Souhaité et encouragé par Moscou, le rapprochement entre le Niger et les autorités de l'est libyen basés à Benghazi se poursuit. Le ministre nigérien de l'Intérieur et de la sécurité publique Mohamed Boubacar Toumba a effectué ce 15 août, une visite de travail de trois jours à Benghazi, siège du pouvoir militaire et du gouvernement de l'est libyen désigné par le Parlement, mais non reconnu par la communauté internationale. Ce gouvernement est en concurrence avec celui de Tripoli, qui est lui, reconnu par l'ONU.
Lors de leur première rencontre, les deux ministres de l'Intérieur nigérien, Mohamed Boubacar Toumba, et libyen, Issam Abou Zriba, de l'est, ont réactivé des accords sécuritaires bilatéraux qui préexistaient, selon Benghazi. Ils ont discuté des moyens et des mesures pratiques qu'ils pourraient mettre en place pour accentuer le contrôle des frontières et faire tourner des patrouilles mixtes dans cette zone. Les deux parties sont tombées d'accord également sur l'échange d'informations et de renseignements sécuritaires.
Selon certaines sources, la question des migrants aurait été également évoquée. Le régime militaire nigérien a abrogé, en novembre 2023, une loi contre les trafiquants de migrants. La Libye comme la Tunisie craignent depuis l'afflux de subsahariens vers leur territoire via la frontière nigérienne. Un protocole d'accord pour des zones franches, relatif aux zones de libre-échange et aux zones économiques près de la frontière commune, a par ailleurs été signé.
Ce rapprochement entre ces deux alliés de Moscou acquiert pour elle une dimension stratégique. La Russie est bien décidée à concurrencer les pays occidentaux dans cette zone convoitée de l'Afrique. Depuis le 7 août 2024, l'armée nationale libyenne (ANL) a étendu sa présence dans le sud libyen, à la frontière avec le Tchad et le Niger.