Ile Maurice: Ashock Jugnauth, le «père» de «Lakwizinn» !

Rendons à César ce qui appartient à César ! Ashock Jugnauth a été le premier politicien à évoquer le terme de Lakwizinn. Alors qu'il y avait trois Jugnauth au cabinet en 2000, Ashock, Pravind et Anerood. Peu après avoir quitté le Mouvement socialiste militant (MSM) après la défaite de 2005, Ashock Jugnauth avait déclaré dans la presse que certaines décisions du MSM et du gouvernement dirigé par ce parti étaient prises lors de conversations dans la cuisine familiale pendant la préparation des repas, soit chez sir Anerood Jugnauth (SAJ), soit chez Pravind Jugnauth. D'ailleurs, lors d'un entretien à l'express, paru le 10 février 2021, il avait dit : «J'étais très proche de Pravind Jugnauth. Il venait dîner chez moi. Je lui donnais de bons conseils. Il me disait qu'il allait réfléchir, il rentrait chez lui, mais pas pour réfléchir, plutôt, pour demander à son épouse ce qu'il [devait] faire. C'est pour cette raison que j'avais dit que des décisions étaient prises dans la cuisine.» La nouvelle cuisine est dirigée par des proches, qui gravitent autour de Pravind Jugnauth.

Pour revenir à la séparation entre Ashock Jugnauth et son frère, Anerood, ainsi qu'avec son neveu, Pravind Jugnauth, celle-ci remonte après la défaite de l'alliance Mouvement militant mauricien (MMM)- MSM en 2005. SAJ était déjà au Réduit alors que Pravind Jugnauth, le leader du MSM, n'avait pas été élu dans la circonscription no 11, Vieux-Grand-Port-Rose-Belle. Après cette débâcle, le partenaire du MSM, Paul Bérenger, commençait à promouvoir l'image d'Ashock Jugnauth. Une démarche qui n'avait pas plu au leader du MSM et à son entourage. Il y a eu la cassure entre les deux partis et, sans le soutien du MSM, Paul Bérenger a dû soumettre sa démission comme leader de l'opposition. Le MSM avait alors nommé Nando Bodha, leader de l'opposition, au détriment d'Ashock Jugnauth.

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C'est à partir de ce moment-là que la famille Jugnauth s'était scindée. «J'étais le plus ancien et j'étais un ancien ministre. Il n'était pas question que mes juniors au sein du parti passent sur ma tête. Je ne pouvais pas me laisser humilier. J'avais fait comprendre que je n'allais pas rester si le poste du leader de l'opposition allait à quelqu'un d'autre», avait expliqué Ashock Jugnauth à l'express, en 2021. Il devait alors quitter le MSM, en avril 2006, pour fonder l'Union Nationale, tout en prenant ses distances de son frère et de son neveu. Par la suite, le jugement du Privy Council dans l'affaire de Raj Ringadoo avait annulé l'élection d'Ashock Jugnauth dans la circonscription no 8, Quartier-Militaire-Moka. Pravind Jugnauth, avec le soutien du Parti travailliste, devait affronter son oncle (soutenu par le MMM) lors de la partielle de 2009. C'est ainsi que le leader du MSM avait pu faire son retour au Parlement.

Politique et famille : Son oncle aux côtés du Premier ministre après 18 ans

Même si Ashock Jugnauth a déclaré le 20 août, lors de l'inauguration de l'hôpital sir Anerood Jugnauth (SAJ) de Flacq, qu'il ne s'est pas rapproché du MSM, la famille Jugnauth, elle, semble bien se resserrer les coudes. Il devait préciser que la famille «korek». Citant son neveu Premier ministre, Pravind Jugnauth, il a dit tout le bien qu'il pense du nouvel hôpital qui porte le nom de son défunt frère, SAJ, et semble avoir mis les hostilités, familiales du moins, derrière lui.

L'ancien ministre de la Santé, qui avait formé son propre parti, l'Union Nationale, a cependant nié tout rapprochement avec le MSM. Concernant le nouvel hôpital, il a déclaré : «Lopitalla modern. Sa kantite larzan inn investi-la.» Cette remarque semble vouloir dire qu'avec tout cet investissement, on ne devrait pas s'attendre à moins. Du reste, il devait ajouter que lorsqu'il était ministre de la Santé, il avait fait ce qu'il pouvait.

Ashock Jugnauth a été l'adversaire de Pravind Jugnauth lors de la partielle de 2009, et des élections générales de 2010, 2014 et 2019. On nous fait comprendre que si Ashock Jugnauth et sa fille, la magistrate Shavina Jugnauth, étaient présents à Flacq (photo), c'était juste parce que l'hôpital porte le nom du frère et de l'oncle. Or, Ashock Jugnauth n'était pas présent pour les autres inaugurations, notamment la statue de SAJ ou le pont SAJ. N'avait-il pas été invité ? Et l'a-t-il été, rien que cette fois, en tant qu'ancien ministre de la Santé ? On l'ignore. Nous avons tenté en vain de contacter Ashock Jugnauth.

Quant à la suggestion qu'une Jugnauth de la seconde ou troisième génération puisse être candidate aux prochaines législatives, on nous fait comprendre que cela pourrait être une bonne idée, notamment au no 7 où feu SAJ s'était presque toujours fait élire, et que le nom de Jugnauth suffirait à y mobiliser les troupes. On nous explique aussi que les filles de Pravind Jugnauth, elles, sont encore trop jeunes pour se lancer dans la politique. Mais ce sera pour bientôt, nous promet-on. Pourquoi s'arrêter au fils ?

«Mo fek ne la. Apre mo pou koze»

Sa présence n'est pas passée inaperçue à l'inauguration de l'hôpital SAJ, à Flacq. Même s'il voulait se la jouer discret, il n'a pas pu échapper aux questions des journalistes, d'autant plus qu'il y était avec sa fille. «Mo fek ne la. Dan trwa-z-an mo pou koze. Lopital-la modern. Sa kantite larzan inn investi-la. Lopital-la bon. Nounn fer bann lopital kan mo ti la. Li ti bon pou sa lepok-la», a expliqué Ashock Jugnauth. Questionné sur un potentiel rapprochement avec le MSM à la veille des élections générales, Ashock Jugnauth s'est montré catégorique. «Pena raprosman lavey eleksion. Mo mem pa kone kan eleksion. Lafami korek, se enn fe.»

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