Afrique: Election du directeur régional OMS-Afrique - Un rendez-vous manqué par les femmes

Les États membres ont voté en faveur de la désignation du Dr Faustine Englebert Ndugulile, le 27 août, lors de la soixante-quatorzième session du Comité régional de l'OMS pour l'Afrique, qui se tient à Brazzaville, au Congo. Il succède à Matshidiso Moeti, première femme à la tête de la direction de cette organisation onusienne.

Le candidat désigné sera soumis, pour nomination, à la cent-cinquante sixième session du Conseil exécutif de l'OMS qui se tiendra en janvier 2025 à Genève en Suisse. Le nouveau directeur régional prendra ses fonctions en février 2025 pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois en cas de nouvelle désignation par le Comité régional.

On aurait pu croire à une nouvelle ère, ou s'attendre à une remarquable participation de femmes à cette élection. Mais le portrait du scrutin qui a conduit à la succession du Dr Matshidiso Moeti a révélé, avec regret, le manque de candidatures féminines à ce poste.

Aucune femme pour succéder à Matshidiso Moeti

Parmi les cinq candidats proposés, aucune femme n'a osé tenter sa chance. Pourtant, le leadership de Matshidiso Moeti à la tête de l'organisation onusienne aurait dû conforter et inspirer plus d'une. Mais les mentalités ont la vie dure et les femmes encore beaucoup d'inhibitions. «Mon plus grand regret, c'est qu'aucune femme n'est candidate à ma succession », a déploré le Dr Matshidiso Moeti lors de la conférence de presse prélude à la soixante quatorzième session du Comité régional de l'OMS, qui s'est ouverte le 26 août à Brazzaville.

Même si nombre d'études montrent que le leadership au féminin a fait ses preuves, les hommes sont continuellement plus nombreux que les femmes dans les postes à responsabilités. Entre plafond de verre et plancher collant, le leadership des femmes est encore en proie à de nombreuses idées reçues.

Cette sous-représentation soulève également des questions sur l'engagement réel des femmes. Le phénomène d'autocensure pèse continuellement sur la balance de l'évolution professionnelle de ces dernières. En effet, les femmes attendent d'avoir 100 % des compétences demandées avant de se porter candidates à un poste, là où les hommes se contentent de 60 %, selon Clara Moley dans son livre « Les Règles du jeux ».

Pourtant, la performance ne suffit pas à compenser les biais et stéréotypes sexistes qui prennent encore trop de place dans nos sociétés. Les femmes ont donc un immense rôle à jouer pour atteindre la parité dans les postes à responsabilités. Pour aller de l'avant, les aspirantes aux postes de responsabilité doivent aussi accroître leur impact, naviguer dans le paysage à prédominance masculine et assumer des rôles de plus grande influence. Il est important de pouvoir compter sur des modèles de réussite dont chacun peut s'inspirer pour changer les perceptions. Plus les femmes assumeront de hautes fonctions, plus il paraîtra évident à tous y compris à ceux qui sont chargés de les nommer, de les voir occuper ces postes.

Le prochain challenge à relever est aussi l'un des plus prestigieux : le secrétariat général de l'ONU. L'échéance manquée par Helen Clark, ex-Première ministre de Nouvelle-Zélande, en 2016, serait peut-être rattraper en 2026, année de la fin du mandat du secrétaire général de l'ONU, António Guterres. Depuis la création de l'ONU en 1945, seuls les hommes ont à tour de rôle dirigé cette institution. Un total de neuf hommes se sont succédé : le compte à rebours est lancé !

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