C'est une première dans l'histoire de Madagascar. Depuis mardi 27 août, la Grande Île accueille sur son territoire le grand patron du GEF (Fonds pour l'environnement mondial, en français). L'organisation finance des projets ayant pour but de préserver l'environnement et est le principal donateur de Madagascar en la matière.
Avec plus de 200 millions de dollars versés depuis 1994 pour financer une variété de projets en faveur de la préservation et la gestion durable des ressources naturelles, le GEF est le premier donateur de l'île en matière environnementale. Ancien ministre de l'Environnement et de l'Énergie du Costa Rica, Carlos Manuel Rodriguez est une référence internationale en matière de politique environnementale et de financement de la conservation de la nature.
Sous ses mandats, son pays a réussi à doubler la superficie de ses forêts, rendu son secteur électrique 100% renouvelable et permis au Costa Rica de devenir l'une des meilleures destinations au monde pour l'écotourisme. Ses conseils, à l'occasion de sa visite et des deux jours de Dialogue national pour l'environnement, sont donc très attendus à Madagascar.
Se préparer aux conséquences du réchauffement climatique
« Nous nous dirigeons vers un monde dans lequel nous n'atteindrons pas l'objectif, qui était de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. Cela signifie que nous devons vraiment nous préparer aux conséquences de cette situation. Donc, ce que le GEF doit faire, c'est aider les pays à renforcer la cohérence de leurs politiques nationales. Ce que je veux dire par là, c'est que, si les forêts naturelles nous aident à nous adapter au changement climatique, nous devons cesser de détruire ces forêts, explique-t-il. [Les États] doivent imposer plus de cohérence entre leurs organismes gouvernementaux. C'est ce qui permettra de donner des résultats très rapides, si l'on aspire à être réellement résilient face au changement climatique. Donc la déforestation et la dégradation des sols devraient être un problème qui concerne l'ensemble des membres de l'exécutif, et non pas seulement le ministre de l'Environnement. »
L'ancien ministre du Costa Rica fait le bilan des 30 années de collaboration entre son organisation mondiale et Madagascar. « Le GEF n'aura jamais les muscles ni les ressources financières nécessaires pour résoudre tous les problèmes de ce pays. Mais il peut déclencher des dialogues politiques qui pourront à leur tour déclencher des initiatives pilotes qui peuvent devenir des politiques et des incitations pour aider au changement. L'argent du GEF est une petite goutte d'eau dans l'océan, mais cette goutte d'eau peut être très puissante si tous [les ministres] savent où ils doivent aller. Et c'est le travail du président de la République », ajoute-t-il.
« Le changement climatique impactera tous les secteurs »
Ces enjeux sont bien connus du ministre malgache de l'Environnement et du Développement durable, Max Andonirina Fontaine, qui a oeuvré d'arrache-pied pour faire venir le représentant mondial et offrir à Madagascar un coup d'accélérateur dans la mise en place de politiques environnementales.
« Quasiment tous les pays, en tout cas tous les pays en cours de développement, veulent accueillir le CEO pour qu'il vienne voir les projets à financer. Pour Madagascar, c'est une vraie reconnaissance. Le GEF est là pour supporter la vision des pays. Cet argent, ce n'est pas l'argent des bailleurs de fonds, ce n'est pas l'argent des partenaires techniques et financiers, c'est de l'argent qui est dédié à Madagascar, qui a le choix des projets qu'il veut financer avec cet argent », précise le ministre.
« Si mes collègues du gouvernement sont là aujourd'hui, c'est qu'on a tous compris que le changement climatique impactera tous les secteurs. Il y a la présence du ministre de l'Énergie et des hydrocarbures, le ministre de la Pêche et de l'Économie bleue. Parmi les projets développés, il y en a au niveau de la préservation des aires protégées. Il y a des projets de lutte contre la pollution, que ce soit la pollution de l'air ou la pollution des sols, par exemple. Le GEF finance un projet qui nous aide à appliquer la Convention de Minamata sur le mercure par exemple, note-t-il. Et il y a aussi un projet de mobilité électrique, donc pour favoriser le développement de véhicules électriques, à Tana et à Tamatave. C'est un projet pilote pour l'instant de 3 millions de dollars. Le GEF a un champ d'action qui est très large, que ce soit le travail avec les paysans, développer une agriculture résiliente au changement climatique. Tous les projets que Madagascar doit entreprendre qui ont un lien avec la préservation de l'environnement, le GEF peut les financer. »