Treize athlètes mauriciens étaient en action aux Jeux olympiques de Paris. Malheureusement, personne n'est parvenu à se hisser sur le podium. Cela fait donc maintenant 16 années que dure cet insuccès, cette incapacité de nos sportifs à s'affirmer dans ce qui est considéré comme la plus grande manifestation sportive au monde, la médaille de bronze olympique de Bruno Julie - l'unique que notre pays compte - remontant à 2008 à Pékin.
Un échec dans la réalisation d'un objectif, qu'il soit sportif ou autre, est immédiatement suivi, chez les personnes ayant un minimum de bon sens et d'intelligence, par une remise en question, laquelle est fort probablement suivie d'un réajustement du plan et forcément d'une révision des méthodes initialement adoptées en gardant bien en tête le but à atteindre. Continuer à entretenir, après un revers, des ambitions élevées sans apporter les changements nécessaires relève de la pure folie.
Cela étant dit, quelle lecture faire de l'absence de performances des athlètes mauriciens aux quatre éditions des Jeux olympiques qui ont suivi Pékin, en l'occurrence Londres 2012, Rio 2016, Tokyo 2020 et Paris 2024 ? Simple, que rien n'a été fait. Pourtant, la médaille de Bruno Julie devait être une base solide pour l'élaboration et la mise en place d'un programme national de haute performance. Mais hélas, il n'en fut rien...
Le fait que l'on vit sur une petite île n'est aucunement un problème. Que l'on ait seulement 1,3 million d'habitants non plus. Le problème, ce n'est pas la taille de notre territoire ni celle de notre réservoir d'athlètes. Encore moins d'argent quand on considère les milliards qui sont gaspillés chaque année, comme mentionné dans le rapport de l'Audit. L'argent, on en a et quand on nous dit qu'on en a pas, c'est juste parce qu'il est mal géré.
Le problème donc chez nous, c'est l'absence de vision et de volonté qui s'étend à plusieurs niveaux. Au ministère des Sports, tant que l'on aura à la tête de celui-ci un politicien, vêtu de la couleur de son parti et soucieux de plaire et de vanter son leader à la moindre occasion à la place d'un véritable passionné du sport sensible aux besoins des athlètes dans leur quête d'excellence, ça n'avancera pas.
Que dire du Comité olympique mauricien (COM) sinon qu'il a lamentablement failli à sa mission d'aider nos athlètes dans leur ascension vers les sommets. Le COM de Philippe Hao Thyn Voon n'a également jamais été capable de véhiculer fidèlement les valeurs olympiques. Ses décisions et agissements ont été très souvent à l'opposé de celles-ci. Quel héritage, d'ailleurs, laissera Philippe Hao Thyn Voon à son départ ? Rien ou presque. Les observateurs neutres sont unanimes à dire qu'il a fait plus de tort que de bien au sport. On espère qu'il ne va pas, comme la dernière fois, faire amender les statuts pour s'offrir un nouveau mandat à la présidence. Maintenant, s'il est succédé par un de ses actuels disciples, là aussi on est mal barré... «Sap dan pwalon tom dan dife» comme on dit !
Les dirigeants fédéraux sont aussi coupables, dans une large mesure, de l'absence de performances de nos sportifs. L'incompétence qui caractérise nombre d'entre eux nuit énormément à l'évolution des disciplines qu'ils sont censés servir et à celle des sportifs. Je ne sais pas pourquoi je pense à Noa Bibi en écrivant ces lignes, celui qui s'est retrouvé à Paris sans son entraîneur, mais avec le président de l'association dont il est licencié... Comment est-ce normal ? Quelle a été l'utilité de ce dernier ? Lui seul le sait.
Je ne veux pas être mauvaise langue, mais à moins de remédier à ces déficiences, dans quatre ans, les athlètes mauriciens qui iront à Los Angeles reviendront, encore, bredouille au pays.