Une préparation suivie d'une déception. Voilà comment l'on pourrait résumer ce qu'ont vécu les joueurs de la sélection masculine des moinsde-18 ans qui devait prendre part au Championnat d'Afrique des Nations de cette catégorie en Tunisie du 22 au 31 août. L'équipe mauricienne n'a pu faire le déplacement faute de financement. Ce qui a causé une frustration certaine chez les sélectionnés comme chez leurs parents.
Alex St-Paul, père d'Adriano, un des sélectionnés, a pris contact avec l'express, pour faire part de son agacement quant à cette situation. «Ces jeunes se sont entraînés dur pendant plusieurs mois et lors des dernières semaines, les sessions se sont tenues six jours sur sept, trois fois par jour. Ils n'avaient que le dimanche pour se reposer. Ils n'ont même pas pu profiter de leurs vacances et au dernier moment, alors qu'ils se faisaient une joie de prendre l'avion pour aller disputer le championnat d'Afrique, voilà qu'on vient leur dire qu'il n'y a pas d'argent», s'insurge notre interlocuteur.
Celui-ci ajoute que les parents ont entrepris des démarches auprès de plusieurs compagnies pour financer en partie le déplacement, mais sans grand succès. «Il était convenu que la fédération trouve 75 % du budget et que les parents trouvent le reste auprès de sponsors. Malheureusement, nous n'avons pas pu réunir la somme que l'on voulait. Il se trouve aussi que nous n'avons jamais vu les membres de la fédération se déplacer pour assister aux entraînements de la sélection. Il n'y avait même pas de transport mis à la disposition des joueurs pour venir au gymnase. Personnellement, je venais déposer et récupérer mon fils à motocyclette. Les joueurs n'avaient même pas d'eau après les entraînements. Les maillots que les joueurs portaient ont été confectionnés grâce au soutien d'un sponsor que les parents avaient trouvé. Certains sont même venus dire que l'équipe n'avait pas le niveau requis et que c'est pour cela que le déplacement a été annulé. Mais le DTN qui a dirigé les sessions était persuadé que l'équipe pouvait bien figurer en Tunisie. Ce sont des sacrifices consentis pour rien», explique Alex St-Paul qui est lui-même volleyeur au sein de l'Association sportive de Roches Noires et qui a évolué au sein de la Fire Brigade, Rivière-du-Rempart Star Knitwear et le Club sportif de Pamplemousses auparavant.
«Nous ne délaissons pas nos jeunes»
Contacté, le président de la Fédération mauricienne de Volley-Ball (FMVB), Fayzal Bundhun, a indiqué qu'une demande a été faite au ministère de l'Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs (MAJSL) pour ce déplacement. «La fédération a effectué une demande de fonds au ministère pour ce déplacement pour la Tunisie suivant les recommandations du Directeur Technique National (DTN), Zoran Kovacic. Mais on nous a fait comprendre que ce n'était pas possible vu le coût élevé, soit environ Rs 2 millions», a-t-il expliqué.
«Nous n'avons jamais demandé aux parents de rechercher des sponsors et nous n'avons pas non plus dit que l'équipe n'avait pas le niveau pour prendre part au tournoi. Nous nous sommes basés sur les recommandations du DTN qui était d'avis que l'équipe pouvait bien faire en Tunisie pour faire une demande de budget au ministère qui l'a rejetée. Il faut préciser que quand nous inscrivons une équipe pour une compétition, il y a un délai à respecter pour confirmer la participation. Sinon, nous devons payer une amende. C'est la raison pour laquelle, sachant que les fonds pour le déplacement n'étaient pas disponibles, nous avons annulé la participation de notre sélection. Il y a tout un mécanisme à mettre en place pour le déplacement d'une équipe. Il faut réserver les billets d'avion, faire provision pour les équipements, donner des détails aux organisateurs pour qu'ils se préparent à accueillir la délégation», détaille Fayzal Bundhun.
Ce n'est pas la première fois qu'une sélection mise en place par la FMVB - que ce soit pour le volley en salle ou le beach volley - reste à quai faute de financement. Fayzal Bundhun est d'accord qu'il faut entamer une réflexion pour permettre à nos représentants de se frotter à un niveau plus élevé, que ce soit au niveau régional ou continental.
Car cela ne sert à rien de mettre en place des présélections puis des sélections, les préparer pendant des mois, voire des années pour qu'en fin de compte, elles ne soient pas en mesure de prendre part à des compétitions de haut niveau !
«L'idée est toujours à l'étude, mais nous envisageons de faire jouer une sélection U18 dans un de nos championnats, peut-être celui de division 2A, pour qu'elle ait le rythme de la compétition en vue des Jeux de la CJSOI qui auront lieu en juillet ou août 2025 aux Seychelles. En tout cas, nous ne délaissons pas nos jeunes», déclare Fayzal Bundhun.
Du côté du ministère des Sports, on devrait aussi sérieusement se pencher sur la question afin de trouver une formule pour le financement des déplacements pour ces sélections. Car au cas contraire, aucun progrès ne sera envisageable...