Afrique de l'Ouest: AES - La solidarité à l'épreuve de la realpolitik

27 Août 2024
analyse

Les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) semblent être aujourd’hui dans « l’œil du cyclone ». Les pays de la confédération que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont aujourd’hui confrontés simultanément à la spirale des actes terroristes de la part des mouvements Djihadistes qui écument le nord du Burkina et du Mali à l’ouest du Niger frontalière du Burkina bref, dans la zone dite des trois frontières.

Les troupes régulières y font face avec plus ou moins de bonheur, notamment avec la volonté exprimée de mutualiser leurs forces. Il reste toutefois très difficile aujourd’hui de mener des actions de sécurisations de ce vaste territoire, avec la contrainte de devoir faire face à cette vague fulgurante d’inondations qui sème le chaos, et inverse complètement l’ordre des urgences et des priorités.

Le bilan est très lourd. Près de 350 000 sinistrés et 217 morts en trois mois au Niger où la capitale Niamey est presque coupée du reste de l’hinterland, et rajoutant à l’insécurité du fait de l’afflux massif de populations cherchant à se mettre au sec.

Au Mali où selon les chiffres officiels il y  eu une trentaine de morts en revanche, l’état de catastrophe a été déclaré par les autorités pour mobiliser les ressources nécessaires pour venir au secours de plus de 47300 sinistrés.

Au Burkina Faso on a enregistré selon Amnesty International 612 décès et 1,4 millions de personnes déplacés.

Le contexte dans lequel se produisent ces intempéries, liées certes aux effets des changements climatiques au Sahel, interroge davantage sur la position des pays de l’Afrique de l’Ouest dont certains étaient prompts à envoyer des sapeurs-pompiers en Turquie lors du tremblement de terre qui s’était produit dans ce pays, ou à défaut, avaient transmis des messages de compassion.

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Aujourd’hui qu’une catastrophe de cette ampleur se produit à nos pieds, et on n’entend même pas de message de soutien, de compassion active ni de la CEDEAO, ni de l’Union Africaine encore moins de la communauté internationale.

C’est comme si on disait « ils ont pris la liberté de s’émanciper de nous, alors qu’ils se débrouillent !».

Je rappelle que ces pays ont d’abord été sous embargo ou sanctions économiques et politiques. Dans l’un comme dans l’autre cas,  leurs populations, malgré leur forte résilience ploient sous les difficultés de toutes sortes, auxquelles s’ajoutent aujourd’hui de fortes inondations, dont les conséquence sur l’agriculture et l’alimentation sont hors de portées des modestes moyens dont -ils disposent.

C’est terrible ! A regarder les images qui défilent très subrepticement sur les réseaux sociaux, car il y en a très peu dans les médias internationaux, on se demande même s’il n’y a pas une émotivité à géométrie variable, une solidarité du même ordre.

N’eut été le message de solidarité et de compassion des chefs d’État de l’AES, on n’a pas à ce jour enregistré d’acte fort posé pour venir en aide à ces pays. C’est comme si on voulait les punir, ou éviter de fâcher « le partenaire » occidentale mécontent de la rupture unilatérale et « l’outrecuidance » de ces hommes en treillis.

Gageons simplement que c’est une méprise, car la France avait offert ses services et son expertise au Maroc, qui les avait déclinés, lors du tremblement de terre dans ce pays, et pourtant à l’époque les relations n’étaient pas au beau fixe.

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