Le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 21 août 2024, a adopté deux rapports qui portent respectivement érection de l'Agence d'information du Burkina (AIB) en Etablissement public de l'Etat à caractère administratif et approbation des statuts particuliers de la nouvelle structure. Retour sur l'historique et les différentes mutations qu'a connues l'ex-Agence voltaïque de presse (AVP), créée le 27 mai 1964.
En 1999, l'Agence d'information du Burkina (AIB) avait perdu son autonomie avant d'être rattachée au quotidien Sidwaya pour former l'établissement Les Editions Sidwaya en 2001. Mais désormais, l'AIB qui était jusque-là une direction des Editions Sidwaya est un Etablissement public de l'Etat à caractère administratif. Le gouvernement burkinabè en a décidé ainsi, en Conseil des ministres du mercredi 21 août 2024.
Selon le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, cette érection permettra de donner à l'AIB tous les moyens pour assumer pleinement la mission de collecte, de traitement et de mise à disposition d'une information saine et professionnelle au profit des institutions et des médias. Cette nouvelle mutation est une nième dans la vie de l'Agence créée le 27 mai 1964, sous l'appellation Agence voltaïque de presse (AVP), quatre ans après l'accession du pays à la souveraineté nationale et internationale (5 août 1960).
Sa mission, comme celles de toutes ces agences nationales de presse qui fleurissaient sur un continent qui cherchait ce canal pour faire sa communication, était de collecter, centraliser, traiter et diffuser l'information sur toute l'étendue du territoire national et à l'extérieur. « En un mot, l'agence a été créée pour être la voie officielle et l'interprète de l'opinion publique et de la pensée du pouvoir politique », explique Jean Philippe Tougouma, journaliste et membre du comité éditorial de Sidwaya, mais aussi ancien agent de l'AIB et son directeur de 2008 à 2009.
La vie de l'AVP n'a pas été un cours d'eau tranquille, soutient-il. « La première étape va de 1964 à 1977 où l'Agence est restée rattachée à la Direction de l'information. A cette époque, l'AVP n'avait pas d'existence propre. Le personnel, le matériel ainsi que les productions appartenaient à ce service », détaille-t-il. La deuxième étape, poursuit-il, va de 1977 à 1990 et constitue une période où l'Agence retrouve ses marques. « En effet, il a fallu attendre le décret du 26 janvier 1979 portant réorganisation du ministère de l'Information pour voir un début d'existence réelle de l'AVP érigée en direction avec un siège provisoire, du
personnel propre à elle et un organigramme afin d'accomplir son rôle de grossiste de l'information. Le budget de fonctionnement qui était de 1 million F CFA est passé à 5 millions F CFA en 1979 », note M. Tougouma.
De l'AVP à l'AIB
En 1982, le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) du colonel Saye Zerbo a tenté de supprimer l'AVP parce qu'elle n'était pas rentable. Mais en 1983, l'avènement du Conseil national de la révolution (CNR) va susciter un certain espoir à l'AVP qui ajoute à ses activités, l'envoi du bulletin hebdomadaire aux représentations diplomatiques de la Haute-Volta à l'étranger.
« Le 8 mai 1984, le CNR redéfinit le rôle de l'AVP en règlementant l'utilisation des nouvelles des agences étrangères et la publication des communiqués de presse. Trois mois plus tard, le 4 août 1984, avec le changement de nom du pays, l'AVP devient AIB (Agence d'information du Burkina), après avoir été brièvement ABP (Agence burkinabè de presse), parce que le Bénin avait aussi Agence Bénin presse, qui obligea le Burkina a opté pour l'AIB », se souvient Jean Philippe Tougouma.
La troisième étape qui va de 1991 à 2001 est considérée comme étant celle du printemps de la presse avec l'éclosion de la presse privée. En 1999, l'AIB perd sa souveraineté et est annexée à Sidwaya pour d'abord donner l'ONAES (Office national de l'information et des Editions Sidwaya), puis finalement « Les Editions Sidwaya », en septembre 2001, pour constituer un groupe de presse. Cette érection de l'AIB en Etablissement public de l'Etat à caractère administratif est donc une nouvelle étape dans la vie de l'agence qui fête cette année, ses 60 ans.
Aujourd'hui, l'AIB est devenue l'un des médias les plus suivis et pour cause, l'organe est au coeur de l'actualité sécuritaire qu'elle diffuse et qui voit pratiquement tous les organes la reprendre. « Avec sa cinquantaine de correspondants à travers le pays, elle se laisse découvrir par les populations. De plus, la crise sécuritaire que connait notre pays positionne l'AIB comme un média de référence. Cela doit être un prétexte pour l'organe de trouver des adjuvants. La guerre contre le terrorisme finira un jour, Dieu aidant. Il faudra alors à l'AIB de trouver d'autres alternatives qui ne manquent pas », estime Philippe Tougouma.