À Kaga-Bandoro, 30 000 habitants renouent avec la paix après des années de crise sécuritaire. Entre 2013 et 2016, la ville était divisée en deux parties : les musulmans d'un côté et les chrétiens de l'autre, séparés par la rivière Nana. Après le départ des rebelles, chassés par les forces armées centrafricaines et leurs alliés, la situation s'est stabilisée et les deux communautés cohabitent. Reportage.
Ce matin, alors que les rayons du soleil percent les brouillards, un corbeau vient se poser sur le pont de la rivière Nana.
Maximilien tire sur sa cigarette, enlève ses lunettes et souffle doucement. « La ville était coupée en deux et ce pont était la ligne rouge. Personne ne pouvait traverser sans se faire tuer. L'ambiance était dominée par les tueries, les viols, les enlèvements et les scènes de pillage, c'était un véritable enfer. »
Aujourd'hui, le couvre-feu est levé et presque tous les édifices publics de la ville sont en reconstruction. Assis sur une tombe à côté de sa maison au quartier Mambéya, Hubert essaie reconstruire sa vie : « C'est la tombe de ma femme tuée pendant la crise. La paix est revenue et j'essaie d'oublier ce souvenir atroce. Nos enfants vont à l'école, les hôpitaux fonctionnent, nous avons accès à l'eau portable, aux activités économiques et la violence s'est arrêtée. »
La justice suit son cours
Même si les conditions sécuritaires et humanitaires se sont améliorées, plusieurs milliers de victimes réclament désormais la justice. Mohamed Ayoya, coordonnateur humanitaires est conscient de la situation : « Il y a eu un certain nombre d'acteurs criminels qui justement ont été arrêtés, qui ont été jugés et je sais qu'aussi aujourd'hui sur la table de la CPS, il y a pas mal de dossiers qui sont en cours d'étude et qui feront l'objet justement du jugement dans le futur. »
Les acteurs de développement se déploient progressivement dans la ville pour créer les conditions d'un développement durable.