Le décret du chef de l'Etat convoquant l'Assemblée nationale aux fins de dissoudre le Hcct et le Cese est vraisemblablement parti pour mettre la représentation parlementaire sens dessus dessous.
Pour cause, alors qu'il ne détient pas encore la majorité parlementaire requise pour valider un quelconque projet de loi émanant de son camp, le nouveau régime semble vouloir titiller son opposition par une «mesure» que certains pourraient assimiler à de la provocation. Ou simplement à un subterfuge pour dissoudre l'Assemblée nationale ? Du coup, la majorité parlementaire Benno Bokk Yaakaar se trouve dans le gril.
Coup de maître, stratagème déguisé ou ballon de sonde ? Alors que le débat autour de la tenue de la Déclaration de politique générale du Premier ministre est encore sur toutes les lèvres, depuis la réactualisation du règlement intérieur de l'Assemblée nationale, et surtout est sous-tendu par une éventuelle dissolution de la quatorzième législature contrôlée par l'opposition, voilà que le président de la République conformément à l'article 63 de la Constitution, transmet au Président de l'Assemblée nationale un décret portant convocation des députés en session extraordinaire, le jeudi 29 août 2024, pour l'examen du projet de loi portant modification de la Constitution.
Et dans ce document, il est mentionné que la modification en question porte sur la suppression du Haut Conseil des collectivités territoriales (Hcct) d'Aminata Ndiaye Mbengue (Ps) et du Conseil économique social et environnemental (Cese) d'Abdoulaye Daouda Diallo (Apr). Deux institutions portées à bras-le corps par l'ancien régime dont les députés détiennent la majorité au sein de l'hémicycle. Or, ces parlementaires attendaient avec impatience le passage du nouveau Premier ministre, en l'occurrence Ousmane Sonko, pour régler leur compte avec le nouveau pouvoir qui a fait perdre à leur camp la mainmise sur les affaires de l'Etat.
Du coup, c'est le branle-bas de combat au sein de la majorité parlementaire Benno Bokk Yaakaar, visiblement mise au défi par le nouveau régime. Les députés du groupe parlementaire majoritaire ont été ainsi convoqués en réunion d'urgence hier, mardi 27 août 2024.
Cette convocation qui fait suite à la saisine du président de la République demandant à l'Assemblée nationale d'organiser, dès jeudi, une plénière en vue de la révision de la Constitution devant aboutir à la suppression du Hcct et du Cese a poussé Abdou Mbow, le président du groupe parlementaire BBY, à solliciter, compte tenu de l'importance de l'ordre du jour, la présence obligatoire de tous les députés membres. Histoire de structurer la position du groupe majoritaire sur cette volonté affichée par le régime de Diomaye de mettre fin au Cese et au Hcct, via l'Assemblée nationale.
En attendant, le président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, membre de l'ancien parti au pouvoir, a fait jouer ses prérogatives devant la convocation par le chef de l'Etat de l'Assemblée nationale en session extraordinaire, jeudi. Il a de fait convoqué les membres du Bureau de l'hémicycle pour une réunion d'informations, ce mercredi 28 août 2024.
Reste maintenant à savoir ce qui va découler de toutes ces rencontres et quelle sera la posture du bureau de l'Assemblée Nationale et de la majorité parlementaire, invités à dire oui ou non au chef de l'Etat Bassirou Diomaye Faye et peut-être à lui donner le prétexte de mettre fin au mandat des dits députés.