Afrique de l'Est: Retour sur une tragédie qui a marqué les esprits

Le 25 août 2023, Madagascar, hôte des Jeux des îles de l'océan Indien (JIOI), a vu son rêve de célébration sportive se transformer en cauchemar. Ce qui devait être une journée de fierté nationale et de solidarité régionale s'est tragiquement conclu par une bousculade meurtrière au stade Barea Mahamasina à Antananarivo, la capitale malgache. Cet incident a coûté la vie à 13 personnes, dont des enfants et une femme enceinte, et a blessé plus de 80 personnes. Un an après, le souvenir de cette journée reste douloureux, avec des questions qui persistent sur ce qui aurait pu être fait pour éviter ce drame.

Le stade Barea Mahamasina, d'une capacité de 40 260 places, était ce jour-là rempli bien au-delà de sa capacité. Près de 50 000 personnes se sont pressées à l'intérieur pour assister à la cérémonie d'ouverture, tandis qu'une foule massive attendait encore à l'extérieur, dans l'espoir de pouvoir entrer. Lorsque les portes du stade ont été ouvertes, une vague de personnes a tenté de pénétrer à l'intérieur, déclenchant une bousculade meurtrière.

Malgré la gravité de l'incident, la cérémonie d' ouverture a été maintenue. Le président malgache, Andry Rajoelina, a demandé un moment de silence en hommage aux victimes avant de prononcer son discours d'ouverture. La décision de poursuivre la cérémonie a été critiquée par certains, qui estiment que l'événement aurait dû être suspendu par respect pour les victimes. Cependant, pour d'autres, le maintien de la cérémonie représentait une volonté de ne pas céder à la tragédie et de poursuivre l'esprit des Jeux. Les jeux eux-mêmes se sont poursuivis jusqu'au 3 septembre, avec une minute de silence observée avant chaque compétition, en mémoire des victimes de la bousculade.

Pour les athlètes mauriciens présents lors de la cérémonie d'ouverture, la tragédie a été un choc brutal qui a marqué le début de leur participation aux Jeux. Noa Bibi, le sprinteur mauricien recordman du 100m, se souvient de cette journée avec une émotion retenue. «C'était désolant d'apprendre une nouvelle pareille, mais j'étais plus concentré sur ma compétition. Nous avons entendu un grand bruit, mais nous pensions que c'était dû aux célébrations. En nous rendant au stade, nous avons vu comment le public bloquait la route. Lorsqu'ils ont eu l'opportunité d'accéder au stade, ils se sont précipités pour entrer. Nous nous sommes amusés lors de la cérémonie d'ouverture, ignorant qu'il y avait eu des morts à l'extérieur.» Ce n'est qu'à son retour à l'hôtel qu'il a pris conscience de la gravité de la situation. Malgré le choc, Noa Bibi a su rester concentré sur ses performances, remportant trois médailles d'or pour son pays.

Vanessa Chellumben, membre de l'équipe féminine de volley-ball de Maurice, se souvient également de l'atmosphère pesante qui a suivi l'incident. «L'atmosphère était triste et choquante quand on a appris la nouvelle. Il y a eu plusieurs morts, dont des enfants. Mais nous avons gardé notre moral fort et notre concentration sur la compétition.»

Bernard Baptiste, athlète mauricien spécialisé dans le lancer du poids, a exprimé son incompréhension face à la situation. «À l'intérieur du stade, ni le public ni les athlètes ne savaient ce qui se passait à l'extérieur. Ils n'avaient pas conscience du terrible drame qui se jouait à quelques mètres de là.» Comme beaucoup d'autres, il n'a appris la nouvelle qu'à son retour à l'hôtel. Le lendemain, malgré le choc, les compétitions ont repris comme si de rien n'était.

Un autre athlète mauricien présent au stade se souvient d'une annonce faite en malgache, langue qu'il ne comprenait pas. «Nous pouvions cependant voir qu'il se passait quelque chose de grave à l'extérieur...» Cette incompréhension, partagée par beaucoup, a ajouté à la confusion et à l'angoisse de la situation.

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