Au Ghana, le régulateur de la filière cacao finance chaque année depuis 1992/1993 ses achats de fèves auprès des producteurs grâce à un prêt syndiqué. Ce processus habituel ne sera pas reconduit pour le compte de la nouvelle campagne cacaoyère qui débute le 1er septembre prochain. L'information est rapportée par Agence Ecofin.
Selon cette source, le Cocobod ne sollicitera finalement pas un prêt syndiqué pour le compte de la campagne cacaoyère 2024/2025, une démarche inédite en 32 ans. C'est ce qu'a annoncé Joseph Aidoo, son Directeur général.
En lieu et place de l'enveloppe contractée d'ordinaire auprès d'un consortium de prêteurs nationaux et internationaux, le responsable indique que l'institution opterait pour une mobilisation des fonds sur le plan domestique et réfute tout recours à un financement des négociants.
Cette hypothèse avait été relayée par Bloomberg qui évoquait alors des négociations du régulateur pour obtenir 500 millions de dollars soit auprès des multinationales en raison des discussions qui patinaient sur le montant de 1,5 milliard de dollars envisagé initialement pour être contracté auprès des banques.
« Nous ne prenons pas de fonds auprès des négociants en cacao. L'argent viendra localement. Nous allons nous autofinancer. Dans le pire des cas, nous ferons un cocktail d'autofinancement et de financement national », explique le dirigeant qui ajoute que le nouveau processus permettrait d'économiser 150 millions de dollars en intérêts versés aux prêteurs.
Alors que la campagne 2024/2025 est censée débuter le 1er septembre, cette annonce du Cocobod suscite plusieurs interrogations. Habituellement, les fonds mobilisés permettent de financer les achats d'engrais, de produits phytosanitaires et avancer des fonds pour la collecte de cacao par les compagnies d'achat agréées.
Dans un tel contexte, certains observateurs indiquent que le Cocobod pourrait puiser dans ses propres réserves pour financer une partie de ses différentes opérations. Il faut souligner qu'après 6 années consécutives dans le rouge, le régulateur a dégagé un profit de 2,3 milliards de cédis (148 millions de dollars en 2022/2023.
Globalement, les prochaines annonces du régulateur seront scrutées par les analystes du marché mondial du cacao d'autant plus que le pays vient de revoir à la baisse ses prévisions de production, ce qui est de nature à entretenir la volatilité des prix.
Désormais, les autorités anticipent 650 000 tonnes de cacao pour la nouvelle campagne 2024/2025, soit 20 % de moins que les prévisions initiales de 810 000 tonnes en raison du manque de pluies.
Au Ghana, le renvoi par le Cocobod de la livraison de 350 000 tonnes de cacao pour la prochaine campagne 2024/2025 au lieu de l'actuelle saison 2023/2024 fait planer le risque d'une perte de plus d'un milliard de dollars aux négociants.
A noter que le Ghana deuxième producteur mondial de fèves de cacao et la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial ont lancé depuis quelques années, l'Initiative pour le cacao Côte d'Ivoire Ghana,(Iccig). Avec la mise en œuvre d'un Drd visant à améliorer le revenu des producteurs.