Madagascar: Projet Sahofika - Les émirats sollicités

Le nouvel ambassadeur des Émirats Arabes Unis a présenté ses lettres de créance au président de la République, Andry Rajoelina, hier (photo). Le renforcement de la coopération entre Madagascar et les émirats a été au centre des discussions.

Un investissement émirati pour booster le projet Sahofika ? Andry Rajoelina, président de la République, en a émis le souhait lors de la réception des lettres de créance de l'ambassadeur des Émirats Arabes Unis, hier, au palais d'État d'Iavoloha.

Faisant suite aux déplacements officiels du chef de l'État et aux déclarations d'intention de part et d'autre, la coopération bilatérale entre Madagascar et les Émirats Arabes Unis se formalise. Une formalisation marquée par la nomination du docteur Salim Ibrahim Bin Ahmed Mohamed Alnaqbi, premier ambassadeur émirati dans la Grande île. L'arrivée du diplomate intervient, par ailleurs, quelques jours avant l'ouverture de la liaison aérienne entre Antananarivo et Dubaï, via la compagnie Emirates.

"emirates devient la chaîne qui renforce cette coopération entre les deux pays", déclare ainsi Andry Rajoelina. Visiblement, il veut surfer sur cette dynamique en relançant le souhait de la Grande île d'être une destination privilégiée des investissements émiratis dans la région Océan Indien et en Afrique. "(...) il a relancé la requête malgache relative à l'assistance des Émirats Arabes Unis, notamment via le recours au Fonds souverain des émirats pour le financement et la mise en oeuvre de projets de développement majeurs à Madagascar", rapporte le communiqué de la présidence de la République.

Parmi les projets phares où les investissements émiratis seraient les bienvenus, le Président a évoqué le projet Sahofika. Il s'agit d'un projet de construction de centrale hydroélectrique d'une capacité initiale de 120 mégawatts, extensible jusqu'à 300 mégawatts. Avec le projet Volobe, Sahofika est l'un des plus grands projets énergétiques dans le pays. Seulement, sa mise en oeuvre coince depuis plusieurs mois en raison du départ d'Effiage, un des actionnaires initiaux du projet.

Leader mondial

Initié depuis quelques années, c'est le consortium tripartite NEHO ou Nouvelle énergie hydroélectrique de l'Onive qui a gagné l'appel d'offres pour la construction et l'exploitation de la centrale hydroélectrique de Sahofika. Après des négociations de certains points, notamment, sur le coût du kilowattheure, les contrats de construction, de concession et d'achats d'énergie dans le cadre de ce projet ont été signés en novembre 2021.

L'année dernière, toutefois, le groupe Effiage a été retiré du projet, "d'un commun accord", selon les explications. En cause, "une hausse inexpliquée" du coût de construction. Outre le fait d'en être un des actionnaires, le rôle d'Effiage dans le consortium NEHO devait être de mener les études de faisabilité, de fournir les équipements et la construction des infrastructures. Depuis qu'Effiage est sur la touche, le projet Sahofika patine.

Selon les informations, l'État veut convaincre les Émirats Arabes Unis d'intégrer le projet Sahofika, via la société Masdar ou Abu Dhabi Future Energy. Créée en 2006, et basée à Abu Dhabi, Masdar est spécialisée dans l'énergie renouvelable. Soutenu par le fonds souverain d'Abu Dhabi, justement, Masdar s'affirme de plus en plus comme un des leaders mondiaux dans le domaine de l'énergie renouvelable.

L'opportunité d'un investissement émirati dans des projets énergétiques à Madagascar, notamment Sahofika, par l'intermédiaire de la société Masdar, a déjà été évoquée lors d'un des voyages officiels de Andry Rajoelina aux Émirats Arabes Unis. C'était le cas notamment, lors de sa rencontre avec le Sheikh Hamed bin Zayed Al Nahyan, président d'Abu Dhabi Investment Authority. Toutefois, pour qu'un investissement émirati puisse intégrer le projet Sahofika, il faudra aussi convaincre les actionnaires du consortium NEHO.

Des projets phares

Outre le projet Sahofika, le président Andry Rajoelina a profité de son échange avec l'ambassadeur des Émirats Arabes Unis, pour lui faire part des autres projets phares sur lesquels les investissements émiratis sont les bienvenus. Il y a la réhabilitation et la protection du littoral. Il s'agit de 5 000 kilomètres de côte qui doivent être sécurisés également. La réhabilitation du réseau routier de la Grande île et la construction de nouvelles routes ont également été soulevées.

Lors du premier conseil des ministres avec le nouveau gouvernement, la semaine dernière, le chef de l'État a affirmé qu'il trouvera le financement pour concrétiser le projet de construction de la Route du soleil. "Le développement de la production de sucre, en exploitant les vastes étendues de terres cultivables de Madagascar pour approvisionner les marchés de l'océan Indien", et la mise en place d'une raffinerie d'or à Madagascar ont aussi été discutés, rapporte le communiqué de la présidence de la République.

"Madagascar souhaite particulièrement attirer les investissements émiratis dans les secteurs clés de son économie, tels que la haute technologie, la cybersécurité, l'agriculture résiliente, la gestion de l'eau, l'éducation et l'énergie", conclut la missive.Garry Fabrice Ranaivoson

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