La protection civile centrafricaine a procédé mercredi 28 août à l'exhumation d'une centaine de corps qui étaient enterrés dans des tombes et des fosses communes au quartier Boulata dans le 3ème arrondissement de Bangui. Ces personnes ont perdu la vie au temps fort de la crise centrafricaine entre 2013 et 2016. À l'époque, les cimetières étaient difficiles d'accès à cause de l'intensité des combats. Elles ont donc été enterrées à la hâte dans la concession de l'église évangélique de ce quartier populaire.
L'exhumation de ces corps pourrait être un pas vers la justice et la cohésion sociale. Avec des pelles et des pioches, l'équipe de la protection civile creuse et retire les sacs mortuaires des tombes. En combinaisons vertes, les agents sont protégés de la tête aux pieds.
« Certains ossements se mélangent avec le sol argileux. Parfois, c'est difficile de creuser. Certains sacs mortuaires sont déchirés, laissant découvrir des corps putréfiés », explique Blaise, un des fossoyeurs.
Étape importante pour la justice
Certains habitants de Boulata sont inquiets, car la décomposition des corps peut entraîner la libération de gaz toxiques et la prolifération des bactéries dans le secteur. « Il y a les produits sanitaires pour protéger les techniciens sur le terrain et puis, après l'exhumation, il faut assainir les locaux de l'église, afin qu'il n'y ait pas, à la longue, un retour sur la population qui se trouve aux alentours », rassure Aristide Bemolinda, directeur des opérations à la protection civile.
Même si c'est difficile pour les familles d'identifier les restes de leurs proches, il s'agit d'une étape importante pour la justice. « L'exhumation des corps peut servir d'outil de réconciliation si elle est faite dans le cadre d'une enquête, qu'elle soit judiciaire ou non judiciaire. Elle permettra dans ce sens de régler des preuves, mais aussi établir un récit commun des événements, ce qui est un élément indispensable pour la construction de la mémoire collective et la restauration de l'unité nationale », précise Héritier Brilland Ndakpanga, juriste et expert en justice transitionnelle.
Les corps exhumés sont ensuite enterrés au cimetière musulman de Bangui.