L'escalade de l'extrémisme violent et des conflits crée l'instabilité en Afrique de l'Ouest avec la montée croissante des Groupes armés non étatiques (Gane). A cause des attaques armées, la population a tout perdu, devenue déplacée dans une région étrangère, parfois sur son propre territoire.
Selon la directrice exécutive de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Ghada Waly, la menace que représentent les attaques armées et le crime organisé s'installe durablement en Afrique. L'organisation a dénombré 3500 victimes d'actes de terreur en 2023.
L'Afrique de l'Ouest, notamment le Sahel, subit les assauts de groupes armés parmi les plus actifs et les plus meurtriers au monde, pratiquant des trafics de tout genre pour assurer leur survie, multipliant les attaques, alimentant des conflits, consolidant leur contrôle sur les territoires, étendant leurs opérations et procédant au recrutement, réduisant ainsi les efforts de paix.
L'origine du financement des groupes armés
Selon Ghada Waly, l'exploitation illégale des minerais (or, argent et diamant) constitue une source de revenus importante pour les groupes armés qui sévissent en Afrique de l'Ouest et dans le Sahel. A cela s'ajoutent le trafic d'espèces animales sauvages, le commerce illégal de l'ivoire, la traite des humains et autres. Ces activités alimentent les conflits et l'instabilité de la région, plongeant, par ailleurs, des centaines de millions d'Africains dépendant de ces ressources naturelles dans l'extrême pauvreté.
Trafic d'or, d'armes, le kidnapping et d'autres minerais
Le Forum intergouvernemental sur les mines évalue l'ampleur de la contrebande d'or sur l'année 2019 à plus de 120 millions de dollars perdus pour le Niger, le Mali et le Burkina Faso ; des milliards de dollars perdus à cause de l'exploitation illégale de minerais, selon un rapport-2024 « Leçons tirées des expériences régionales de l'Afrique de l'Ouest dans le secteur de l'or » de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.
La perte de munitions et d'autres matériels létaux par les forces armées et les opérations de paix africaines sont un facteur-clé du maintien des groupes militants à l'origine de l'instabilité sur le continent, selon le Centre d'études stratégiques de l'Afrique. Dans son rapport sur les trafics d'armes illicites en Afrique de l'Ouest, l'ONUDC a relevé divers types d'armes qui sont généralement saisis.
L'autre source de financement de ces groupes reste les enlèvements ou le kidnapping. Ces groupes armés sont également actifs dans l'exploitation forestière, le vol de bétail, la taxation illicite, les enlèvements ou la traite d'êtres humains. Les enlèvements ou le kidnapping sont aussi une source de financement. Un rapport du Groupe d'action financière note l'existence d'une industrie de kidnapping lucrative dans la région du Sahel par Aqmi, Mujao et d'autres groupes terroristes.
Le lourd tribut payé par la population civile
87% des événements violents au Sahel sont concentrés au Burkina Faso et au Mali. Le nombre de victimes ou de décès liés à l'extrémisme violent a augmenté de 50% en 2023, selon le Centre d'études stratégiques de l'Afrique, battant le record de 2015. Le nombre de décès liés à des groupes islamistes militants a atteint 22 288 au cours des douze derniers mois.
Soit une augmentation de 48 % par rapport à 2023, année durant laquelle 15 024 personnes avaient été tuées. Ce nombre est plus de deux fois supérieur au rythme enregistré il y a dix ans et plus élevé que le record de 20 562 établi en 2015. Le groupe islamiste Boko Haram est pointé derrière ces violences meurtrières.
Les actions menées pour réduire l'influence des groupes armés
Ghada Waly indique que l'ONUDC est en mesure de travailler avec les Etats membres pour prévenir et combattre des crimes qui menacent l'environnement. Le contrôle des États serait trop faible pour restreindre les efforts de financement de ces groupes extrémistes armés.
L'absence d'institutions stables et de gouvernance au sein des États fragiles favorise l'accès de ces groupes armés à un espace sûr où ils peuvent exploiter les failles du dispositif mondial de lutte contre le financement du terrorisme, la légèreté des contrôles au niveau des frontières et l'élargissement des activités criminelles pour obtenir les ressources qu'ils demandent.
« L'initiative de lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest aide les pays à mettre en œuvre des mécanismes de gel des avoirs illégaux et a déjà permis les premières désignations sur une liste nationale de sanctions », indique l'ONUDC.