de l'Etat centrafricain, refugié un temps au Tchad voisin avant de poser ses valises en Guinée-Bissau sous la pression de la communauté internationale est prêt à tout.

Cette attitude est très déplorable, venant de la part d'un septuagénaire et ancien grand serviteur de la Centrafrique qui devait faire preuve de sagesse, en travaillant plutôt à renforcer les acquis qu'à mettre le pays à genou. Au lieu de passer le temps à ruminer son départ du pouvoir et à paraitre comme un diable, Bozizé, sur qui pèse d'ailleurs un mandat d'arrêt international pour de présumés crimes, doit revoir sa copie. Il devrait être le chef de file des bâtisseurs et non celui des ennemis de la Nation centrafricaine.

Depuis son accession à l'indépendance en 1960, la Centrafrique a connu des crises politico-militaires qui ont détruit de nombreuses vies et compromis sérieusement son développement. La situation actuelle de cet Etat, dont le sous-sol est pourtant l'un des plus riches au monde avec des minerais rares comme l'uranium, le pétrole, le gaz naturel et autres, enlève le sourire. La preuve que l'interminable insécurité est un frein à l'épanouissement des Centrafricains et de leur pays.

« La guerre apprend à tout perdre et à devenir ce qu'on n'était pas », disait l'écrivain français, Albert Camus. Bozizé et tous les groupes armés actifs en terre centrafricaine doivent tirer leçon de cette triste réalité en s'engageant à enterrer la hache de guerre. La seule prière qui vaille est qu'ils emboitent le pas à Ali Darassa qui est en train de troquer sa tenue de guerre contre celle d'acteur de la paix dans l'intérêt supérieur de la Centrafrique.

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