Congo-Kinshasa: Légende vivante de la musique congolaise , Jeannot Bombenga - « Je pensais que la célébration de mes 90 ans allait être une affaire de la Nation »

« Je remercie mon Dieu qui m'a permis de totaliser 90 ans d'âge. Je pensais que cette célébration allait être une affaire de la nation mais ce n'est pas grave. Que Dieu bénisse les personnes qui m'aiment et celles qui ne m'aiment pas ». Cette phrase émane de Jeannot Bombenga, doyen de la Rumba congolaise.

Cette légende de la musique en République Démocratique du Congo a célébré son 90ème anniversaire de naissance le 25 août dernier sur fond d'un plaidoyer pour la reconnaissance de son oeuvre et sa rémunération pendant qu'il est encore en vie.

«C'est maintenant que j'ai besoin des hommages, après ma mort, ça sera inutile, J'ai fait mon temps dans la musique. Cet art noble a fait de moi une icône, une personnalité dans mon pays. J'ai écrit et chanté de très belles chansons qui sont des références dans le répertoire de la rumba congolaise. Dieu m'a fait grâce de vivre jusqu'à cet âge », a-t-il déclaré à la presse à cette occasion de son anniversaire.

Et de renchérir : « L'heure a sonné pour moi de laisser aussi la place aux enfants, aux jeunes, de continuer ce travail, là où nous nous sommes arrêtés ».

Pour Mamie Ilela, journaliste-chroniqueur des musiques et directrice des langues nationales à la Radio -télévision nationale, Jeannot Bombenga est l'un des monuments de la Rumba congolaise.

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« Dieu l'a fait grâce, pour arriver à cet âge avec plus de 60 ans de carrière musicale, et même au moment où nous parlons, Bombenga se produit chaque dimanche, dans la commune de Bandalungwa ».

Et d'ajouter : « il est parmi les derniers survivants de grands musiciens, qui méritent chacun un monument. Il totalise 90 ans d'âge, un record qu'aucun de nos artistes n'a atteint, même pas Wendo Kolosoy ».

Une légende vivante de la Rumba congolaise

Jeannot Bombenga est un auteur -compositeur des tubes à succès, beaucoup de ses chansons sont interprétées sur les deux rives du fleuve Congo et à travers le monde. « Il est un des rares chanteurs à faire c'est qu'on appelle la musique pure ou la musique bio. Cet illustre musicien a écrit des chansons pour Joseph Kabasele surnommé Grand Kallé avant de créer son propre groupe Vox Africa qui lui a permis de régner sur le hit congolais de la musique pendant un long moment », a indiqué Mamie Ilela.

Pour ce qui est de son apport dans la musique congolaise moderne, les musicographes font savoir que Jeannot Bombenga a boosté considérablement la Rumba congolaise en y injectant du rock et en revisitant des classiques de la musique congolaise.

Parmi les oeuvres phonographiques qui ont fait sa notoriété, on peut épingler «Mado», Bébé 68 et autres «Lolango», chantée en langue Mongo, l'une des dialectes de la République Démocratique du Congo.

Qui est Jeannot Bombenga ?

Jeannot Bombenga Wewando Aka est un auteur-compositeur, arrangeur, producteur, excellent vocaliste et guitariste. Au-delà de ses compositions, il a réussi à populariser auprès du grand public le «mongo», une des langues congolaises peu utilisée dans la Rumba congolaise, contrairement au lingala.

Né le 25 août 1934, il manifeste sa passion sur la musique à l'âge de 23 ans soit en 1957 sur un bateau de l'Otraco où il était matelot, en route vers Kisangani il interprétait les oeuvres de Grand Kallé Jeff devenu son ami.

En 1959, Bombenga entame une carrière professionnelle et crée l'orchestre Vox-Africa avec Franklin Boukaka venu de Brazzaville mais il n'avait pas fait beaucoup de succès, avant de se retrouver dans l'orchestre African-Jazz de Joseph Kabasele dit Grand Kallé.

Parti avec Miky, Damoiseau et autres, sans trop convaincre, il va se retrouver pour la deuxième fois dans l' African Jazz, après le départ de Nico Kassanda, Roger Izeidi et Pascal Tabu Rochereau, en 1963.

Et en 1968, Jeannot Bombenga quitte son mentor Joseph Kabasélé pour voler de ses propres ailes en solo au sein de son orchestre Vox Africa qui va s'ouvrir à plusieurs autres artistes parmi lesquels Sam Mangwana (1967), Ntesa Nzitani Dalienst (1967-1968), Marcel Loko Massengo Djeskain (jusqu'en 1970), Antoine Nedule Monswe Papa Noël (jusqu'en 1968), ou encore le Maestro Souzy Kasseya (1968-1973).

Le déclin de son orchestre a beaucoup affecté le chanteur Bombenga en 1971 qui jusqu'à nos jours, n'est plus au rendez-vous de son succès mais il reste nostalgique par ses oeuvres.

 

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