Sénégal: Plus de 800 sites d'orpaillage clandestins recensés sur la Falémé (acteur)

Plus de 800 sites d'orpaillage clandestins ont été recensés le long de la Falémé, le principal affluent du fleuve Sénégal, a appris l'APS du président de l'association "Wassaton" 1 et 2 pour la sauvegarde de la Falémé du Mali, Adama Ndiaye.

"Nous avons recensé en 2021, 600 sites clandestins au niveau de la Falémé. Nous avons réalisé cette année encore un autre recensement avec le collectif +Sauvons la Falémé+. Plus de 800 sites sont installés par les Chinois et les orpailleurs traditionnels entre les rives sénégalaises et maliennes", a dit M. Ndiaye.

Dans un entretien accordé à l'APS, il déplore la présence de certains ressortissants étrangers un peu partout sur le fleuve et les marigots au niveau de la frontière dans la zone de Moussala-Mahinamine.

"Ils sont dans des véhicules Pick-up et L200 avec des pelles mécaniques et ils ne résident pas sur place. Tantôt ils sont au Mali, tantôt ils sont au Sénégal. Et ils ne cherchent que l'or avec des pratiques très mauvaises", déplore le ressortissant malien.

Un cadre de concertation et de dialogue pour la dépollution de la Falémé, principal affluent du fleuve Sénégal et frontière naturelle entre le Sénégal et le Mali, a été mis en place mercredi 7 août 2024, à Kidira, dans la région de Tambacounda (est).

Le 18 juillet 2024, le Conseil des ministres a examiné et adopté, un projet de décret interdisant les activités minières et l'octroi de permis d'exploitation dans la zone de la Falémé.

Le 2 août 2024, le ministre de l'Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, a annoncé l'interdiction des activités minières pour une durée de trois ans dans les zones tampons situées à 500 mètres des berges de la Falémé.

Au mois de mai, le collectif "Sauvons la Falémé" a organisé des manifestations à Niéniokho Sara, à Sékhoto et à Kidira dans la région de Tambacounda pour alerter les autorités sur l'exaspération des populations. Il est composé de villages sénégalais et maliens riverains du fleuve et de membres de la diaspora sénégalaise et malienne originaire de ces localités.

Le collectif a demandé l'arrêt immédiat de l'exploitation sauvage de l'or sur les rives de la Falémé et les marigots situés dans ses alentours. Ses membres réclament aussi le retrait de tous les permis autorisant l'exploitation semi mécanique par des opérateurs utilisant des produit chimiques dangereux pour tous les êtres vivants et polluant les nappes phréatiques, informe son président, Tamba Sawané.

Croisade contre les permis semi mécanisés

Le député sénégalais Guy Marius Sagna s'est rendu sur la Falémé le 15 mai 2024 pour visiter le site d'exploitation semi- mécanisée de Sansamba et d'autres sites appartenant à des Chinois et à des orpailleurs traditionnels dans le département de Saraya. Le parlementaire était accompagné de jeunes du village de Sansamba et des membres de son mouvement FRAPP, le Front pour une révolution anti-impérialiste, populaire et panafricaine.

Il s'était dit stupéfait par l'ampleur des dégâts toxiques qui menacent la vie des populations vivant dans la zone frontière située vers Moussala-Mahinamine et environs.

M. Sagna s'était engagé à "porter ce combat au niveau de l'Assemblée nationale contre ces actes de banditisme et de criminalité contre les populations locales de Sansamba et environs qui ne font plus leurs activités normalement".

Le président du conseil départemental de Saraya, Moussa Danfakha, a lui aussi déploré l'exploitation illicite des ressources naturelles au niveau de la Falémé.

Il a souligné que l'histoire d'une trentaine de villages est intimement liée à la Falémé, évoquant les activités agricoles et maraîchères pratiquées par les populations riveraines.

Les entreprises semi mécanisées sont à l'origine de la pollution de la Falémé et des marigots dans le département de Saraya, selon lui.

"Ce sont des entreprises qui ont eu l'autorisation d'exploiter et beaucoup se sont installées au bord du fleuve pour pouvoir utiliser l'eau de la Falémé avec des produits très toxiques, à savoir le mercure et le cyanure. Ils ont tué le fleuve et son écosystème complètement et l'eau n'est plus utilisable", s'est-il offusqué.

Le député-maire de Bembou, Mady Danfakha, a demandé à l'Etat du Sénégal de discuter avec les autorités maliennes pour lutter contre la pollution de la Falémé pour le bien-être des populations riveraines.

"Si on n'associe pas nos voisins maliens, il n'est pas possible de faire ce combat. Il faut que nos deux gouvernements travaillent en synergie pour la récupération rapide de la Falémé, sinon c'est tout le pays qui est menacé par ce qu'elle se déverse au niveau du fleuve Sénégal", a-t-il alerté.

La Direction régionale de l'environnement et des établissements classés continue d'alerter les plus hautes autorités du pays, pour que des mesures idoines soient prises le plus rapidement en matière de dispositifs et d'évaluations environnementales.

"L'Etat du Sénégal doit prendre la question de la Falémé à bras-le-corps très rapidement, parce que la Falémé est presque finie. Ils ont tout souillé sans aucun dispositif environnemental et social au préalable", a fustigé Maurice Coly Ndior.

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