A 91 ans, le Président camerounais, Paul Biya, entretient toujours le flou sur son avenir politique, mais les observateurs avisés savent qu'il ne renoncera pas aussi facilement au pouvoir. Ces jours-ci, des informations circulant sur les réseaux sociaux font état de l'annonce de sa candidature, à un 8e mandat à la présidentielle d'octobre 2025. De sources introduites, il s'agit d'une vieille affiche de candidature de 2018 qui a été exhibée à nouveau sur la toile.
Ce « fake-new » n'entache en rien, les ambitions du chef de l'Etat camerounais qui, selon toute vraisemblance, devrait être une fois de plus candidat à sa propre succession. Il n'y a aucun doute là-dessus, à moins d'un retournement de situation. D'ailleurs, les appels à candidature de Paul Biya à la future présidentielle se sont multipliés depuis plus d'un an. Le souhait ardent de son entourage est de le voir rester aux affaires, lui qui est considéré comme le guide de la Nation camerounaise. Pourquoi décevra-t-il ses affidés en disposant autrement ?
Certains proches de Paul Biya battent campagne avant l'heure pour lui, n'hésitant pas à vanter son bilan de plus de quatre décennies à travers le pays. Tout semble indiquer que le chef de l'Etat camerounais ne va pas prendre une retraite de sitôt, sauf cas de force majeure. Pour ce dirigeant en exercice, le plus vieux au monde, avec 91 ans et le deuxième en termes de record de longévité au pouvoir (41 ans) après son homologue équato-guinéen, Theodoro Obiang Nguema Obiang Mbasogo (45 ans), de nombreux Camerounais n'ont connu que lui. Il tient le gouvernail depuis la mort du premier Président, Ahmadou Ahidjo qui, lui aussi, était resté aux commandes du pays de l'accession à son indépendance en 1960 à sa mort en 1982, soit 22 ans de gouvernance.
Au Cameroun, les longs règnes apparaissent comme une tradition que Biya perpétue. Mais que peut-il réellement apporter encore à ses compatriotes, qu'il n'a pas pu faire. Des progrès ont été faits en matière d'économie et dans d'autres secteurs, au point de faire du Cameroun, un poids lourd de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC), mais ce n'est pas suffisant pour applaudir à tout rompre l'action de Biya pendant toutes ces décennies. Le pays traine des tares qui, selon les défenseurs des droits humains, n'honorent pas le chef de l'Etat camerounais, encore moins son régime.
Entre autres, la corruption, le favoritisme, le clientélisme, le népotisme gangrènent la gouvernance politique. Biya a apporté sa pierre à l'édifice avec les limites objectives que cela comporte et l'histoire le retiendra. Il devrait à présent oeuvrer à passer la main, surtout que les longs règnes ne se terminent pas toujours bien. Les problèmes de santé du président camerounais, que l'on tente de dissimuler sautent aux yeux, car, il croule littéralement sous le poids de l'âge. A-t-il toujours le physique de l'emploi ?
La réponse, c'est bien évidemment non. Mais ainsi va la gestion du pouvoir en Afrique, où nombre de dirigeants préfèrent s'éterniser au pouvoir, tripatouillant parfois les constitu- tions, au risque d'hypothéquer l'avenir de leur pays. Il faut donc un changement de paradigme sur le continent où l'alternance, censée s'inscrire dans l'ordre normal de la dévolution du pouvoir en vertu des règles démo-cratiques, fait l'objet de combats acharnés.