Afrique: Les pays africains sous l'épreuve des pluies intempestives

Les inondations submergent à nouveau Narok
29 Août 2024

Devant l’ampleur des inondations depuis le début de la saison des pluies, en juin, et leurs conséquences, la Somalie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et bien d’autres pays du continent n’ont pas été à l’abri des dommages causés par les pluies diluviennes de ces dernières semaines.
Engendrant la dégradation d’infrastructures, des pertes en vies humaines, des glissements de terrain, des destructions de maisons, ce sont autant de dommages qui laissent le continent dans un désarroi total.

Selon le communiqué du Programme Régional de Surveillance et d’Alerte au Sahel et au Sahara (PRESASS) datant d'avril 2024, la région sahélienne fait face à de fortes inondations dues aux quantités importantes et successives de précipitations enregistrées, ayant entrainé une accélération de la montée du niveau des cours et plans d’eau.
De Bamako à N’Djamena, une bonne partie des villes et villages vulnérables au risque d’inondation ont subi des dégâts importants, ou sont en alerte maximale, précise le communiqué.

Au Mali, les pluies qui se sont abattues sur la capitale la journée du samedi 17 août 2024 ont fait d’énormes dégâts. Nos confrères de VOA Africa précisent que « dans la commune VI, de nombreuses familles continuent de réparer les dégâts causés par les eaux. » Les images de villes inondées, de maisons, de routes, de champs détruits sont à la une de l’actualité. De même, les images de personnes décédées ou d’animaux emportés choquent les sensibilités.

« Au Tchad, dans la région du Tibesti, dans l’extrême nord, désertique, au moins cinquante-quatre personnes sont mortes dans des inondations », a déclaré le général Mahamat Tochi Chidi, gouverneur de la région. Il a ajouté que « des milliers de boutiques et de véhicules ont été emportés par les eaux de pluie du 9 au 14 août ».
A cet effet, le bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU en Afrique de l’Ouest et centrale a lancé l’alerte, dans un communiqué paru en ligne mardi 13 août 2024, au sujet de l’impact « des pluies torrentielles et des inondations sévères » dans la région du Tibesti. La même source de préciser que « le Tchad est le pays le plus touché, avec 246 883 personnes affectées par les crues en seulement quelques semaines ». Ainsi, dans le communiqué, il lance un appel à « une action immédiate et un financement suffisant pour faire face à la crise climatique
Pour le cas du Niger, il a subi de fortes inondations, causant ainsi un accident de voiture qui s’est traduit par la mort de cinquante-deux personnes. Selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies à Niamey, plus de 247 000 personnes pourraient être touchées avant la fin de la saison pluvieuse en septembre.

Une crise humanitaire

En Afrique de l’Est, par exemple, les récentes inondations catastrophiques ont provoqué une crise humanitaire. Les habitants ont été confrontés à des déplacements, à une interruption de l’enseignement et à un manque de produits de première nécessité.

Le Gouvernement Fédéral Somalien a déclaré l’état d’urgence après que des pluies torrentielles ont provoqué des inondations soudaines dans différentes parties du pays. Au cours de cette période, « plus de 113 690 personnes ont été temporairement déplacées de leur domicile » a précisé le gouvernement Somalien.

La déforestation comme facteur des inondations

Il faut noter que la perte de couverture forestière en Afrique est un problème majeur qui contribue à la crise climatique et environnementale.
D’après Greenpeace, chaque année, plus de trois millions d'hectares de forêts disparaissent, libérant ainsi du dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Cela aggrave les niveaux de gaz à effet de serre, entraînant le réchauffement de la planète, des précipitations plus intenses et une élévation du niveau de la mer, augmentant ainsi les risques d'inondations sur le continent africain.
Pour le climatologue de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste de l'Afrique Benjamin Sultanles, les pays comme la RDC, le Ghana, Madagascar, l'Éthiopie et la Côte d'Ivoire sont particulièrement vulnérables aux inondations en raison de la destruction croissante de leurs forêts. Il précise que la déforestation aggrave également les inondations en favorisant l'écoulement de surface, car la diminution des arbres et de la végétation réduit la capacité d'absorption de l'eau de pluie.

L’accroissement de la pauvreté

Par ailleurs, les inondations ravagent les cultures, causant des pertes financières pour les agriculteurs et une hausse des prix alimentaires sur les marchés. Selon une approche sur l’entrée des événements climatiques du Groupe de la Banque Mondiale, « les catastrophes naturelles condamnent encore plus à la pauvreté les populations qui les subissent de plein fouet, la réduction de la pauvreté est indissociable de la réduction du risque de catastrophe »

La Banque mondiale prolonge ses propos en précisant que, « l’impact des phénomènes climatiques extrêmes sur la pauvreté est plus lourd qu’on ne le pensait jusqu’ici : chaque année, il se chiffre à 520 milliards de dollars en pertes de consommation et plonge 26 millions de personnes dans la pauvreté »

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