Diamniadio — Le directeur de l'assainissement, Oumar Sène, a révélé, mardi à Diamniadio, que la gestion de l'ex- directeur général de l'Office national de l'assainissement du Sénégal, Cheikh Dieng, est caractérisé par "un faible niveau d'exécution" des travaux de curage des canaux dans les délais convenus, ainsi que par des "écarts de facturation élevés" en comparaison avec les coûts des prestations des années précédentes.
"'En effet, à la date du 26 juillet 2024, soit après consommation de 66% des délais convenus, il a été constaté un faible niveau d'exécution d'à peine 10 % à Dakar et un peu plus 30 % dans les régions. En plus, il a été constaté des écarts de facturation élevés par rapport aux prix moyens des prestations effectuées ces dernières années", a-t-il déclaré.
Le directeur de l'assainissement réagissait ainsi, lors d'un point de presse à la sphère ministérielle Habib Thiam de Diamniadio, à la dernière sortie médiatique de l'ex-DG de l'ONAS, Cheikh Dieng, après son limogeage de la tête de cette entreprise publique.
Oumar Sène relève qu'au terme des investigations menées sur les six entreprises retenues pour le curage des canalisations d'eaux pluviales à Dakar et dans les régions, seul Delgas avait "une expérience reconnue" dans le sous-secteur de l'assainissement.
"Les entreprises ayant une expérience et une capacité avérée dans le domaine n'ont pas été consultées", a-t-il fait valoir.
Abordant les écarts de facturation élevés constatés dans la gestion de l'ex-DG par rapport aux prix moyens des prestations effectuées ces dernières années, il a indiqué qu"'à titre illustratif, le curage du bassin de la zone de captage est indexé dans le marché de 2024 à 300 000 000 FCFA HTV, alors que le montant global du marché de clientèle 2021-2023 le concernant, était de 83 000 000 FCFA TTC".
Le prix unitaire du mètre linéaire de curage des canaux fermés d'une largeur inférieure "à 1,5 m avec ventilation du marché des régions", qui était à 1500 FCFA dans le marché de clientèle 2021-2023, est indexé, cette année, à 18 000 FCFA, a-t-il poursuivi.
Le prix unitaire du mètre linéaire "curage des canaux fermés d'une largeur supérieure à 1,5 m avec ventilation", qui était de 3000 FCFA sur le marché de clientèle 2021-2023 des régions, a été facturé, cette année, à 23000 FCFA", a-t-il encore indiqué.
Face aux risques élevés d'inondations liés à cet état de fait et aux conséquences graves pouvant en découler, le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement a, dans un premier temps, interpellé l'ex DG de l'ONAS en l'invitant à trouver d'urgence une solution, a-t-il expliqué.
Constatant "qu'aucune diligence n'a été entreprise, le ministre a facilité la mise en place d'un groupe de travail technique composé des techniciens de l'ONAS"', a-t-il ajouté.
Il a indiqué que "c'est à ce titre qu'une rencontre s'est tenue, le 27 juillet 2024 dans les locaux de l'ONAS. A cette rencontre ont pris part, le directeur de l'assainissement, le directeur de la prévention et de la gestion des inondations, le directeur administratif et financier de l'ONAS, l'adjoint du directeur de l'exploitation et de la maintenance (DEM) , la coordonnatrice de la Cellule de passation du ministère et le coordonnateur de la Cellule de passation des marchés de l'ONAS".
Lors de cette réunion visant à évaluer le niveau d'exécution des opérations et de proposer des mesures correctives, il a été constaté "plusieurs défaillances" dans la gestion des opérations pré hivernage de curage des canaux du réseau national d'assainissement, a-t-il relevé.
Oumar Sène explique qu'à l'issue de ces travaux, "le groupe de travail, tenant compte de l'urgence caractérisée de la situation et de l'impossibilité à recourir aux procédures habituelles, a proposé pour le lot 1 (Dakar), l'arrêt de la procédure de contractualisation avec l'entreprise Tawfekh".
Selon lui, cette entreprise n'avait pas "les capacités requises" pour exécuter les travaux de curage des caniveaux". Il précise que c'est ce qui explique "la relance du marché à travers une procédure d'entente directe avec des entreprises dont la capacité est reconnue".
Le groupe de travail, a-t-il dit, a également conseillé au ministre, la résiliation partielle du marché "pour le lot 2 (régions)", dans lequel intervient l'entreprise Delgas.
" Ainsi, DELGAS pourrait poursuivre les travaux dans les zones où les activités ont démarré et avancent. Par contre, pour Mbour, Joal, Diourbel, Touba Mbacké, Matam, Podor, une procédure d'entente directe est préconisée avec des entreprises dont la capacité est reconnue", a recommandé le groupe de travail.
Le directeur de l'assainissement souligne par ailleurs que les analyses ultérieures des projets de contrats ont révélé l'ampleur des écarts de prix par rapport aux coûts moyens en cours sur le marché du sous secteur. "Ce qui, selon lui, appelle à une remise en cause desdits projets de contrats pour des raisons d'intérêt général et de bonne utilisation des deniers publics".
Oumar Sène a indiqué que c'est sur la base de ces facteurs, que le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement "a saisi l'ex-DG de l'ONAS par lettre en date du 29 juillet 2024, pour lui demander d'arrêter la procédure de passation des marchés avec les deux entreprises concernées et de ne surtout pas signer les projets de contrats".
"Compte tenu de l'urgence impérieuse, le ministre a saisi à nouveau la DCMP le même jour, pour solliciter l'autorisation de faire passer les marchés par une procédure dérogatoire d'urgence, prévue par le code des marchés publics avec des entreprises ayant les capacités requises et qui ont été proposées unanimement par les membres du groupe de travail", a-t-il encore expliqué.
Le directeur de la prévention et de la gestion des inondations, Madické Cissé, le directeur de l'exploitation et de la maintenance (DEM) de l'ONAS, Pèdre Sy, ont participé à l'animation de ce point de presse.
Le nouveau directeur général de l'ONAS, Séni Diène, y était également présent.