Faut-il désespérer du Soudan? Cette question est loin d'être saugrenue; tant les efforts de médiation pour trouver une issue pacifique à la crise, peinent à aboutir.
Le dernier exemple en date, est le blocage auquel font face les pourparlers de paix ouverts depuis le 14 août à Genève en Suisse, en vue de trouver un accord de cessez-le-feu entre l'armée soudanaise et les forces paramilitaires rivales, les Forces de soutien rapide (RSF).
En effet, cette initiative heureuse entreprise par les Etats Unis, et soutenue par la Suisse, l'Égypte, les Émirats arabes unis ainsi que l'Union africaine, a été fortement compromise par le refus d'une des parties de prendre part aux échanges. Il s'agit, en l'occurrence, de l'armée régulière qui représente le gouvernement soudanais, qui a opposé un refus catégorique de s'asseoir à Genève, à la même table que certains médiateurs qu'elle accuse de jouer un rôle trouble dans le conflit soudanais.
Le camp du général Abdel Fattah al-Burhan qui semble préconiser une solution africaine à la crise, avait, suite à son boycott du rendez-vous de Genève, demandé une autre rencontre qui devait se tenir au Caire en Egypte. Le principal médiateur que sont les Etats- Unis, s'était montré favorable à cette requête. Un nouvel espoir était donc né. Car, on croyait fermement que le rendez-vous du Caire allait permettre d'aplanir les divergences en vue de pourparlers de paix inclusifs. Mais hélas, ce fut encore un rendez-vous manqué.
Ce nouveau fiasco réduit les chances de succès des pourparlers de paix
Pour cause, la délégation représentant le gouvernement soudanais qui devait rencontrer la délégation américaine le 20 août, s'est, contre toute attente, désistée. En effet, elle a annulé son déplacement, alors même que le secrétaire d'État américain Antony Blinken était déjà présent sur place au Caire.
Les raisons de cette volte-face, à en croire la presse soudanaise, seraient liées à la rétraction de l'envoyé spécial américain Tom Perriello qui s'est retourné à Genève, le jour même où la rencontre devait avoir lieu avec la partie soudanaise en terre égyptienne. Selon toujours la presse soudanaise, le gouvernement soudanais n'y verrait «aucune utilité à se déplacer au Caire en l'absence de l'envoyé spécial américain» qui, du reste, exigerait le changement du chef de la délégation soudanaise, le ministre Mohamad Bachir Abou Nemmo.
Ce dernier, selon le négociateur américain, aurait «des positions trop strictes» en ce qui concerne l'application des résolutions de Djeddah, signées en mai 2023. A l'évidence, chacune des deux parties a ses propres raisons dont le caractère divergent a eu comme conséquence, le rendez-vous manqué du Caire. Ce nouveau fiasco diplomatique n'est assurément pas une bonne nouvelle en ce sens qu'il vient réduire les chances de succès des pourparlers de paix qui se mènent en Suisse en vue d'une sortie de crise au Soudan.
En tout cas, avec l'échec du Caire, on s'éloigne, de plus en plus, d'un accord de cessez-le-feu qui était pourtant l'un des objectifs de ces échanges qui visaient également à trouver des solutions pour un acheminement conséquent et rapide de l'aide humanitaire afin d'assister les milliers de Soudanais durement frappés par les effets de la guerre qui dure depuis près d'un an et demi. Même si les pourparlers de Genève qui se poursuivent, ont permis d'obtenir l'ouverture de trois routes pour l'acheminement de l'aide humanitaire, cela reste insuffisant pour un pays qui vit la situation humanitaire « la plus mauvaise au monde », selon les Nations Unies.
C'est en cela que l'appel lancé lors des pourparlers de Genève, aux deux camps rivaux, les invitant à appliquer les résolutions de Djeddah, a tout son sens. En rappel, ces accords appellent au retrait des Forces de soutien rapide (FSR) des villes et villages, ainsi que des habitations, des hôpitaux et centres médicaux, qu'elles occupent ; l'objectif étant de garantir la sécurité des civils.