Ile Maurice: Notre Kelly Wayne a le vent en poupe

On peut dire que l'artiste-peintre d'origine mauricienne Kelly Wayne, qui a dû s'exiler en France pour que son statut de femme transgenre soit officiellement reconnu, a le vent en poupe.

En sus d'avoir obtenu son titre de séjour en tant que réfugiée de l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA), en juillet 2023, elle vient d'obtenir un titre de voyage sous son nom de femme. Sans compter que son carnet d'expositions est bien étoffé jusqu'à la fin de l'année. Et que ses lives cartonnent sur TikTok.

C'est une femme pleinement heureuse avec laquelle nous avons communiqué par e-mail et sur WhatsApp au cours de la semaine écoulée. Kelly Wayne est en droit de jubiler car en sus d'avoir reçu son titre de séjour en tant que réfugiée de l'OFPRA, le 11 juillet 2023, elle vient de recevoir son titre de voyage sous son identité de femme et à son nom, délivré par la préfecture du Havre, ville où elle réside. «Je me sens moins stressée et je suis enfin contente d'être légale sur le territoire français», déclare-t-elle en riant.

Bien que ce titre de séjour soit de dix ans, il ne peut être révoqué tant que sa situation reste inchangée. «On m'a donné dix ans mais c'est comme un titre de séjour à vie. Il ne sera pas révoqué car la procédure veut que l'on accorde dix ans renouvelables à vie tant que ma situation de réfugiée ne change pas.»

%

Avec ce titre de séjour, Kelly Wayne peut désormais entamer les procédures afin d'obte- nir sa naturalisation française. «Je n'obtiendrais pas la nationalité française automatiquement. Il faudra que je fasse une demande pour. En revanche, avec ce titre de séjour, je pourrais être naturalisée plus facilement.»

Obtenir un titre de voyage sous son identité de femme transgenre est en rêve pour elle car il lui permet d'effectuer des déplacements outre-mer dans n'importe quelle partie du monde, excepté à Maurice car elle a obtenu son statut de réfugiée et ce titre de séjour après avoir prouvé aux autorités françaises que le gouvernement mauricien refusait de reconnaître officiellement son identité de femme transgenre. Mais une fois qu'elle obtiendra sa nationalité française, elle pourra venir en vacances à Maurice. «La naturalisation annulera le titre de séjour de réfugiée et je pourrais effectivement revenir à Maurice pour des vacances.»

Le carnet d'exposition de Kelly Wayne ne désemplit pas. Au cours du mois de juillet, elle a exposé ses tableaux pendant un mois à la galerie Aub'Art au Havre. Depuis la mi-août, elle est descendue à Grasse, ville dans le sudouest de la France, plus précisément sur la Côte d'Azur, où depuis le 18 août, ses tableaux sont visibles à la galerie Is'art. Ils le seront jusqu'au 12 septembre.

Kelly Wayne repartira ensuite pour le Havre où elle préparera une exposition avec deux autres artistes, un photographe et un portraitiste. Cette exposition en trio devrait avoir lieu en octobre dans le théâtre Le Normandy, actuellement en rénovation. Kelly Wayne explique la portée historique de ce lieu. «C'est un lieu prestigieux, un des rares monuments au Havre à n'avoir pas été bombardé et détruit durant la Seconde Guerre mondiale. L'histoire de cette ville est très émouvante. J'ai d'ailleurs fait un tableau sur ce théâtre. Et j'ai déjà commencé ma nouvelle collection de tableaux pour l'an prochain.»

La belle Kelly Wayne a été approchée pour qu'elle pose sa candidature pour le concours Miss T France l'année prochaine. Ce concours promeut la diversité et la transidentité et est une plateforme luttant contre la transphobie et les discriminations. «Je n'ai pas encore pris de décision à ce sujet. Je suis encore en réflexion.»

Depuis qu'elle présente ses tableaux et fait des lives sur le réseau social Tik Tok, les abonnés affluent. Elle a actuellement 72 000 abonnés dont plusieurs sont de Maurice. «Pour tout vous dire, ce n'était pas mon objectif d'être sur Tik Tok au début. Je m'y suis mise pour présenter mes tableaux, et après, j'ai pu renouer avec des Mauriciens. Cela me fait super plaisir à chaque fois que je fais un live et que je discute avec des Mauriciens en kreol car je tiens à garder un lien avec mes racines. Je remercie tous ceux qui me soutiennent sur les réseaux sociaux, y compris mes compatriotes. J'estime qu'il ne faut jamais oublier d'où l'on vient pour savoir où l'on va. Je n'ai jamais eu honte de mon passé ni de ma culture, même si j'ai rencontré des problèmes administratifs à Maurice. Je suis Mauricienne de naissance et je suis fière de dire que je le suis. Il faut savoir qu'à chaque exposition que je réalise en France ou à chaque live que je fais sur Tik Tok pendant que je peins, je représente la culture mauricienne et notre belle île à travers mon parcours. Je suis loin certes mais mon île restera à jamais dans mon coeur.»

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.