Afrique: Commission de l'UA - Le bal des prétendants

Le Tchadien Moussa Faki Mahamat, nouveau président de la commission de l'UA
analyse

La succession à la tête de la présidence de la Commission de l'Union africaine (UA) du Tchadien, Moussa Faki Mahamat, qui boucle un second mandat de 4 ans en février 2025, est déjà ouverte. En vertu du principe tournant de cette charge, la part belle est faite, cette fois-ci, à l'Afrique de l'Est qui ne manque pas de prétendants.

A l'issue de la clôture des candidatures, le 6 août dernier, quatre personnalités sont en lice pour l'élection qui sera organisée l'année prochaine. Il s'agira d'un vote à bulletin secret à la majorité des deux tiers des 55 Etats-membres. Les candidats sont l'opposant historique Kenyan, Raila Odinga, 79 ans, le ministre des Affaires étrangères de Djibouti, Mahamoud Ali Youssouf, 58 ans, le Malgache Richard Randriamandrato et le Mauricien, Anil Gayan, 76 ans, tous, deux ex-patron de la diplomatie de leur pays.

Ancien Premier ministre et candidat malheureux à cinq reprises à la magistrature suprême, Raila Ondinga est soutenu à bout de bras par les premières autorités de son pays, tout comme ses adversaires. Le Président William Ruto ne tarit d'ailleurs pas d'éloges à son égard, le qualifiant de « visionnaire », de « leader audacieux et éclairé » et de « candidat idéal » pour le poste en jeu. Le vétéran de la politique kenyane qui avait déjà occupé les fonctions de haut représentant de l'UA pour le développement des infrastructures, apparait comme le grand favori pour succéder à Moussa Faki Mahamat.

Odinga dispose d'un vaste réseau sur le continent, mais est-il physiquement au point pour assumer la future charge de président de la Commission de l'UA, qui, il faut le dire, est très prenante. Sa santé n'est plus celle des années de luttes politiques acharnées, même si son entourage s'en défend. Si Odinga parvenait à se faire élire, ce serait une revanche sur l'histoire pour lui qui n'a jamais réussi à triompher dans son interminable conquête du pouvoir d'Etat.

Ce serait également une revanche pour sa chère patrie, qui était à deux doigts d'occuper le même poste en 2017 quand sa candidate et favorite, Amina Mohammed, s'était fait battre par l'actuel président de la Commission de l'UA. La candidature d'Odinga retient l'attention, mais les autres prétendants ne sont pas aussi à négliger. Ils ont également des atouts à faire valoir et pourraient créer la surprise, en l'emportant face à Odinga, pour peu que leurs carnets d'adresses et campagnes fassent mouche.

Le chef de la diplomatie djiboutienne, Mahamoud Ali Youssouf, lui, est en poste depuis 19 ans. Autant de temps qui lui a permis de tisser sa toile sur le continent, au point de prétendre connaitre parfaitement les maux de l'Afrique et d'aspirer à prendre les commandes de la Commission de l'UA. L'ancien ministre des Affaires étrangères de Maurice, Anil Gayan, n'est pas non plus un novice sur les questions de l'heure en Afrique. En plus de la diplomatie, il a occupé d'autres départements ministériels comme la Santé et le Tourisme.

Il a par ailleurs dirigé un groupe d'observateurs pour le compte de l'UA lors de la présidentielle rwandaise de 2010. Pour sa part, le Malgache Richard Randriamandrato, en plus d'avoir l'expérience d'un gouvernement, est un expert de la politique internationale et des sujets relatifs à l'intégration continentale. Pistonné à la dernière minute,

en lieu et place de l'ancien chef de l'Etat, Hery Rajaonarimampianina Randriamandrato, qui a déjà prêté ses services à l'UA, il est un sacré veinard qui croit à son étoile. La bataille pour le poste de président de la commission de l'UA s'annonce donc rude, avec toutes ces têtes bien pleines.

Les quatre candidats promettent de part et d'autre de se mettre au service de l'Afrique et de ses multiples défis en matière de développement, de sécurité, de santé, d'économie et autres domaines. Au-delà de leurs nobles intentions, ils vont devoir en plus de leur espace communautaire, travailler à convaincre les autres parties de l'Afrique et faire du vrai lobbying pour se faire élire. La gestion de la Commission de l'UA est une affaire tellement sérieuse que le futur président doit intégrer toutes les attentes et aspirations à l'échelle continentale.

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