Togo: Un gouvernement de transition vers la Ve République

La Première ministre du Togo, Victoire Tomégah-Dogbé
analyse

Faure Gnassingbé aura pris tout son temps. Presque quatre mois après les élections couplées législatives et régionales du 29 avril 2024, le président togolais a en effet procédé à un remaniement ministériel. C'était mardi.

Si certains s'attendaient à un grand chamboulement, ils auront remarqué que le locataire du palais présidentiel de Lomé a maintenu à son poste la Première ministre, Victoire Tomegah-Dogbé, à la tête du gouvernement depuis le 28 septembre 2020.

Sur une équipe de 35 membres, on enregistre 13 arrivées, 11 départs tandis que 17 ministres conservent leur maroquin. Au nombre de ceux-ci, les tôliers du gouvernement, à l'image du ministre des Ressources halieutiques, animales et de la Réglementation de la Transhumance, le général Damehame Yark, du ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, de Gilbert Bawara de la Réforme des services publics, du Travail et du Dialogue social, de Cina Lawson à l'Economie numérique, ou encore de Florence Yawoa Kouigan à la Communication, les Médias, et la Culture, porte-parole du gouvernement.

Le fait notoire, c'est l'entrée dans l'exécutif du porte-parole de l'Union des forces du changement (UFC) de Gilchrist Olympio, Isaac Tchiakpe, qui hérite du portefeuille de l'Enseignement technique.

Pas grand-chose à signaler donc. On l'aura compris, il s'agit en réalité d'un gouvernement de transition vers la mise en place des institutions prévues par la Ve République.

Rappelons en effet qu'en pleine campagne électorale, les autorités togolaises avaient procédé à une modification constitutionnelle qui a porté sur les fonts baptismaux une nouvelle République.

Parmi les changements majeurs introduits par cette nouvelle loi fondamentale, le passage d'un régime présidentiel à un régime parlementaire avec un Président du Conseil des ministres (Premier ministre) qui aura la réalité du pouvoir au détriment d'un président qui sera réduit à inaugurer les chrysanthèmes.

Alors que ses concepteurs y voient une réforme vertueuse allant dans le sens de l'amélioration de la démocratie togolaise, les contempteurs de cette Constitution ne cessent eux, de crier à des manoeuvres dont le seul but est de maintenir au pouvoir Faure Essozimna Gnassingbé, dont le mandat actuel expire en mars 2025. Le maître des horloges à Lomé semble d'ailleurs faire en sorte que la mise en place des nouvelles institutions coïncide avec la fin de son bail actuel.

Pour tout dire, Victoire Tomegah-Dogbé va presque assurer l'expédition des affaires courantes en attendant le grand chamboulement quand toute l'architecture institutionnelle de la nouvelle République sera en place.

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