L'histoire de ce village de la province du Poni (Gaoua), dans la région du Sud-ouest du Burkina Faso, est marquée par une période de terreur et de résilience. De janvier 2023 à février 2024, le village a été isolé des villages environnants en raison de l'emprise des terroristes. Grâce à l'intervention de l'armée, il a finalement été libéré, permettant à ses habitants de retrouver une certaine quiétude afin de vaquer librement à leurs occupations.
Le patriarche (chef) d'un village situé dans la province du Poni, région du Sud-ouest, Dramane (nom d'emprunt), âgé de 88 ans, et les autres villageois ont fait face à des épreuves extrêmement difficiles.
En effet, durant un an, du 6 janvier 2023 à février 2024, le village a été isolé des villages environ- nants par les terroristes qui ont coupé toutes les voies de sorties. Confrontés à l'impossibilité de quitter le village, les populations ont décidé de rester sur place et de se confier à Dieu et à leurs ancêtres.
Madou (nom d'emprunt), le fils du chef, raconte que c'est grâce aux conseils de son père que le village a pu « résister ». Selon ses explications, l'octogénaire a rassemblé les villageois pour leur dire de ne pas quitter le village, affirmant que s'ils partaient, ils n'échapperaient pas à la mort, avant d'encourager les villageois à rester et à mourir devant leurs ancêtres si cela devait arriver.
Cette période d'isolement a forcé les populations à développer une forme de résilience pour survivre. Chaque vrombissement de moto faisait trembler les habitants qui se cachaient par crainte d'une attaque imminente.
« Quand nous entendions le vrombissement des motos, nous nous cachions », confie le patriarche. Madou renchérit qu'à chaque bruit suspect, « chacun cherchait un abri, tout le monde vivait dans une vigilance constante ».
La protection du « wack »
La croyance au « wack » (fétiches) du village a aussi joué un rôle central dans leur survie, foi de Madou.
Selon lui, ces protections mystiques empêchaient quiconque nourrissant de mauvaises intentions de nuire aux habitants. « Celui qui vient dans le village avec de bonnes intentions, les ancêtres l'autorisent à entrer mais celui qui vient pour faire le mal, il n'a pas accès au village », affirme- t-il.
Iso (nom d'emprunt), une femme du village, se souvient des difficultés qu'elles ont endurées pendant cette période. « Nous manquions de tout, même du sel pour cuisiner. Nous avons dû utiliser du sel destiné aux animaux », se rappelle-t-elle.
La vie quotidienne était une lutte, les tâches ordinaires comme laver les vêtements ou moudre la farine devenant presque impossibles en l'absence de moulin (carburant). Malgré tout, les villageois ont tenu bon, même dans les moments les plus sombres.
C'est le cas de cette femme qui a dû accoucher en pleine crise, sans accès à des soins médicaux, sous le regard inquiet de ses proches.
Aujourd'hui, le village remercie Dieu pour le calme retrouvé et exprime sa gratitude envers les forces combattantes pour leur intervention qui l'a libéré. Leur histoire est un témoignage de la résilience humaine face à l'adversité.