Après les relations au sein d'une église synodale concernant la seconde assemblée générale à Rome du Synode sur la synodalité qui doit s'ouvrir au mois d'octobre, Abbé Roger Gomis de l'archidiocèse de Dakar revient sur les parcours de ladite assemblée dessinant ainsi les contours d'une transformation profonde des pratiques ecclésiales, mais aussi les lieux de la Synodalité.
L'Instrumentum Laboris de la deuxième session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques développe la synodalité. Pour Abbé Roger Gomis, après une meilleure compréhension du synode sur la synodalité qui s'est concentré sur les différents types de relations qui structurent la vie ecclésiale et leur importance, invitant à une conversion relationnelle profonde, il revient sur les parcours. Une démarche qui met en lumière les processus qui soutiennent et nourrissent cette dynamique et qui souligne l'importance de la formation, du discernement et de la transparence dans les processus décisionnels pour renforcer l'engagement collectif de l'Eglise catholique.
« Pour être une Église synodale en mission, la formation est cruciale. Il ne s'agit pas seulement d'une formation intellectuelle, mais d'une formation intégrale qui touche toutes les dimensions de la personne dont intellectuelle, affective et spirituelle. Cette formation doit également inclure des expériences concrètes et une compréhension profonde des cultures actuelles, y compris la culture numérique, particulièrement importante pour les jeunes générations.
A ce sujet, Il appelle d'ailleurs à une formation adaptée dans ce domaine, soulignant la nécessité pour l'Église de s'engager pleinement dans l'ère numérique », a-t-il fait savoir. Dans le référentiel de cette synodalité qui est l'Instrumentum Laboris, il est noté selon Abbé Roger: « prendre soin de sa propre formation est la réponse que chaque baptisé est appelé à donner aux dons du Seigneur ». Un appel adressé à tous les membres de l'Église, des laïcs aux clercs.
Un autre pilier fondamental du chemin synodal est le discernement. Ainsi, Abbé Roger soutient qu'il est présenté dans le document non pas comme une simple technique de prise de décision, mais comme « une pratique exigeante qui façonne la vie et la mission de l'Église vécue avec le Christ et dans l'Esprit Saint ». « Le discernement ne doit pas se limiter aux seuls moments de crise ou de décision majeure, mais doit être une pratique quotidienne, intégrée à la vie de l'Église.
Cela implique de créer des espaces et des moments dédiés à l'écoute et au dialogue, où chacun peut s'exprimer librement et contribuer au discernement collectif » a-t-il souligné. Et d'ajouter : « mais la synodalité ne s'arrête pas au discernement communautaire. Elle touche également au coeur du pouvoir dans l'Église dont la prise de décision ». De l'avis du religieux, le document « l'Instrumentum Laboris » propose un modèle innovant qui distingue « l'élaboration de la décision », qui serait synodale, de « la prise de décision », qui resterait du ressort de l'autorité compétente.
Un équilibre subtil qui vise à concilier participation et respect de la hiérarchie. « L'Instrumentum Laboris met particulièrement l'accent sur l'importance de la transparence et de la reddition des comptes dans la vie de l'Église. « Il s'agit là encore d'un point d'importance cruciale et urgente pour la crédibilité du processus synodal et sa mise en oeuvre effective » a-t-il fait savoir.
Les Lieux de la Synodalité
L'Église, comme le rappelle l'Instrumentum Laboris, avance qu'elle ne peut se comprendre sans son enracinement dans un lieu et une culture. « La catholicité de l'Église ne s'est jamais confondue avec un universalisme abstrait ». Au contraire, l'Église s'incarne toujours dans un lieu précis. « L'annonce de l'Évangile, en éveillant la foi dans le coeur des hommes et des femmes, provoque l'établissement d'une Église dans un lieu », nous rappelle le document (n°80). Cela signifie que chaque Église locale est unique, façonnée par son environnement culturel et historique.
« Cette diversité est une richesse, non une menace pour l'unité de l'Église » fait dire Abbé Roger Gomis. Cependant, il estime que cette interconnexion entre les Églises locales est aujourd'hui mise au défi par deux phénomènes majeurs à savoir l'urbanisation et la mobilité humaine. « Aujourd'hui, la majorité de la population mondiale vit dans des contextes urbains », souligne le document. « Cela transforme profondément notre rapport au territoire. Les frontières paroissiales et diocésaines deviennent plus fluides. De plus, les migrations et les déplacements quotidiens créent des communautés de plus en plus diversifiées et multiculturelles ».
Face à ces réalités, « l'Église doit donc repenser ses structures pour répondre à ces nouvelles réalités », a-t-il soutenu et d'ajouter : « Mais la synodalité ne se vit pas seulement à l'intérieur de chaque Église locale. Elle implique aussi des liens forts entre les Églises, notamment à travers les conférences épiscopales, qui jouent un rôle crucial dans la création de liens entre les Églises locales, favorisant la décentralisation de la gouvernance et la planification pastorale. L'Instrumentum Laboris suggère de reconnaître à ces instances « une autorité doctrinale, capable de valoriser les expressions liturgiques, disciplinaires, théologiques et spirituelles adaptées aux différents contextes socioculturels ».
Le document a aussi abordé la primauté de l'évêque de Rome. Il rappelle que le Pape, en tant que principe visible de l'unité de toute l'Église, est le garant de la synodalité. Sur cette question, Abbé Roger revient sur l'un des passages du document: « cette réflexion doit être menée dans la perspective d'une « décentralisation salutaire » pour mieux répondre aux besoins des Églises locales. « La réflexion sur les modalités d'exercice du ministère pétrinien doit également être menée dans la perspective d'une 'décentralisation salutaire'« .