Les centres de «désintoxication spirituelle», qui opèrent de manière radicale et souvent dans l'illégalité, sont au coeur de l'actualité. Car deux de leurs patients sont morts à cause du manque de contrôle et de l'absence de respect des droits humains. La question qui se pose est celle-ci : qui se cache derrière le concept d'une telle spiritualité radicale et faut-il s'en inquiéter ?
Si le meurtre de Sayfud-Din Sauterelle, 21 ans, a permis de rouvrir le débat entourant la gestion de ces présumés centres privés, une alerte avait déjà surgi en 2019, à la suite du calvaire vécu et dévoilé par Sheik Abdallah Jownally. Ce jeune de 20 ans était parvenu à s'enfuir du centre «Awaken» à Trou-d'Eau-Douce en se jetant d'une des fenêtres du bâtiment.
À l'époque, l'habitant de Phoenix avait affirmé à la police que sa vie était en danger et qu'il avait pu s'enfuir après avoir dévissé une grille antivol. Il avait également soutenu avoir été séquestré, battu et torturé pendant près de deux mois.
Peu après, il s'est rétracté en jurant un affidavit en compagnie de son avocat, Me Zahid Nazurally, pour dire qu'il était malade le jour où il avait porté plainte et qu'il ne voulait plus donner suite à l'affaire. Pourtant, lors d'une descente sur le lieu à l'époque, les policiers avaient retrouvé des objets de torture utilisés sur les patients, comme révélé par le jeune homme. Plusieurs noms avaient alors été cités, deux personnes arrêtées puis relâchées. Mais sans aucune suite. S'agit-il du même réseau ? Qu'est-il advenu de ce jeune ?
Avec les récentes polémiques, des sources avancent que cette tendance de centres radicaux opérant sous couvert de spiritualité, a été créée par un ancien député et activiste politico-religieux. Et les affiches placardées dans un centre à Vacoas vont dans ce sens. C'est le même centre où devait se trouver Sayfud-Din Sauterelle, sauf qu'il a été retrouvé mort à Roche-Bois.
L'homme n'opérerait pas seul et se serait, au fil des années, constitué une «armée» sous le nez des autorités. Entre ses disciples utilisés comme «prête-noms» et autres fidèles «soldats convertis», il serait, selon nos sources, difficile de démanteler ce groupe, qui s'avère dangereux en raison d'un entraînement intensif auxquels les membres se soumettent et de la «protection» dont ils bénéficient en haut lieu.
Des travailleurs sociaux tentent, aujourd'hui encore, d'alerter les autorités mais certains des présumés gérants de ces centres auraient des connexions «haut placées et partout, des sbires prêts à aider».