Dakar — Abou Sy, psychiatre et enseignant-chercheur à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a plaidé pour le développement de la psychiatrie pour prendre en charge la forte demande, surtout dans certaines zones, comme Louga et Matam où il n'y a pas de structures dédiées à cette spécialité.
"Aujourd'hui, si nous voyons le nombre de psychiatres qu'il y a au Sénégal par rapport à la population, on voit que c'est une discipline qui doit être développée", a justifié le Professeur Sy.
Il animait, mardi, un panel de formation en psychiatrie en prélude de la 25 e caravane médicale organisée par l'Action sanitaire pour le Fouta (AFSO).
En analysant le thème du panel, "la santé mentale, état des lieux, défis et perspectives", le spécialiste avance : "(...) depuis quelques années, on est en train d'observer une diminution du nombre de lits en psychiatrie, qui est en porte à faux avec l'augmentation des consultations de psychiatres". Ce qui signifie pour le psychiatre que "la demande (...) est bien là". Pour cette raison, le médecin a suggéré de "mettre plus l'accent" sur la prise en charge de la santé mentale dans la politique sanitaire.
"Ce qui fait que la psychiatre est délaissée provient un peu de cette vieille tradition où la maladie mentale est stigmatisée", a expliqué Pr Sy, se réjouissant du fait qu'on "parle de plus en plus maintenant de la santé mentale".
"On ne peut pas aujourd'hui énoncer cette notion de santé sans représenter l'enjeu de santé mentale. Je pense que les autorités sanitaires vont être beaucoup plus regardantes par rapport à cela", a-t-il dit.
Abou Sy a toutefois reconnu que, "depuis un certain moment, un effort est en train d'être fait". "Mais c'est encore insuffisant", a-t-il cependant jugé.
Toutefois, il se réjouit de voir des jeunes médecins s'intéresser à la santé mentale. "C'est un élément qui nous permettra peut-être de nous projeter dans l'avenir en disant qu'il y aura des médecins qui vont s'intéresser à la discipline et qui sont prêts à aller servir dans ces zones un peu lointaines", a-t-il salué.
Il a notamment relevé qu'il n'y a pas de psychiatre sur l'axe Louga-Matam. "Donc, c'est vraiment une zone qui est oubliée", a déploré le psychiatre.
"Il n'est pas rare de voir ces gens qui font des centaines de kilomètres juste pour venir faire leurs consultations en psychiatrie. La psychiatrie, comme je le disais tantôt, est le parent pauvre de la médecine", a-t-il renchéri.
Lamine Diallo, le président de l'Action sanitaire pour le Fouta (Afso), a informé que "la caravane sera dans le département de Podor du 5 au 11 septembre, dans six villages : Guédé Village, Tatki, Diatar, Bodé Lao, Madina Diathbé et Diaba".
"La santé mentale, c'est quelque chose dont tout professionnel de santé doit s'inspirer afin de prodiguer des soins de qualité", a-t-il estimé, pour justifier le choix du thème de la caravane.