Madagascar: Tanavision

Le nouveau PDS de Tana revoit ses ambitions à la baisse. La patronne de Madavision transpose les idées qui ont fait le succès de la Grande Braderie de Madagascar à la gestion de la capitale. Mais dès le début, il ne faut pas se faire de fausses appréciations. Il s'agit de deux choses totalement différentes. Entre des prix bradés et une ville bardée de problèmes, il y a tout un monde.

On ne doute pas un seul instant du penchant du nouveau PDS pour la capitale, de sa volonté de redresser la ville, de son engagement à remettre Antananarivo à la place qu'elle mérite, de sa motivation à remettre de l'ordre dans sa maison, mais tout cela risque de ne pas suffire pour réussir la mission qui lui a été confiée. S'il suffisait d'aimer, on n'en serait pas là aujourd'hui. Tous ses prédécesseurs auraient gagné le pari. Il faut des sous, beaucoup de sous, énormément de sous, des moyens, du matériel pour sortir la capitale de cet abîme dans lequel elle s'est engouffrée.

Elle connaît tous les problèmes de la capitale à l'image de ceux qui étaient à sa place auparavant mais personne n'a trouvé le fil d'Ariane pour extirper Antananarivo de l'enfer. Aucun miracle n'a eu lieu dans la gestion de la vie sociale de la première ville du pays. Reste à savoir si elle a les solutions.

Hier, lors de la passation par « contumace » avec le PDS sortant, elle n'a rien voulu dévoiler sur ce qui entoure sa nomination, les conditions qu'elle aurait posées, les engagements qu'on lui a faits. Il faut le dire, les solutions aux innombrables problèmes de gestion de la capitale ont trait à des questions financières. Le budget de la CUA est insignifiant par rapport aux obligations et aux tâches qu'elle doit assumer au quotidien. Les revenus générés par les faits administratifs, les patentes, les tickets de marché, les licences de transport, de commerce, les impôts et taxes divers... sont loin de pouvoir couvrir les charges incombant à la mairie comme l'enlèvement des ordures, la gestion des marchés, la réparation des rues, la construction de blocs sanitaires, de lavoirs...

Et il n'y a pas que les questions financières pour réussir l'assainissement d'Antananarivo. Avec la pauvreté, l'anarchie, l'incivisme et la place prise par les tendances politiques dans la vie quotidienne, toutes les décisions prises contre le désordre et l'indiscipline se heurtent à des refus catégoriques et violents de la part des concernés. L'affaire est montée en épingle et prend très vite des tournures politiques.

Le point qui milite en faveur du nouveau PDS reste la conjoncture. Nommée quelques mois avant les élections communales où la conquête d'Antananarivo constitue l'enjeu majeur entre le pouvoir et l'opposition, elle pourrait avoir la chance d'être soutenue par l'État central. Si elle remplit sa mission, cela pourrait avoir un impact positif sur les résultats des communales et elle pourrait même être la candidate toute désignée de la majorité. Ce qui ressemblerait à une évidence quand on sait que sa nomination intervient juste après la confirmation de la date des communales. Autrement dit, c'est elle qu'on attendait. On ne changerait pas un PDS qui gagne.

Une chance pour la capitale qui pourrait refaire sa toilette après quinze ans d'errements et d'erreurs. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

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