Touba — A moins de deux jours de la célébration de la 130e édition du Grand Magal de Touba, de nombreuses familles se disent inquiètes à cause des eaux pluviales présentes dans les concessions et artères de la ville religieuse où les pèlerins affluent en nombre pour commémorer le départ en exil du fondateur du mouridisme.
Au quartier Guédé, le décor, par endroit, atteste de la forte quantité d'eau enregistrée depuis le début de l'hivernage mais surtout ces derniers jours dans la capitale du mouridisme. Plusieurs routes sont impraticables à cause des flaques d'eau.
Automobilistes, charretiers et piétons éprouvent d'énormes difficultés à circuler convenablement. Vêtu d'un "turki Ndiareme", un accoutrement à l'identité mouride, Moustapha Dieng estime que la situation est difficile pour les habitants du quartier mais surtout pour les hôtes.
Sur cette route qui mène directement à la grande mosquée, les usagers sont obligés de faire un grand tour à cause des eaux qui résistent au dispositif de pompage mis en place.
Au quartier Nguiranène, l'un des sites les plus critiques, selon un membre du comité d'organisation sous couvert de l'anonymat, les populations sont déboussolées et ne savent plus où donner la tête à cause des eaux pluviales.
Dans certains quartiers, plusieurs concessions sont abandonnées, les occupants n'ayant pas de choix cohabitent avec les eaux. C'est le cas dans plusieurs quartiers périphériques de la ville de Touba.
"Depuis que la célébration du Magal a commencé à coïncider avec l'hivernage, nous vivons la même situation. Nous avons tous les problèmes du monde pour accueillir convenablement nos hôtes", soutient Sokhna Awa Sylla.
Cette habitante de Darou Manane, un quartier de la commune de Touba, la quarantaine révolue, appelle les autorités à renforcer le dispositif de pompage pour soulager les populations pendant le Magal.
Souleymane Ndiaye, un pèlerin qui vient d'arriver à Touba, estime que la situation est certes difficile mais le fondateur du mouridisme en vaut la peine. "C'est difficile de passer le Magal dans ces conditions mais on n'a pas le choix", martèle le disciple mouride.
Selon lui, en dépit des efforts consentis, les nouvelles autorités doivent mettre l'accent sur l'assainissement de la ville de Touba.
"Je sais que les autorités ont investi beaucoup d'argent à Touba pour régler le problème des inondations, mais il reste entier. Donc il faut changer de fusil d'épaule", suggère t-il.
Il estime que la mairie de Touba, de son côté, ainsi que les bonnes volontés doivent retrousser les manches pour soulager les populations qui pataugent dans les eaux.
Amy Ndiaye résidante au quartier Darou Miname dit être optimiste grâce aux engagements du président de la République.
En attendant une solution durable, une bonne partie des populations de la ville de Touba s'est habituée à célébrer le 18 Safar dans les eaux.
Malgré le déploiement des services techniques de l'Office national de l'assainissement (ONAS) et de la brigade des sapeurs-pompiers, l'accès reste difficile pour les pèlerins, du moins dans certains quartiers.
Dans certains endroits de la ville, l'accès est difficile voire impossible pour les visiteurs. "Nous sommes fatigués, depuis plus de deux ans on cohabite avec les eaux de pluie pendant le Magal", déclare un habitant de Touba rencontré non loin de la grande mosquée.
Comme l'année dernière, déclare Fallou Sylla, beaucoup d'habitants ne vont pas célébrer le Magal chez eux à cause des eaux pluviales. "Beaucoup de maisons sont complètement envahies par les eaux, ce qui pousse ainsi leurs occupants à quitter les lieux", explique-t-il.