La Côte d'Ivoire rend hommage à Cornélius Azaglo Augustt, précurseur de la photographie dans le pays, à l'occasion du centenaire de sa naissance (1924-2024). Le photographe de Korhogo, ville du nord de la Côte d'Ivoire, est connu pour ses portraits réalisés dans son studio ou dans les villages qu'il a parcourus, son appareil photo à la main.
À Abidjan, la famille de Cornélius Azaglo Augustt et des acteurs du monde de la culture se sont réunis à la Rotonde des Arts pour visionner le film de Dorris Haron Kasco. Également pour évoquer, 100 ans après sa naissance, l'héritage du photographe disparu.
« C'est un monument de la photographie ! » « Monument » : c'est le mot qui revient le plus pour qualifier le travail de Cornélius Azaglo Augustt. S'il a su s'imposer comme une personnalité majeure de l'histoire de la photographie ouest-africaine, c'est grâce à la quantité, mais surtout à la qualité de ses portraits en noir et blanc. L'un de ses fils, Kouamé Christian Augustt, se souvient de lui comme d'un homme passionné par son métier.
« Nous voyons la portée du travail qu'il a fait »
« C'est quelqu'un qui aimait le travail bien fait, qui aimait beaucoup son travail à lui. Il ne mettait pas l'argent en avant, il mettait plutôt le travail bien fait. À tel point qu'à un moment donné, nous, ses enfants, on se demandait ce que nous allions devenir ! Aujourd'hui, il n'est plus, et bien des années plus tard, nous voyons la portée du travail qu'il a fait, note Kouamé Christian Augustt. Nous pouvons dire merci à tous ceux qui ont pu porter cet hommage-là aujourd'hui. Ce que nous regardons, l'avenir, ce sont les 101 000 négatifs qui sont de l'autre côté, et, éventuellement, de pouvoir perpétuer l'artiste. »
Car toutes ces pellicules, minutieusement cachetées et datées, ne sont plus sur le sol ivoirien, regrette le photographe Seibou Traoré. « La mémoire de la Côte d'Ivoire, ce monsieur en détient une grande partie à travers ses pellicules et ses clichés. Mais malheureusement aujourd'hui, toute cette connaissance, toute cette photographie faite par ce monsieur, qui est l'âme de la Côte d'Ivoire, du nord de la Côte d'Ivoire, réside ailleurs qu'en Côte d'Ivoire. Parce que ces clichés, partis pour des expositions, n'ont jamais fait leur retour », déplore-t-il.
S'ils revenaient en Côte d'Ivoire, ces clichés pourraient venir enrichir les collections des musées nationaux ou servir de base à la création d'un centre d'archives photographique.
« Le travail d'Augustt Cornélius, c'est un travail tentaculaire. C'est quelqu'un qui a commencé à faire de la photo dans les années avant l'indépendance du pays et qui a continué jusqu'en 2001, ce qui lui confère des archives très importantes. Quand il y a eu l'indépendance, il a fallu procéder à un recensement et il a donc sillonné tout le village, un petit hameau du nord de la Côte d'Ivoire, pour photographier les gens en vue d'établir des pièces d'identité, explique Doris Casco, photographe et cinéaste qui a réalisé un film sur cet artiste ivoirien incontournable, au micro de Théa Ollivier.
Il a apporté beaucoup à la photographie ivoirienne, parce que quand on regarde à travers les photos d'Augustt Cornélius, on peut retracer toute l'histoire de la Côte d'Ivoire, surtout côté Nord. Les personnes comme Auguste Cornélius sont celles qui peuvent aujourd'hui être indexées comme étant des précurseurs de la photographie. Donc, il y a ce côté artistique du travail photographique auquel a contribué énormément Cornélius Azaglo Augustt. »