Des Gabonais ne reconnaissent plus leur société civile pourtant très critique du temps du président Ali Bongo.
Depuis le coup d'Etat militaire au Gabon, le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, a procédé à la nomination de plusieurs figures emblématiques de la société civile dans son gouvernement.
Connue auparavant pour ses positions claires face aux injustices que subit la population, depuis le début de la transition militaire, la société civile semble être devenue muette.
La lutte contre les injustices sociales, la question des meurtres impunis perpétrés par des militaires, la quête de justice par les victimes des violences post-électorales de 2009 et 2016 : tous ces combats, anciennement menés, semblent avoir été relégués au second plan.
C'est en tout cas l'avis d'Astanyas Bouka, analyste politique.
"La société civile a sacrifié, sur l'autel du nombrilisme, les grands principes ayant conduit son action, celle d'une lutte noble et vertueuse, pour le bien-être des populations gabonaises", dit l'analyste.
La société civile se défend
Pour Georges Mpaga, défenseur des droits de l'Homme, très engagé au Gabon et en Afrique centrale, qui a été nommé au Conseil économique, social et environnemental par le chef de la junte, la participation de la société civile dans le processus de transition est normale.
"Nous sommes impliqués dans la transition parce que nous avons favorisé ce processus, nous avons contribué au démantèlement du système Bongo, par nos actions de lobbying, de plaidoyer et de contestations", estime Georges Mpaga.
Selon lui, contrairement à ce que certains pourraient penser, la société civile observe et fait des propositions, même si elles sont prudentes.
"Nous avons posé des questions, nous avons fait des déclarations publiques. Nous n'allons pas faire un travail de violente contradiction, mais nous sommes là pour faire des remarques, faire des contributions, faire du lobbying et des plaidoyers."
Aujourd'hui, les prises de parole de la société civile consistent souvent à mener des actions contre le pouvoir déchu.
Cette situation fragilise la confiance du peuple dans le processus de transition, car elle donne l'impression que les institutions et les représentants, censés incarner la voix des sans-voix, sont en réalité au service d'intérêts particuliers.