Le magistrat en République démocratique risque de perdre tout crédit dans l'opinion après s'être engagé dans une guerre ouverte avec le ministre de la Justice et garde des sceaux. Le tout puissant organe de la loi ressemble à un lion édenté qui pleurniche devant le rouleau compresseur des réformes du gouvernement.
Le ministre Constant Mutamba semble bénéficier du soutien du magistrat suprême qui a donné le ton en dénonçant l'état de la justice. La RDC est malade de sa justice. Il lui faut donc une thérapie de choc. Et c'est Mutamba qui lui impose l'électrochoc dans le but d'obliger la magistrature à adopter une nouvelle posture qui puisse davantage anoblir ce métier. Conséquence, le durcissement et, du côté du ministre et, du côté de la magistrature. Personne ne veut lâcher du lest.
Aujourd'hui que le gouvernement Suminwa va être évalué après près de 3 mois d'exercice, le ministre dispose dans son escarcelle, d'autres arrêtés devant contraindre le magistrat à rompre avec les anciennes habitudes. Les canaux de médiation devant permettre d'apaiser les esprits, sont désactivés par l'ampleur de la situation. On verra au finish qui en sortira victorieux pourvu que le peuple gagne.
Pendant ce temps, les différentes corporations des magistrats ne s'avouent, non plus, vaincues. Elles multiplient des communiqués pour dénoncer les mesures prises jusque-là par le ministre. Le dernier communiqué en date est celui publié hier mardi 20 août.
Pour ce, l'intersyndicale des magistrats déplore les discours qu'elle qualifie d'anti-magistrats développés par le ministre Constat Mutamba, au point de traiter les membres d'un pouvoir d'appartenir à un réseau mafieux. Et de préciser : "Le ministre de la Justice procède de sa difficulté de faire un saut qualificatif de son statut d'avocat à celui d'homme d'État".
Et de rappeler que le ministre semble être nostalgique des régimes précédents en dépit de l'évolution du cadre constitutionnel et législatif, régissant le corps de la magistrature qui sont, entre autres, la séparation des pouvoirs, un conseil supérieur de la magistrature, un conseil supérieur de la magistrature composé exclusivement des magistrats.
La preuve que le ton monte de partout. Entre les lignes de ce communiqué, qu'il faille reconnaitre que Mutamba n'est pas du genre à faire remonter si facilement les bretelles. Il va naturellement puiser dans sa gibecière, un nouveau arrêté qui va contraindre le magistrat à s'inscrire sur la droite ligne que trace le gouvernement.
C'est le lieu ici de rappeler la part de l'opinion dans l'iniquité de la justice congolaise qui reste hanté sur la quête du lucre. On peut l'aimer ou ne pas l'aimer, le travail abattu par le ministre Mutamba, en si peu de temps, mérite d'être soutenus.